©Nicolas Perez / Radio 1 Tahiti
A peine fut-elle prononcée que l’inéligibilité du leader indépendantiste polynésien a été appliquée à l’Assemblée territoriale de la Polynésie française, dans des temps records rarement constatés dans cette Collectivité, habituée aux condamnations de ses élus.
La semaine dernière, contre l’avis des rapporteurs du CNCCFP et du Conseil d’État, le chef du parti indépendantiste polynésien, Oscar Temaru, a été condamné à un an d’inéligibilité, après le rejet de son élection de mai dernier en raison de ses comptes de campagnes rejetés. Ce week-end, le président de l’Assemblée a pris deux arrêtés constatant la fin de fonction d’Oscar Temaru et l’entrée à l’assemblée de la nouvelle élue indépendantiste Cécile Mercier, rapporte Radio 1 Tahiti. Lundi matin, avant la séance d’orientation budgétaire, les services du haut-commissariat ont également notifié la décision du Conseil d’Etat à Oscar Temaru. Ce dernier n’a donc pas pu siéger une dernière fois à l’Assemblée territoriale au sein de laquelle il accéda il y a 32 ans de cela.
Une « sanction politique »
Dans son discours, le président du groupe indépendantiste, Anthony Geros, a condamné « une sanction politique ». « La raison d’État vient à nouveau contrarier l’Histoire » a-t-il estimé, faisant référence à la plainte pour crime contre l’Humanité, déposée à la Cour pénale internationale par le parti indépendantiste, et contre les présidents français encore en vie. Anthony Geros et l’ensemble des élus indépendantistes ont également fait le rapprochement avec la condamnation, en 1959, de Pouvanaa a Oopa, qui avait fait campagne contre le maintien de la Polynésie au sein de la République lors du référendum constitutionnel de 1958. La semaine dernière, la Cour de Cassation a proclamé l’annulation du procès du Metua, père du nationalisme polynésien.
Revenu ce weekend de Nouvelle-Calédonie, où il était en campagne de soutien aux indépendantistes Kanak, Oscar Temaru avait appelé à « l’union contre le système colonial » et a reçu le soutien de son adversaire politique historique Gaston Flosse, lui-même condamné à l’inéligibilité. « Je m’y attendais un peu » a confié Oscar Temaru, concernant sa condamnation. « Je voudrais remercier tous ceux qui ont fait le nécessaire pour que nos comptes soient approuvés (par les rapporteurs publics, ndlr) », poursuit-il. « Ce n’est pas possible qu’ils nous demandent de pouvoir répondre le 27 août, alors qu’ils nous envoient la dernière observation le 25. Ils savaient très bien à Paris que c’était un weekend », constatait-il encore, renforçant ainsi un sentiment de « sanction politique ». « J’ai la conscience tranquille », a-t-il assuré.
Le leader indépendantiste de Polynésie française reste toutefois maire de la commune de Faa’a, poste qu’il occupe depuis 1986. De son côté, son numéro 2 Anthony Geros a assuré « un retour certain » d’Oscar Temaru en 2023.