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Le gouvernement français va accroître ses aides financières au profit de l’éducation polynésienne, a indiqué la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem dimanche à Papeete (lundi heure de Paris), au terme de trois jours de visite en Polynésie française.
La ministre a ainsi annoncé le cofinancement par l’Etat de trois internats (deux à Tahiti et un dans l’archipel des Marquises), pour un total de 5,5 millions d’euros, soit 656 millions de francs pacifique. La ministre de l’Education a aussi augmenté de 10% la participation de l’Etat aux transports scolaires polynésiens pour la porter à 2,9 millions d’euros. Le Président de la Polynésie française Edouard Fritch a rappelé que cette aide avait « fortement diminué » les années précédentes, et ne représentait désormais qu’un tiers des dépenses engagées par la Polynésie, taclant par la même occasion l’ancien chef de l’Etat: « grâce à ce soutien, vous venez de rétablir ce que le gouvernement Sarkozy avait supprimé ».
La dispersion des 118 îles polynésiennes sur une surface équivalente à celle de l’Europe engendre des coûts de transports importants et contraint les élèves issus des petites îles à devenir internes dès le collège. Lors de sa dernière mission à Paris dans le cadre des Accords de Papeete, Edouard Fritch soulignait les nombreuses difficultés engendrées par l’éclatement des îles polynésiennes: coûts des transports, manque d’établissements scolaires dans les îles et manque de moyens humains (professeurs, instituteurs), déracinement des élèves dès le plus jeune âge.
Najat Vallaud-Belkacem a aussi promis à l’Université de la Polynésie Française (UPF) une augmentation de 500.000 euros de sa dotation globale annuelle. « Cette université ouvrira des préparations aux grandes écoles d’ingénieurs, aux IEP (instituts d’études politiques) et aux écoles de journalisme, pour permettre aux étudiants polynésiens de rester le plus longtemps possible dans leur île », a précisé la ministre de l’Education. La principale dépense de l’Etat au profit de l’éducation polynésienne reste la mise à disposition de 5.000 fonctionnaires. En 2015, la France a alloué 625 millions d’euros à la Polynésie française pour l’éducation.
Le décrochage scolaire et l’illettrisme (37% des jeunes adultes) restent bien plus élevés en Polynésie que dans l’Hexagone. Le premier bachelier de cette collectivité d’Outre-mer n’a obtenu son diplôme qu’en 1965. Cinquante plus tard, en 2015, ils étaient 2.630. Najat Vallaud-Belkacem a soutenu que sa réforme de l’éducation pouvait favoriser l’enseignement des langues polynésiennes: « On peut choisir le tahitien en langue vivante 2 dès la cinquième, et on peut aussi l’étudier dans des disciplines non linguistiques, par exemple les mathématiques enseignées en langue tahitienne », a-t-elle déclaré. Certains dossiers présentés à Najat Vallaud-Belkacem lors de sa visite, comme les difficultés du transport scolaire, seront aussi soumis à Ericka Bareigts: la ministre des Outre-mer est attendue à Papeete début décembre.
Dans son discours prononcé samedi soir à la Présidence de la Polynésie française, Edouard Fritch a longuement mentionné le rôle des missionnaires dans les prémices du système éducatif polynésien. « En 1805, le révérend Davies, de la London Missionary Society, compose un alphabet tahitien, un vocabulaire tahitien-anglais et fixe quelques éléments de grammaire. Cinq ans après, en 1810, il ouvre la première école à Moorea. Et c’est tout naturellement qu’apparaissent en 1818 des abécédaires ainsi que des livres pour débutants, en anglais. Dans ce travail de codification de la langue, de traduction des Saintes écritures, il s’agissait pour les missionnaires anglais de continuer leur œuvre de conversion, de christianisation, sans oublier, pour autant, l’enseignement d’autres disciplines ».
Najat Vallaud-Belkacem doit s’envoler lundi matin (lundi soir à Paris) pour trois jours de déplacement en Nouvelle-Calédonie où il sera notamment question des langues Kanak et du financement du projet éducatif calédonien voté par le Congrès début 2016.
Avec AFP.
L’éducation, une compétence polynésienne
Point d’orgue de cette visite, la ministre de l’Education nationale et le Président de la Polynésie française ont signé la convention décennale relative à l’éducation entre la Polynésie française et l’Etat, samedi soir à Papeete. Cette convention « d’objectifs » fait suite à celle signée en 2007 qui était une « conventions de moyens ». Par cette signature, la Polynésie française et l’État (ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche (MENESR) déterminent leurs modalités de collaboration au fonctionnement du système éducatif de la Polynésie française et à son développement, précise TNTV. L’État et la Polynésie française se fixent pour objectif commun de donner à l’éducation des perspectives et des moyens pour progresser dans la formation des élèves. La coopération s’attachera à promouvoir la coordination de l’action de chaque Partie dans le respect de ses compétences. Selon la loi organique de 2004, la Polynésie française est compétente sur l’organisation et le fonctionnement de l’enseignement scolaire du premier et second degré et de l’enseignement supérieur (Lycées).