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Le député de Nouvelle-Calédonie Philippe Gomes (UDI, Calédonie Ensemble) a été mis en examen pour prise illégale d’intérêts dans un dossier concernant la construction d’une centrale électrique, a indiqué mercredi le parquet.
L’enquête avait été ouverte après la transmission au parquet le 19 novembre 2018 d’un signalement par la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP), a indiqué le procureur de la République Alexis Bouroz dans un communiqué à la presse. L’Autorité y considérait « qu’il pourrait être reproché à Philippe Gomes », député et élu du Congrès calédonien, « diverses opérations liées à sa présidence de la SAS Nouvelle-Calédonie Énergies (NCE) courant 2016 à 2018 et susceptibles de caractériser le délit de prise illégale d’intérêts ». Une information judiciaire a ainsi été ouverte le 23 novembre et confiée à deux juges d’instruction. Elle a débouché le 4 avril à la mise en examen de Philippe Gomes pour prise illégale d’intérêts, a également indiqué le parquet précisant qu’il « conteste l’infraction ».
Le 29 novembre dernier, le Conseil Constitutionnel, saisi par Philippe Gomes, avait considéré que les fonctions de président de la SAS NCE étaient « incompatibles avec l’exercice d’un mandat de député », en vertu de l’article LO 151-2 du code électoral. Le parlementaire avait démissionné de son poste à NCE. Un de ses proches avait été nommé à sa suite. La SAS NCE est l’entité porteuse du projet de construction d’une nouvelle centrale électrique au gaz à Nouméa d’un montant d’environ 70 milliards CFP (580 millions euros), qui doit voir le jour d’ici 5 ans et assurer la production électrique de l’usine historique de la SLN.
« J’ai défendu « l’intérêt général » du pays »
Selon des sources proches du dossier, Philippe Gomes avait dès l’origine été mis en garde par un conseiller technique sur l’incompatibilité de sa fonction à la tête de NCE avec son mandat de parlementaire, mais il n’en avait pas tenu compte et s’était séparé de ce collaborateur. Cette mise en examen intervient alors que des élections provinciales ont lieu dans moins d’un mois en Nouvelle-Calédonie, le 12 mai, et que le parti Calédonie Ensemble, dirigé par Philippe Gomes, est par ailleurs visé par une enquête sur des soupçons d’emplois fictifs, qui a donné lieu récemment à plusieurs auditions et gardes à vue.
Ténor de la droite loyaliste en Nouvelle-Calédonie, Philippe Gomes a déjà été poursuivi pour prise d’illégale d’intérêt et a été relaxé en appel en 2012. « J’ai défendu « l’intérêt général » du pays et de la SLN », s’est défendu le principal intéressé dans une longue publication postée sur Facebook. « Je n’y ai siégé qu’en tant que représentant de la Nouvelle-Calédonie, pour garantir la réalisation de la centrale pays, indispensable au sauvetage de la SLN. Je n’ai jamais détenu aucune part à titre personnel dans cette société dont les actionnaires sont un Établissement Public (l’Agence Calédonienne de l’Energie), Enercal et la SLN », poursuit-il, assurant ne pas avoir perçu « la moindre rémunération, ni bénéficier du moindre avantage » alors qu’il était président de NCE. « Je ne suis donc coupable d’aucune prise illégale d’intérêts », insiste Philippe Gomes.
Avec AFP.