Lutte contre les discriminations anti-LGBT Outre-mer: Un rapport « pionnier » à « portée historique »

Lutte contre les discriminations anti-LGBT Outre-mer: Un rapport « pionnier » à « portée historique »

Ce mardi matin à l’Assemblée nationale, la Délégation aux Outre-mer a procédé à l’examen du rapport sur la lutte contre les discriminations anti-LGBT en Outre-mer, mené par les députés Raphael Gérard (Charente-Maritime, LREM), Laurence Vanceunebrock-Mialon (Allier, LREM) et Gabriel Serville (GDR, Guyane). Qualifié de « pionnier en la matière » et de « portée historique », ce rapport sera la « première partie d’un grand livre sur les discriminations » en Outre-mer. 

La discrimination anti-LGBT en Outre-mer est « plus marquée que dans le reste du territoire national », a constaté Raphael Gérard, lors de cet examen par la Délégation aux Outre-mer. Après avoir mené une enquête sur le terrain, en Guadeloupe notamment, le député de Charente-Maritime note une « loi du silence » à « briser », et un « manque d’ambition de la part de l’Etat dans le domaine ». En raison des « spécificités culturelles », Raphael Gérard regrette « un état des lieux difficile » malgré des sources associatives, institutionnelles et officielles importantes, qui ont pu aider à la rédaction de ce rapport de près de 80 pages.

Laurence Vanceunebrock-Mialon dresse le même constat. Il est « plus difficile de vivre son homosexualité ou sa transexualité en Outre-mer, en raison des spécificités culturelles » : la colonisation, l’évangélisation ou encore, le « poids de l’inter-connaissance, de l’insularité et de la rumeur ». « Tout le monde se connait » dit-elle, et la « honte du regard des gens » joue en faveur de la fameuse « loi du silence ». Comme un effet inverse, les décolonisations ont eu pour issue un rejet d’une pratique qui serait venue des anciens colonisateurs, alors même que dans certains Outre-mer comme la Polynésie, les transexualités font aussi partie de l’identité culturelle (« raerae », « mahu »). Les rapporteurs ont également constaté des disparités selon les Outre-mer: à La Réunion, les luttes LGBT sont plus avancées au contraire de Wallis et Futuna, par exemple, où « l’insularité dans l’insularité » renforce un combat à la peine.

« Quelle suite donner à ce rapport ? » s’est interrogé Gabriel Serville. « Comment faire pour que les préconisations et recommandations soient prises en considération ? (…) Comment faire pour éviter de stigmatiser davantage ? » et surtout, « comment la représentation nationale pourrait s’emparer de la suite du rapport ? ». Outre un « constat cruel », ce rapport dresse des recommandations: 29 plus précisément, réparties sur plusieurs thématiques. Parmi elles: mieux documenter les LGBT phobies en Outre-mer et renforcer les actions de sensibilisation contre celles-ci, renforcer la prévention en milieu scolaire, mieux former les agents et fonctionnaires ultramarins, sensibiliser le grand public, renforcer le tissu associatif local ou encore, libérer la parole.

Gabriel Serville a également préconisé la « possibilité de faire intervenir des artistes » alors que Maud Petit (LREM, Val-de-Marne) plaide pour « une médiation non-violente en milieu scolaire ». Il faut « redonner son rôle à l’éducation nationale » et « s’attacher à éduquer la génération qui est en train de grandir », ajoute Laurence Vanceunebrock-Mialon. En conclusion, le rapport a été adopté « à l’unanimité » par les quelques députés présents: Olivier Serva, les trois rapporteurs, Maud Petit et Josette Manin. « Un problème de calendrier » reconnait Raphael Gérard qui assure: « certains de nos collègues ont déjà pris position dans une tribune publiée récemment ».

Revenant sur ses propos des Législatives de 2012, qui avaient fait polémique aux Législatives de 2017, Olivier Serva, Président de la délégation aux Outre-mer, a quant à lui dit son intention « d’agir en donnant du sens à mon action politique ». Réitérant ses regrets, il a rappelé ces nombreux entretiens avec la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les haines anti-LGBT, et souhaite faire de ce rapport un « acte essentiel, certainement le premier dans le cadre réglementaire ».