Législative partielle à Mayotte : Les élus demandent le report du scrutin

Législative partielle à Mayotte : Les élus demandent le report du scrutin

©Ornella Lamberti / AFP

Les élus de Mayotte, à l’exception du maire du chef-lieu Mamoudzou, ont réclamé samedi au préfet le report de l’élection législative partielle prévue dimanche, en évoquant « des raisons de sécurité » et des difficultés pour les candidats à faire campagne.

Le maire de Tsingoni, Mohamed Bacar, premier vice-président de l’association des maires et porte-parole du comité de coordination des élus, a indiqué samedi matin devant la presse que les élus réclamaient « le report de l’élection pour des raison de sécurité ». Le président du conseil départemental de Mayotte Soibahadine Ibrahim Ramadani, et plusieurs maires et conseillers départementaux rencontraient en fin de matinée le préfet et la délégation de haut-fonctionnaires mandatés par le gouvernement, pour leur faire part de cette demande.

« Même si les mairies sont ouvertes, il n’y a pas de garantie que les conditions de sécurité soient réunies », a expliqué Mohamed Bacar, en évoquant des « risques de barrages et de soulèvements ». Il a également fait part d’un problème de campagne électorale pour les huit candidats qui « n’ont pas pu voir leurs électeurs ». Le porte-parole des élus a aussi indiqué que les mairies seraient ouvertes, mais que dans certains endroits, des écoles (qui doivent servir de bureau de vote, ndlr) avaient été cadenassées, comme dans le nord de l’ile.

« On a la peur au ventre »

Jeudi, un candidat à la législative, Boina Dinouraini, avait indiqué qu’il souhaitait également le report de l’élection. « On ne circule pas, on ne peut pas faire campagne, on a la peur au ventre », a-t-il expliqué. Le maire de Mamoudzou Mohamed Majani s’est désolidarisé de cette demande. « Je m’exclus de la demande du report, j’organise des élections en tant qu’agent de l’Etat, donc j’exécute. Ca appartient à l’Etat d’assurer la sécurité », a-t-il dit. Dans une motion, les élus soulignent également avoir « constaté que des opérations de lutte contre l’insécurité et l’immigration clandestine sont engagées » et « demandent qu’elles soient amplifiées et renouvelées ».

Des opérations de sécurisation et de contrôle des personnes en situation irrégulière ont été menées depuis deux jours par les forces de l’ordre à Mayotte, pour faire suite aux engagements de la ministre Annick Girardin. Les élus indiquent aussi rejoindre une demande, formulée par l’intersyndicale et le collectif de citoyens « que le gouvernement nomme un autre émissaire avec un mandat qui pourrait engager le gouvernement ».

Dans une déclaration faite samedi sur le site internet d’un média local, l’infokwezi.fr, l’un des porte-parole du mouvement Saïd Kambi déclare que « concernant la demande de la ministre, nous disons chiche! Nous laissons donc un mois à la ministre pour démontrer sa bonne volonté et régler le problème de l’insécurité et de l’immigration à Mayotte ». Mais « nos revendications vont bien au-delà de la sécurité et de l’immigration, il faut aussi développer notre île. Aussi, nous resterons sur les barrages jusqu’à l’arrivée du Premier ministre ou d’un émissaire pour négocier nos revendications ». Le président du conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani a pour sa part indiqué à la presse voir « un début de mise en oeuvre » des engagements de l’Etat, ajoutant « l’Etat a demandé un mois, qu’on lui fasse confiance ».

Une élection législative partielle est prévue dimanche, après l’annulation de l’élection en juin 2017 de Ramlati Ali (LREM) par le Conseil constitutionnel qui avait estimé « altérée » la « sincérité du scrutin » en raison du « faible écart de voix » entre elle et son adversaire Elad Chakrina (LR), qui a reçu cette semaine le soutien inattendu de la Présidente du Front national, Marine Le Pen. « Je ne partage pas les idées du Front national », a réagi Elad Chakrina sur France Info. « Par contre je veux que Mayotte puisse réussir », poursuit-il, « maintenant, il faut surtout qu’on puisse surmonter tous les clivages et que l’on puisse s’unir pour défendre la cause de Mayotte ». 

[MAJ]: Le préfet de Mayotte Frédéric Veau a opposé une fin de non-recevoir aux élus qui ont demandé le report de la Législative partielle.