Nouveaux barrages routiers à Mayotte, menaces de durcir le mouvement lundi

Nouveaux barrages routiers à Mayotte, menaces de durcir le mouvement lundi

©Cyril Castelliti / Mayotte Hebdo

Des barrages routiers ont de nouveau été érigés jeudi à Mayotte, au lendemain de la manifestation contre l’insécurité qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes à Mamoudzou (chef-lieu de l’île) et les manifestants prévoient de durcir leur mouvement lundi. Sur RMC, Annick Girardin à confirmé l’envoi de « 200 personnes » supplémentaires. 

La gendarmerie a dénombré, en milieu d’après-midi, neuf points de blocage. L’intersyndicale à l’origine du mouvement de contestation qui paralyse l’île depuis plus de deux semaines a promis d’amplifier « la pression » et par conséquent « les barrages sur, au minimum, 4 sites ». Les barrages devraient être maintenus jusqu’à vendredi soir, puis levés durant le week-end afin de permettre le ravitaillement des magasins, a expliqué Foumo Silahi, l’un des porte-parole du mouvement. Les manifestants prévoient « l’encerclement de Mamoudzou » dès lundi.

Parallèlement aux barrages de la population, des barrages « sauvages », érigés par des jeunes parfois violents, à Koungou (nord) et à Tsoundzou (sud), ont été constatés jeudi par les gendarmes, qui les ont délogés. Conséquence des barrages routiers jeudi, le service des consultations externes du Centre hospitalier de Mayotte a été fermé « par manque de personnels », selon le service communication de l’hôpital. Par ailleurs, la collecte des ordures ménagères est « non assurée dans la plupart des communes de Mayotte » en raison de la grève générale, a indiqué le syndicat intercommunal de collecte des déchets.

200 gendarmes supplémentaires déployés

Lors des questions au gouvernement jeudi au Sénat, le Premier ministre Edouard Philippe a assuré que les écoles seraient sécurisées pour « la rentrée » lundi prochain. « Toutes les dispositions ont été mis en œuvre pour faire en sorte qu’aucun élève, qu’aucun enseignant ni aucun agents ne soient menacés », a-t-il dit. « Trois escadrons de gendarmes mobiles sont en cours de déploiement, ainsi que des agents de sécurité et des médiateurs de l’Education nationale », a-t-il ajouté. « 200 personnes de plus seront déployées, soit 1 000 en tout (…) Un patrouilleur vient d’arriver dans le port de Mayotte », a confirmé la Ministre des Outre-mer Annick Girardin, ce vendredi 9 mars sur RMC. Les organisations patronales de Mayotte ont, de leur côté, demandé la venue du Premier ministre sur l’île.

Dans un communiqué le député LR de Mayotte Mansour Kamardine dénonce dans ces renforts des forces de l’ordre, pourtant réclamés par la population pour assurer la sécurité de l’île, « l’envoi de la force publique contre les manifestants pacifiques ». « Le Gouvernement cherche le chaos. C’est une attitude irresponsable », affirme-t-il. La Ministre des Outre-mer a confirmé sa venue sur l’île ce lundi, « si le dialogue est possible sur le territoire ». « Sur les 150 millions d’euros [que j’avais annoncé] pour faire une politique de la petite enfance à Mayotte, on en a versé 36 millions : aujourd’hui, il n’y a aucun projet qui sort de terre », a-t-elle également regretté. Devant le Sénat, le Premier ministre avait également pointé du doigt la problématique démographique à Mayotte, et le flux migratoire important venant des Comores. « 45% de la population est étrangère à Mayotte, je ne sais pas si les gens se rendent compte de ce que ça veut dire : il faut qu’on puisse être à la hauteur de cette lutte contre l’immigration », a déclaré Annick Girardin.

Mayotte est secouée depuis plus de deux semaines par un mouvement de contestation populaire, avec manifestations et barrages routiers, pour protester contre l’insécurité, notamment aux abord des établissements scolaires où plusieurs actes de violences ont entraîné la colère d’enseignants et de chauffeurs de bus, qui ont fait valoir leur droit de retrait.

Avec AFP.