©Fred Dufour / AFP
Pour faire écho à la proposition de loi déposée par Calédonie Ensemble et qui prévoit l’interdiction de mise sur le marché de divers produits en matières plastiques, dont les sacs plastiques et un certain nombre de produits en plastique à usage unique (PPUU), la collectivité lance des actions pour accompagner les Calédoniens à adopter de nouveaux comportements. Un sujet de nos partenaires La Dépêche de Nouvelle-Calédonie.
Pour la semaine européenne de réduction des déchets, la province Sud a choisi de mettre l’accent sur les alternatives aux plastiques jetables. Une manière d’anticiper la proposition de loi du pays déposée par Calédonie Ensemble et de préparer la transition pour les Calédoniens puisqu’on imagine mal qu’une telle loi dans l’air du temps ne soit pas adoptée par les élus du Congrès en 2019. Pour y voir plus clair, la province organise toute la semaine des actions et des ateliers à destination du grand public, mais aussi des professionnels.
Que prévoit le texte ?
La loi du pays vise quatre types de produits. Elle prévoit tout d’abord d’interdire tout simplement les sacs en plastique à usage unique distribués en caisse des magasins, les fameux pochons, à partir du 1ermai 2019, « sans substitution possible », précise Nina Julié, élue en charge de l’environnement à la province Sud. Pour les sacs plastique distribués dans les rayons boucherie, fruits et légumes, fromagerie, la loi prévoit de les remplacer par des sacs en plastique dit « biosourcés » ou « recyclables », comprenez composés en partie de matière recyclable. Pour ce qui est des sacs plastique réutilisables, les sacs dit « cabas », ils seront interdits et remplacer par des sacs recyclables et en partie composés de matière recyclée ou par des sacs cabas « biosourcés ».
Enfin, derniers produits visés par la loi, ceux qui concernent la vaisselle jetable en plastique dont les couverts, assiettes, gobelets, tasses, touillettes, pailles et les fameuses barquettes très utilisées en Nouvelle-Calédonie, notamment par les services de gamelles. « Ce sont de produits très polluants à la fabrication, mais aussi à l’usage puisqu’ils sont rejetés dans le milieu et ne se dégradent jamais complètement. On considère aujourd’hui qu’ils pourraient avoir un plus grand impact sur la disparition des espèces que le réchauffement climatique », précise Nina Julié. « Ils sont fabriqués en 1 seconde, servent en moyenne 20 minutes et mettent plus de 400 ans à se dégrader ». Et les chiffres que l’élue avance sont colossaux. On utiliserait en Nouvelle-Calédonie « 60 millions de sacs plastiques par an, soit 215 sacs par an et par habitants dont un tiers de sacs de caisse et deux tiers d’emballages en rayon ». On utiliserait aussi 5 tonnes de pailles par an, 400 tonnes de vaisselles jetables et 40 millions de barquettes jetables chaque année.
Un showroom demain à la province Sud
Si la plupart des Calédoniens sont conscients des enjeux, il faut désormais accompagner le changement et proposer des solutions alternatives, notamment pour les entreprises. Et c’est auprès des consommateurs mais aussi des commerçants que la province Sud, mais aussi la Chambre d’Agriculture, les associations environnementales, ont choisi d’agir en proposant des stands de sensibilisation et des alternatives au plastique. Mercredi 21, de 9 heures à 17 heures, la province Sud organise un showroom pour valoriser les expériences locales en accueillant une dizaine d’exposants dans ses locaux. Le public est invité à découvrir les produits alternatifs au plastique, mais aussi à s’initier à de nouvelles pratiques visant même le « zéro déchet ».
Mais la province souhaite aller encore plus loin en impliquant l’ensemble des acteurs, collectivités, institutions, entreprises et associations. Pour cela, elle organise deux conférences. La première, demain, mercredi 21, sur les « enjeux et alternatives aux produits plastiques à usage unique », de 13 heures à 17 heures en session plénière à l’Hôtel de la province Sud, la deuxième, jeudi 22 de 13h30 à 17 heures, sur la « mise en œuvre des alternatives aux produits plastiques à usage unique » pour définir les actions, les acteurs et les leviers pour la mise en œuvre locale concrète et rapide des alternatives aux PPUU.
Un appel à projet pour réduire les déchets plastiques
Dans le cadre de sa politique en matière de prévention et de gestion des déchets, la province Sud et l’ADEME lancent un appel à projets pour « accompagner le changement des comportements et favoriser l’émergence de solutions alternatives au plastique à usage unique ». Un appel à projets qui vise à soutenir financièrement des premières opérations « exemplaires, reproductibles et pérennes mais doit également permettre de faciliter le partage de bonnes pratiques ». 30 millions seront consacrés à cet appel à projet autour de 3 axes, la réduction des plastiques à usage unique dans les commerces, des plastiques dans le cadre des services de gamelles et traiteurs, et enfin La réduction des plastiques à usage unique dans la production. La diffusion du dossier se fera le 1er décembre sur les sites internet de la province Sud et de l’Ademe pour une date limite de dépôt des dossiers fixée au 15 janvier 2019. « Notre rôle est d’impulser un changement, mais aussi et surtout d’accompagner au mieux tous les acteurs », insiste Nina Julié.