Mayotte a été bloquée pendant près de deux mois ©Ornella Lamberti / AFP
L’intersyndicale et le collectif de citoyens de Mayotte, à l’origine du mouvement social qui a paralysé l’île pendant plusieurs semaines, ont demandé à être reçus jeudi par Matignon, en même temps que la délégation d’élus mahorais conviée pour un bilan d’étape.
Réunis mercredi lors d’un point-presse au siège de la CGT à Montreuil, des représentants de l’intersyndicale et du collectif ont déploré n’avoir pas été conviés à la réunion organisée jeudi matin à Matignon avec le Premier ministre Edouard Philippe pour faire le point sur les discussions engagées par le nouveau préfet de Mayotte, à la suite du mouvement social. Cette réunion doit « dégager un certain nombre de mesures qui vont permettre d’améliorer la vie quotidienne des Mahorais », avait annoncé jeudi dernier le préfet de Mayotte Dominique Sorain.
Cette réunion avait été prévue depuis la nomination de ce dernier au poste de Préfet de Mayotte et délégué du gouvernement. Avec une équipe interministérielle, Dominique Sorain doit présenter un plan de mesures économiques et sociales pour « le développement et le redressement » de Mayotte, dans un délai d’un mois à compter de sa nomination. La réunion qui aura lieu ce matin à Matignon est un point d’étape. Quelques jours après son arrivée à Mayotte, Dominique Sorain avait annoncé des « mesures d’application immédiate » pour trouver une issue au conflit et obtenir la levée des barrages qui s’est faite progressive.
« On demande à faire partie de la délégation » qui sera reçue, a expliqué Salim Nahouda, de la CGT Mayotte. « Ce n’est pas en excluant les organisations syndicales et le collectif qu’on va faire avancer Mayotte », a-t-il regretté, estimant que « les élus vont se soumettre aux décisions prises par l’Etat ». Il a dénoncé « la manière de procéder du nouveau préfet de Mayotte et de la délégation interministérielle », qui ont voulu « diviser les acteurs du mouvement social », selon lui, en consultant séparément les différents acteurs du mouvement.
Il a rappelé que le collectif et l’intersyndicale avaient rédigé « une plateforme revendicative de 101 mesures ». « Les élus ont un autre document dont nous n’avons pas connaissance », a-t-il dénoncé. « Nous ne savons pas ce qui sera reconstitué demain (ce jeudi, ndlr), sur la base de quel document », a-t-il poursuivi, affirmant qu' »aujourd’hui, il n’y a pas de mesures concrètes » mises en place à Mayotte, pour améliorer la situation. « Nous avons peur et nous ne sommes pas rassurés de ce qui va sortir », a insisté Salim Nahouda.
« On veut être écoutés, entendus et pris en considération », a dit de son côté Rafza Youssouf Ali, de la Confédération syndicale des familles. Pour Balahachi Ousseni, de la CFDT Mayotte, « les élus ne veulent pas nous convier pour qu’on puisse travailler main dans la main. Notre venue c’est pour demander la considération syndicale à l’origine du mouvement », poursuit-il. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a indiqué avoir lui-même demandé au directeur de cabinet de Matignon que le Premier ministre convie aussi le collectif et l’intersyndicale.
Avec AFP.