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Dans une lettre adressée au ministre des Outre-mer, le président de l’Union calédonienne (UC), Daniel Goa, assure que « l’État n’a pas été tenu à l’écart de l’offre Sofinor-Korea Zinc », comme l’avait affirmé Sébastien Lecornu jeudi dernier. Daniel Goa ajoute que les deux candidats ont « scrupuleusement respecté l’appel d’offre international et les règles de confidentialité imposées par la Banque Rothschild ».
Alors que la mobilisation du collectif « Usine du sud = Usine pays », défendant l’offre Sofinor-Korea Zinc pour la reprise de l’usine de Vale NC, est montée d’un cran la semaine dernière, le président de l’UC, Daniel Goa, a écrit ce lundi à Sébastien Lecornu « afin de rétablir la vérité sur les conditions de vente de l’usine de Vale NC ».
« S’il y a maintenant « troubles à l’ordre public » (lors de la mobilisation la semaine passée, ndlr) c’est que l’État, pas plus que le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et la Province Sud, n’a fait preuve de la moindre volonté de débattre du sujet », justifie Daniel Goa. « Pire même : son plus haut représentant en Nouvelle-Calédonie a signifié une fin de non-recevoir à l’appel qui lui en était fait localement ». Pour rétablir sa vérité, Daniel fait un bond de quelques mois en arrière, quand Vale NC était en négociations exclusives avec l’Australien New Century Resources.
« Alors que la période d’exclusivité accordée à New Century Resources pour finaliser leur offre définitive d’achat n’est pas close, Monsieur Beurrier transgresse sans vergogne les règles de confidentialité imposées par l’appel d’offre international, fait circuler des documents censés rester secrets, et affirme à qui veut l’entendre que la proposition préliminaire de Sofinor-Korea Zinc est en fait une proposition définitive », déplore-t-il, soulignant une « violation manifeste des règles » qui a « conduit la Sofinor à solliciter une rencontre avec le Haut- Commissaire dont l’objectif est de débattre de différents sujets touchant à l’activité de l’entreprise ».
Cette rencontre, qui aurait eu lieu le 4 septembre selon Daniel Goa, aurait permis à la Sofinor de présenter « le dossier préliminaire élaboré avec Korea Zinc dans l’espoir que l’État s’engagera à faire respecter les règles de l’appel d’offre ». « Non seulement le Haut-Commissaire ne se montre pas intéressé, mais refuse purement et simplement de prendre le dossier qu’on veut lui remettre. On ne saurait être plus explicite », poursuit-il.
« Monsieur le Ministre des Outre-mer, vous avez raison d’affirmer que le gouvernement français ignorait le détail de l’offre faite par la Sofinor-Korea Zinc puisque ces candidats ont, eux, scrupuleusement respecté l’appel d’offre international et les règles de confidentialité imposées par la Banque Rothschild », insiste Daniel Goa. « Vous n’avez donc, en effet, pu prendre connaissance, que de l’offre préliminaire retenue par la Banque. Et de leur côté Sofinor-Korea Zinc n’ont pu élaborer une offre définitive puisqu’on leur a refusé la due diligence à laquelle ils avaient droit après le retrait de New Century Resources le 8 septembre 2020 ».
« Aux deux critères auxquels vous (…) dites attacher beaucoup d’importance – la préservation de l’emploi et l’impact environnemental – nous en ajoutons un troisième auquel nous, indépendantistes, nous attachons aussi beaucoup d’importance : le respect de l’intérêt général des populations kanak et plus largement calédoniennes qui tentent aujourd’hui de construire un pays débarrassé des affres et des oripeaux de la dépendance coloniale », ajoute encore Daniel Goa. Pour le président de l’UC, c’est « une des conditions (…) posées à une reprise des discussions politiques sur l’avenir institutionnel de notre pays ».
« Je ne vous demande pas, Monsieur le Ministre des Outre-mer, « d’intervenir », je demande à l’État que vous représentez, d’assumer ses responsabilités de signataire de l’Accord de Nouméa dans le processus de décolonisation en cours dans notre Pays », conclut Daniel Goa. Interrogé par la Délégation Outre-mer à l’Assemblée nationale jeudi dernier, Sébastien Lecornu a déploré que l’Etat ait été « mis à l’écart » de l’offre Sofinor. « Elle m’a été communiquée quelques heures avant la fin du délai de négociation entre Vale et les éventuels repreneurs », a-t-il affirmé, s’étonnant que personne ne lui en ait parlé pendant son récent séjour en Nouvelle-Calédonie. Le ministre avait demandé « à ce que les offres soient connues de tout le monde », afin de regarder « ce qu’elles contiennent ».