« Nous mettons beaucoup de moyens pour répondre à cette égalité », Edouard Fritch [Exclu]

« Nous mettons beaucoup de moyens pour répondre à cette égalité », Edouard Fritch [Exclu]

©Tenahe Faatau / Outremers360

Troisième journée de mission à Paris pour le Président de la Polynésie française Edouard Fritch. Aujourd’hui, une rencontre a été organisée entre le chef du gouvernement polynésien et Ericka Bareigts, Secrétaire d’Etat à l’Egalité réelle, autour du projet de loi éponyme. Celui-ci doit être présenté en Conseil des ministres en juillet et à l’Assemblée nationale à la rentrée 2016. Outremers360 les a rencontrés à l’issue de cette réunion. Interview.

L’Egalité réelle pour les Collectivités d’outre-mer comme la Polynésie française, comment cela se traduit concrètement ?

Ericka Bareigts : D’abord des rencontres avec les autorités polynésiennes ; le Président Edouard Fritch et le gouvernement. Ensuite une discussion, un balayage des problèmes que le Territoire rencontre pour avoir une vraie vision des choses, une vision globale. Lors de cette réunion, nous avons abordé beaucoup de sujets importants: transport, coût de la vie, éducation. Et enfin une réflexion que nous partageons pour être dans une démarche commune, dans le projet de loi sur l’Egalité réelle en Outre-mer. On avancera surtout avec des démarches constructives, sur des bases contractuelles d’accords entre le gouvernement polynésien et le gouvernement français. C’est une démarche concrète, pas à pas, pour que ce qui sera construit soit bien construit. L’intérêt de tous c’est que la population polynésienne puisse bénéficier de l’engagement du gouvernement français auprès du gouvernement polynésien.

©Tenahe Faatau / Outremers360

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Que retenez-vous de cette réunion avec Madame la Secrétaire d’Etat à l’Egalité réelle ?

Edouard Fritch : Je retiens sa volonté de s’investir dans ce sujet sensible. Le problème de l’égalité est important en particulier dans les Outre-mer et même ici en Métropole: on retrouve dans des régions perdues cette idée de vouloir être traité de la même façon, de pouvoir bénéficier des mêmes moyens. C’est un sujet qui est vaste et en Polynésie française nous en sommes confrontés, c’est pour cela que nous avons souhaité rencontrer Mme Bareigts, et sommes sensibles à ce sujet. Nous mettons beaucoup de moyens aujourd’hui pour répondre à cette égalité, qui est un souci permanent de nos concitoyens. Je voulais essentiellement lui parler de la Polynésie française, de l’action du gouvernement polynésien pour lutter contre ces problèmes d’inégalités que nous avions commencé à prendre en main, il y a plusieurs années avec le statut d’autonomie, puisque nous disposions directement des moyens pour faire face. Aujourd’hui, l’attente est de savoir dans quelle mesure l’Etat peut nous accompagner dans les efforts que fait le Pays pour se battre contre cette inégalité, criante suivant que l’on soit dans l’archipel des Tuamotu, ou des Marquises.

Le Président de la Polynésie française Edouard Fritch, était accompagné, entre autre, de deux des trois députés polynésiens, Maina Sage et Jean-Paul Tuaiva et de la ministre polynésienne de la Santé, Tea Frogier ©Tenahe Faatau / Outremers360

Le Président de la Polynésie française Edouard Fritch, était accompagné, entre autre, de deux des trois députés polynésiens, Maina Sage et Jean-Paul Tuaiva et de la ministre polynésienne de l’Education, Nicole Sanquer ©Tenahe Faatau / Outremers360

Quelles mesures concrètes attendez-vous de ce projet de loi ?

Je lui ai parlé des fonds spéciaux que le Pays a mis en place pour retenir nos populations dans les îles. Par exemple: dans une île, les jeunes n’y resteront pas s’il n’y a pas d’activités économiques, s’ils n’y gagnent pas leurs vies. Ils n’y trouveront aucun intérêt d’y rester, ils viendront à Papeete. Donc, le Pays fait des efforts pour stimuler l’entrepreneuriat à Papeete et nous faisons des efforts pour maintenir la coprahculture (principale activité économique de l’archipel des Tuamotu, ndlr), qui coûte aujourd’hui un peu moins de 2 milliards de francs pacifiques (environ 16 millions d’euros), pour des besoins économiques et pour que les populations des îles puissent accéder à une rémunération. En Polynésie, nous n’avons pas de caisse de chômage parce que nous partons du principe que l’on doit travailler pour gagner notre argent, mais cela demande de l’organisation, des efforts financiers importants. La question est, comment l’Etat peut nous accompagner dans cette politique économique ? je pense que c’est l’essence même de cette loi en préparation.

Ce soir, le Président de la Polynésie française rencontrera la Ministre des Outre-mer George Pau-Langevin, notamment autour des Accords de Papeete, annoncés par François Hollande lors de sa dernière visite sur le Territoire. Demain, Edouard Fritch se rendra au Quai d’Orsay où il déblaiera la problématique des visas étrangers avec Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères.