©Thierry Perron / LNC
Ce jeudi 24 novembre, le Congrès de la Nouvelle-Calédonie a voté à l’unanimité une loi de Pays protégeant l’emploi local dans la Fonction publique territoriale. Le projet a tout de même été amendé par les élus indépendantistes. Explications.
En 2010, un projet de loi de protection de l’emploi local dans le privé avait été adopté. Celui proposé hier au Congrès calédonien allait dans le même sens et en reprenait les grandes lignes. Si l’on s’attendait à un vote unanime de la part des élus calédoniens, tous bords politiques confondus, le projet a tout de même été amendé, notamment par les élus indépendantistes. Quoiqu’il en soit, la règle de base est qu’il y ait une préférence accordée aux citoyens et aux personnes justifiant de dix ans de résidence, avec des atténuations pour les secteurs où le recrutement est difficile : trois ou cinq ans de résidence, voire aucune condition quand il y a carence sur le marché de l’emploi local, précisent Les Nouvelles Calédoniennes.
Les amendements des groupes indépendantistes
Sur cette base, les deux groupes indépendantistes au Congrès calédoniens ont apporté plusieurs amendements ayant requis une suspension de séance afin de réunir les élus et trouver un compromis. Parmi les amendements déposés, les indépendantistes proposaient d’une part, la « suppression des paliers de trois et cinq ans pour les non-citoyens », retenant uniquement le critère de dix ans de résidence même en cas de recrutement difficile, et d’autre part, « l’emploi temporaire d’une personne venue de l’extérieur jusqu’à ce qu’un Calédonien étudiant atteigne les qualifications requises », en cas de carence sur le marché de l’emploi local. Selon les indépendantistes, la loi de protection de l’emploi local dans le privé serait « une passoire » à ne pas transposer dans la fonction publique calédonienne.
Accord sur l’évolution des quotas selon le marché de l’emploi
Au terme des négociations, les élus calédoniens ont convenu que « le quota de postes de catégorie A (le grade le plus élevé) réservé aux locaux serait porté de 50 à 60 %, celui des catégories B (intermédiaire) de 70 à 80 % ». De son côté, Louis Kotra Uregei, membre du Parti travailliste et du groupe UC-FLNKS (indépendantiste), a suggéré que « la porte soit totalement fermée aux non-citoyens et à ceux qui n’ont pas dix ans de résidence » pour les fonctionnaires de catégorie C (les moins diplômés). Mais la Constitution oblige au moins une place ouverte dans cette catégorie pour les non-résidents. Les élus calédoniens sont également tombés d’accord sur une évolution de ces quotas « en fonction de l’élévation du niveau de qualification des jeunes Calédoniens ». On recense 3 000 étudiants à l’Université de la Nouvelle-Calédonie, et 2 500 en Métropole.
Chaque année, lorsque les concours administratifs seront organisés, les statistiques des trois années précédentes seront prises en compte. Philippe Gomes, membre du parti Calédonie Ensemble, a proposé une évaluation régulière du nombre d’étudiants susceptibles d’être candidats à ces concours.
Le statut des conjoints ne rassemble pas
L’autre point sensible était le statut des conjoints. « Dans le projet, les conjoints de citoyens ou de personnes justifiant de dix ans de résidence bénéficient des mêmes droits à l’emploi », explique-t-on. Pour les non-indépendantistes, ce volet répond au fait que les étudiants calédoniens partant faire leurs études reviennent souvent avec un ou une conjoint(e), « qui doit pouvoir s’insérer dans la société ». Si les indépendantistes sont contre cette disposition, celle-ci a tout de même été adoptée à 28 voix contre 25. Le reste du projet de loi a été voté à l’unanimité.
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