Jean-Jacques Urvoas en Polynésie: Le ministre de la Justice inaugure « l’une des prisons les plus modernes de France »

Jean-Jacques Urvoas en Polynésie: Le ministre de la Justice inaugure « l’une des prisons les plus modernes de France »

©Mike Leyral / TNTV

Point d’orgue de sa visite de 4 jours en Polynésie française, le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a inauguré, ce lundi à Tahiti, le nouveau Centre pénitentiaire « Tatutu », « l’une des prisons les plus modernes de France ». Cette nouvelle prison remplacera l’actuelle prison de Nuutania, petite, vétuste, insalubre et surpeuplée.

Dans la commune de Papeari, au sud de l’île de Tahiti, les 24.000 m² du Centre pénitentiaire de Tatutu sont bâtis sur un terrain de 10 hectares. La prison a coûté 79 millions d’euros à l’Etat et accueillera les premiers détenus fin mars. En quatre jours, Jean-Jacques Urvoas a pu constater l’état des prisons polynésiennes. Le ministre de la Justice a visité les centres pénitentiaires de Polynésie. Dans l’archipel des Marquises d’abord, sur l’île de Nuku Hiva : la maison de pierre qui fait office de prison compte cinq places et accueille trois détenus, mais aucune de ses portes ne ferme. Les détenus sont le plus souvent réunis sous un manguier, à l’extérieur. A Raiatea ensuite, aux Îles-Sous-Le-Vent : les onze détenus ont des conditions de vie plus difficiles. Enfin à Nuutania, la prison, vétuste et surpeuplée, de Faa’a compte 165 places pour 385 détenus dont 265 ont été indemnisés en raison de conditions de détention jugées indignes.

Une capacité de 410 détenus

Jean-Jacques Urvoas a reconnu « une surpopulation insupportable » que l’ouverture de Tatutu, qui disposera de cellules individuelles, devrait pouvoir résorber. Elle permettra aussi à 700 personnes, en attente d’incarcération, d’effectuer leur peine. La nouvelle prison pourra accueillir 410 détenus et 204 employés, dont 165 surveillants pénitentiaires, presque tous polynésiens, qui ont offert un puissant haka au garde des Sceaux, dans l’enceinte de la prison. Tatutu, dispose d’équipements de sécurité modernes, tels des détecteurs de charge au sol pour prévenir toute évasion. Elle offre de meilleures conditions de vie avec des cellules ventilées et de nombreux équipements sportifs : trois terrains de sports collectifs et une salle de musculation.

Des systèmes de réinsertion

« Il y a des espaces cultivables pour permettre des formations agricoles, des salles pour lutter contre l’illettrisme : on n’est plus dans la saturation des volumes », a déclaré Jean-Jacques Urvoas. « On va aussi proposer le module du respect, qui n’existe que dans une demi-douzaine d’établissements sur 188. Il s’agit d’inscrire les détenus qui le souhaitent dans un parcours actif, dans une coursive qui peut en accueillir une cinquantaine, surtout en fin de peine, pour gagner en autonomie » a-t-il poursuivi.

La prison en pierre des îles Marquises, dans le village de Taiohae, sur l'île de Nuku Hiva. Il s'agit de la plus petite prison de la République ©Tahiti-infos

La prison en pierre des îles Marquises, dans le village de Taiohae, sur l’île de Nuku Hiva. Il s’agit de la plus petite prison de la République ©Tahiti-infos

Six hommes de l’ERIS de Lyon (Equipe Régionale d’Intervention et de Sécurité) ont testé la prison avant son ouverture. « On n’a pas réussi à s’évader, mais on est parvenu à monter sur le toit en moins de deux minutes » a dit l’un d’entre eux. « Ce problème a été réglé après nos préconisations », a-t-il ajouté. Jean-Jacques Urvoas a aussi annoncé une enveloppe de 30 millions d’euros pour réhabiliter et agrandir Nuutania.

Inauguration du chantier du Tribunal foncier de Papeete

Vendredi 17 mars, le ministre de la Justice a posé la première pierre du chantier du futur Tribunal foncier de Papeete, réclamé depuis de nombreuses années, notamment par le mouvement indépendantiste tahitien. Ce Tribunal foncier devrait permettre de traiter les nombreuses affaires de terres en souffrance en Polynésie française. En effet, les contentieux fonciers minent de nombreuses familles polynésiennes et freinent le développement de la Collectivité : l’indivision, amplifiée à chaque génération, rend impossible les constructions sur certaines terres.

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Lors de son précédent déplacement en Polynésie en 2015, Jean-Jacques Urvoas, alors président de la commission des lois, avait « constaté qu’en termes de titre de propriété et d’occupation des terrains, les situations étaient très complexes, voire inextricables ». Le ministre de la justice estime à « 821″ le nombre de « dossiers en souffrance à traiter ». Cent cinquante-deux nouvelles demandes ont été déposées en 2016. Estimé à 1,3 million d’euros, le futur Tribunal foncier de Papeete devrait être livré à la fin de l’année.