©Jacquotte Samperez / Les Nouvelles Calédoniennes
Plusieurs centaines d’entrepreneurs calédoniens ont manifesté jeudi devant le Congrès pour demander aux élus de ne pas voter le projet de loi sur la compétitivité, actuellement à l’étude par une commission parlementaire.
A l’appel du Medef et de plusieurs organisations patronales, les grandes surfaces et de nombreux commerces du centre-ville ont gardé leurs rideaux baissés pendant toute la matinée. « Le texte qu’on nous propose est dangereux. On ne veut pas d’une économie cadenassée« , a lancé Daniel Ochida, le co-président du Medef à quelque 800 manifestants selon les chiffres de la police, 1 500 selon les organisateurs. « On veut la liberté d’entreprendre, on ne veut pas d’un gouvernement qui régente tout« , a-t-il martelé.
Dans le cadre d’une vaste réforme fiscale, le gouvernement présidé par Philippe Germain a décidé d’instaurer, à compter du 1er juillet 2018, une Taxe générale à la consommation (TGC), sorte de TVA se substituant à un mille-feuille de taxes à l’importation, sur le fret aérien ou encore les nuitées hôtelières. L’exécutif souhaite que la TGC soit accompagnée d’une loi sur la compétitivité. Ce sont les dispositions, prévoyant le plafonnement des taux de marge pendant 18 mois et l’encadrement des prix en cas de dysfonctionnement de la concurrence ou de dérapage des prix des produits de première nécessité, qui ont déclenché l’ire du Medef. « Oui à la TGC, non à la loi compétitivité« , pouvait-on lire sur des pancartes.
« La TGC va redonner de la trésorerie aux entreprises qui n’auront plus à payer des taxes dès l’entrée des produits importés sur le territoire« , avait plaidé Philippe Michel, président de la province Sud et secrétaire général de Calédonie ensemble, lors d’une conférence de presse organisée mercredi. Ce parti de centre droit, auquel appartient le président du gouvernement, craint en effet que les entreprises « captent la suppression des taxes douanières par une augmentation de leurs marges » et qu’ainsi la baisse des prix visée soit annulée.
Après plus de dix ans de croissance annuelle moyenne d’environ 4%, la Nouvelle-Calédonie connaît une grave crise économique provoquée par la chute des cours du nickel et la fin des grands chantiers de construction des usines métallurgiques. Pour redresser la barre et réduire les inégalités sociales, les organisations patronales, l’intersyndicale et les principaux partis politiques ont signé, en août 2014, un « agenda partagé » définissant un vaste programme de réformes notamment fiscales.
Au nom de l’intersyndicale « Vie chère », Didier Guénant-Jeanson a lancé fin juillet un cri d’alarme. « Si nos élus calent, tout le pays y perdra« , avait-il déclaré à la radio Nouvelle-Calédonie 1ere. Dénonçant le sabotage d’une réforme essentielle pour le pouvoir d’achat, il avait prévenu qu’en cas d’échec l’intersyndicale ferait « appel à tous les Calédoniens. »
Avec AFP.