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Germaine Némia Bishop, enseignante, a annoncé sa candidature aux législatives de juin prochain en Nouvelle-Calédonie pour demander une plus grande « reconnaissance » des droits du peuple autochtone Kanak, qui vit dans de meilleurs conditions que les Amérindiens de Guyane, a-t-elle admis.
Les Amérindiens de Guyane et les Kanaks de Nouvelle-Calédonie constituent les seuls peuples autochtones de la République française, selon les critères de l’ONU. Néanmoins, en mars 2012, l’Etat a reconnu, devant le Haut-commissariat des Droits de l’Homme de l’ONU, la présence de « populations autochtones » dans les Outre-mer, notamment en Nouvelle-Calédonie, en Guyane, en Polynésie française, à Wallis et Futuna et à Mayotte.
Candidate dans la 1ère circonscription
« Notre plus grande motivation est l’approche du scrutin d’autodétermination et ses enjeux », a déclaré Germaine Némia Bishop, essentiellement soutenue par un syndicat de l’enseignement indépendantiste, l’UGPE. Au terme d’un processus de décolonisation progressif engagé par l’accord de Matignon en 1988 et celui de Nouméa en 1998, un référendum sur l’indépendance aura lieu au plus tard en novembre 2018. « Plus de 90% de la population carcérale est Kanak, il n’y a quasiment pas d’avocat, d’ingénieurs ou de médecins Kanak, la déscolarisation précoce est très importante, les politiques de rééquilibrage n’ont pas freiné l’exode rural », a déclaré l’enseignante, en lice dans la première des deux circonscriptions de Nouvelle-Calédonie.
Elle réclame notamment l’application en Nouvelle-Calédonie de la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones de 2007, qui permettra selon elle « une réelle prise en compte des chefferies » Kanak dans la gestion de l’île. En février dernier, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) avait estimé dans un avis que les « peuples autochtones » des Outre-mer, continuent à subir une marginalisation et un manque d’accès aux droits, dans une France qui ne reconnait pas formellement ces peuples.
Des « avancées » et encore « beaucoup à faire »
Faisant allusion à la crise qui secoue actuellement la Guyane, Germaine Némia Bishop a mis en avant les « avancées » obtenues en Nouvelle-Calédonie tout en estimant qu’il restait « beaucoup à faire au niveau social et culturel », « si on veut éviter des dérapages similaires ». L’accord de Nouméa, constitutionnalisé, reconnait « pleinement l’identité » et la légitimité des revendications du peuple Kanak. Les Kanak représentent 40% de la population totale de Nouvelle-Calédonie.
En attendant, la candidate Germaine Némia Bishop fera face à Bernard Deladrière (Les Républicains), Sonia Backès et Gael Yanno (Union calédonienne pour la France), dans la première circonscription calédonienne. Germaine Némia Bishop et le Rassemblement autochtone et souveraineté partagée ont tenu leur premier meeting ce vendredi à Nouméa, au foyer wallisien et futunien.
Avec AFP.
Qui est Germaine Némia Bishop ?
Professeure des écoles et impliquée dans la promotion de la culture Kanak, Germaine Némia Bishop est une candidate sans étiquette et « indépendante ». Née à Nouméa en 1964, Germaine Némia Bishop a « hérité d’une solide formation religieuse et coutumière ». Au départ institutrice, elle a été affectée en 2008, après l’obtention de diplômes, au siège de la Direction de l’enseignement. Elle était chargée de suivre l’enseignement des langues et culture kanak dans tous les établissements publics. Cette auteure d’ouvrages en langue nengone, est présidente de l’association Enfance et jeunesse de Nouvelle-Calédonie depuis 2012. Germaine Némia a « toujours » été proche de Nidoïsh Naisseline, grand chef du district de Guahma disparu en juin 2015, mais aussi leader du parti LKS, expliquent Les Nouvelles Calédoniennes.