Emmanuel Macron avait annoncé le déploiement de la PSQ en Nouvelle-Calédonie alors qu’il visitait le quartier de Montravel à Nouméa ©Bestimage
Le dispositif annoncé lors de la visite du président Macron se déploie sur soixante quartiers de reconquête républicaine jusqu’à la fin du quinquennat. En Nouvelle-Calédonie, c’est le secteur de Pierre-Lenquette, Montravel et Tindu, qui bénéficie depuis le 1er septembre de 15 policiers supplémentaires pour lancer cette nouvelle police. Un sujet de nos partenaires de La Dépêche de Nouvelle-Calédonie.
Après les annonces, le temps de l’action. Avec la Police de sécurité du quotidien (PSQ), le gouvernement Macron s’est engagé dans une évolution des missions de la police et de la gendarmerie pour répondre à la priorité des Français : « la sécurité ». Avec une augmentation des faits de délinquance, la Nouvelle-Calédonie, et particulièrement Nouméa, expérimente ce nouveau dispositif. Le Président de la République Emmanuel Macron en personne l’avait annoncé lors de sa venue sur le Caillou et de sa visite du quartier de Montravel, avec notamment la promesse d’une augmentation du nombre net d’agents.
15 policiers supplémentaires à Montravel
Et en cette rentrée scolaire hexagonale, huit quartiers ont déjà bénéficié de cette nouvelle force de police. Pour l’heure, 300 nouveaux postes de fonctionnaires vont être affectés à quinze quartiers de reconquête républicaine (QRR) d’ici à décembre, et une deuxième vague identique devrait concerner quinze autres sites avant juin 2019. Ainsi, trente nouveaux policiers dédiés ont été déployés dans le quartier du Mirail à Toulouse, le même nombre dans la métropole lilloise, dans le huitième arrondissement lyonnais et dans la cité des Tarterêts de Corbeil-Essonnes. Quinze autres ont été affectés à la fois à Bordeaux et à Nouméa, depuis le 1er septembre, vingt et un et dix respectivement attribués à Montpellier et à Pau.
Mais plus que des renforts, c’est une nouvelle forme de police que souhaite l’État, basée sur le déploiement d’agents de proximité. « Un dispositif complémentaire de la stratégie territoriale de lutte contre la délinquance du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, et construit autour de deux grands principes, renforcer la présence de la police sur la voie publique et approfondir le partenariat avec les acteurs locaux et le contact direct avec la population », précise le Haut-commissariat. Les 15 policiers affectés au groupe de sécurité de proximité (GSP) sont dédiés à la lutte contre l’insécurité du quotidien (cambriolages de logements et de locaux d’activité professionnelle, délinquance juvénile, violences intrafamiliales, etc.). Nouveauté, « les membres de cette unité travailleront exclusivement dans le quartier de Pierre-Lenquette-Tindu- Montravel et ne pourront être détournés de leur secteur qu’en cas d’urgence absolue », tient à préciser le haut-commissaire.
Nouveaux équipements, nouvelles méthodes
Pour mener à bien leur mission, le groupe de sécurité de proximité, comme on l’appelle désormais, sera équipé de nouveaux outils et devra tisser de nouveaux partenariats pour être plus efficace, c’est en tout cas le souhait du ministère de l’Intérieur. Ainsi, les caméras-piétons font leur apparition en Nouvelle-Calédonie. Il s’agit d’une mini caméra attachée à la poitrine ou à l’épaule des agents qui permet d’enregistrer les scènes de crime ou les interactions avec le public. « La caméra-piéton est un dispositif qui contribue à améliorer le lien police-population et à sécuriser les conditions d’intervention des forces de l’ordre », explique le haut-commissariat qui annonce que le commissariat de Pierre-Lenquette bénéficiera d’une première dotation de six caméras-piétons, qui seront livrées d’ici la fin de l’année 2018.
Mais c’est surtout dans les partenariats avec les acteurs privés de la sécurité que cette nouvelle police de proximité veut puiser ces renseignements et augmenter son efficacité, notamment sur le secteur de Ducos, poumon économique de la capitale en proie à de nombreux cambriolages (35 % des cambriolages de locaux d’activité professionnelle en zone police). « L’élaboration d’une convention locale de coopération de sécurité entre l’État, la mairie, les donneurs d’ordre et les entreprises prestataires permettra de favoriser et de développer des actions de coopération opérationnelle », précise le haut-commissariat. « Les sociétés de sécurité privée seront incitées à solliciter, auprès du haut-commissaire, le bénéfice de l’article L.613-1 du code de la sécurité intérieure, leur permettant d’intervenir sur la voie publique ».
Une nouvelle méthode qui doit densifier l’occupation de la voie publique à travers une présence visible dissuasive. Mais ce n’est pas tout. La police nationale crée un second poste de référent sûreté dédié au secteur de Ducos qui doit également permettre de démultiplier le potentiel de visite auprès des victimes de cambriolages. « Une ressource supplémentaire qui permettra également d’agir plus précocement, en faisant la promotion des dispositifs de prévention auprès de l’ensemble des commerçants », explique-t-on du côté de l’État.
Plus proche de la population
Dans le cadre de la mise en œuvre de la police de sécurité du quotidien, deux postes de délégués à la cohésion police-population ont été créés au sein du quartier de reconquête républicaine. « Ils sont en poste depuis début juillet et sont chargés de renforcer le lien entre la population, les acteurs de terrain et les services de police, à travers la participation à des réunions de quartier, pour expliquer les missions de la police et recueillir les attentes de la population », détaille le Haut-commissaire Thierry Lataste. Contacts permanents avec les 3 bailleurs sociaux présents sur le secteur, avec les commerçants et les représentants associatifs, gestion des conflits de voisinage, en lien avec les unités spécialisées de terrain, participation aux instances de pilotage et de suivi en matière de prévention de la délinquance font partie de leur mission au quotidien.
Et pour évaluer l’efficacité de ce nouveau dispositif, des évaluations qualitatives trimestrielles seront réalisées à travers l’exploitation d’une « enquête d’opinion » élaborée localement et diffusée à l’attention des partenaires et de la population, auprès des différents points de contact dans le quartier (bureau de police, mairie, guichets de bailleurs sociaux, permanences des associations de quartier, etc.). « Il s’agira notamment de recueillir la perception de la population et de s’assurer de la bonne prise en compte des problématiques de sécurité identifiées », annonce le haut-commissaire.