Dans une résolution datant de décembre dernier, relayée par la presse locale, l’ONU a réaffirmé la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser. Elle demande également à la France de « faciliter l’envoi de missions de visite et de missions spéciales sur le territoire ».
En octobre 2018, devant la 4ème Commission de l’ONU en charge notamment des questions de décolonisation (ou Comité spécial), le président de la Polynésie Édouard Fritch demandait le retrait de la Collectivité d’Outre-mer de cette liste onusienne, dont la réinscription avait été obtenue en mai 2013 par les indépendantistes. Mais le texte adopté ce 13 décembre par l’Assemblée générale des Nations Unies « réaffirme le droit inaliénable du peuple de la Polynésie française à l’autodétermination ». « C’est au peuple de la Polynésie française lui-même qu’il appartient de déterminer librement son futur politique », dit encore la résolution des Nations unies.
De 2013 à 2018, les Nations unies ont plusieurs fois demandé à la France de « faciliter l’envoi de missions de visite et de missions spéciales sur le territoire ». Dans la résolution de décembre 2019, le ton change. L’ONU appelle la France, « puissance administrante », à « coopérer sans réserve aux travaux du Comité Spécial », et « prie la présidente du Comité spécial de prendre toutes les mesures nécessaires à cette fin ». Cette mission est notamment une demande faite de part et d’autre de l’échiquier politique polynésien : les autonomistes pour démentir une quelconque forme de colonisation en Polynésie, les indépendantistes pour le prouver.
« Dialogue de sourds »
Toujours dans cette résolution, l’ONU demande à son Secrétaire général « de lui faire part de tout fait nouveau sur les retombées environnementales, écologiques, sanitaires et autres des essais nucléaires pratiqués pendant 30 ans ». Enfin, l’Organisation somme de « garantir la souveraineté permanente du peuple de la Polynésie française sur ses ressources naturelles ». Ce n’est pas la première fois que l’ONU adopte une résolution sur la Polynésie. En effet, elle le fait chaque année depuis la réinscription de la Collectivité sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser selon l’ONU.
Pour l’Historien Jean-Marc Regnault, interrogé par Polynésie la 1ère, l’ONU et la France sont « dans un dialogue de sourds ». En effet, la réinscription de la Polynésie se heurte à « deux droits inconciliables : celui du droit français républicain qui considère que l’ONU n’a pas à se mêler des affaires internes de la France et qui estime qu’elle a décolonisé la Polynésie avec un statut d’autonomie élargie ; de l’autre, le droit de l’ONU qui ne se satisfait pas de l’autonomie de la Polynésie et qui s’attache à la primauté des intérêts des habitants des territoires ».
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Sur cette liste figurent 17 autres territoires, parmi lesquels les Samoa américaines, Guam, les îles Vierges (britanniques et américaines), Tokelau (Nouvelle-Zélande), Pitcairn, Anguilla, les Bermudes, les Caïmans ou encore, la Nouvelle-Calédonie. La réinscription de celle-ci, obtenue par les indépendantistes Kanak en 1986, a eu lieu durant les événements des années 80 qui ont conduit à l’Accord de Matignon et au début du processus de décolonisation en 1988. En 1998, l’Accord de Nouméa a poursuivi ce processus avec le premier référendum d’autodétermination qui a eu lieu en 2018. Entre-temps, l’ONU a effectué de nombreuses missions en Nouvelle-Calédonie.
L’ensemble des Outre-mer était inscrit sur cette liste des territoires non-autonomes, avant d’y être retirés en 1947. À ce jour, seuls la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie sont réinscrits. En Guyane, l’Organisation Guyanaise des Droits Humains (OGDH), le Mouvement de Décolonisation et d’Émancipation Sociale (MDES) et le Komité Drapo ont entrepris une démarche « éducative et informative » pour obtenir cette réinscription.