Un an après la remise du rapport sur le suicide des jeunes Amérindiens en Guyane, la sénatrice Aline Archimbaud, une des co-rapporteures de ce rapport a organisé un colloque au Sénat sur les avancées des 37 propositions listées par le document. Première conclusion: la situation est toujours préoccupante.
Au Sénat, plusieurs sentiments régnaient dans la salle Gaston Monerville : la colère, l’inquiétude, puis l’espoir. Un an après la remise du rapport sur le suicide des jeunes Amérindiens en Guyane, qui dénonçait déja « un drame stupéfiant se joue dans le silence le plus complet », la situation ne s’est guère améliorée selon les différents intervenants à ce colloque. « Nous avons perdu beaucoup de proches, d’amis, de frères : ils sont morts et vous, vous nous parlez de comités de pilotage qui n’existent pas! » s’écrit Christophe Pierre, Amérindien, originaire de Camopi s’adressant à la Ministre des Outre-mer Ericka Bareigts. Une aggravation de la situation qu’ont également dénoncé les différents acteurs travaillant sur ce dossier. « Le dispositif d’urgence en cas de suicide existe mais les difficultés pour se rendre en hélicoptère dans les zones concernées sont nombreuses », regrette Evelyne Robert.
Sur les 37 propositions articulées autour de trois axes (la santé, l’éducation et le renforcement des liens institutionnels), peu d’entre elles sont aujourd’hui opérationnelles ou sont mal organisées selon les différentes organisations regroupant les Amérindiens de Guyane. « Où est le collège qu’on nous a promis depuis si longtemps ? », s’impatiente Alain Mindjouk, président de l’Association des Amérindiens de Guyane. Les Amérindiens étaient nombreux à dénoncer le mauvais fonctionnement des services de collations, les internats peu nombreux et dont certains n’accueillaient pas les étudiants qui ne peuvent rentrer le week-end dans leur village respectif.
« Une révolution culturelle et institutionnelle »
Jocelyn Thérèse, président du Conseil Consultatif des Populations Amérindiens et Bushinengue (CCPAB), a aussi dénoncé un manque de dialogue avec les services de la collectivité territoriale de Guyane. « Il faut un dialogue tripartite mais il est plutôt unilatéral ». Ce dernier est revenu sur l’engagement des fonds promis par l’ancienne Ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin. « Nous manquons de moyens financiers. Lorsqu’on interroge les services compétents sur ce fonds de 50 000 euros promis par la Ministre, on nous répond que cette ligne de budget n’existe pas », déclare Jocelyn Thérèse. Proche des préoccupations qui touchent les populations autochtones de Guyane, la député Chantal Berthelot a avancé « qu’il faudrait une révolution culturelle et institutionnelle », rappelant l’ensemble des combats qu’elle mène au sein du Parlement pour faire reconnaître le statut de ces populations.
« Face à cette situation inacceptable, le Gouvernement est déterminé »: colloque sur le suicide des Amérindiens en #Guyane française au @Sénat pic.twitter.com/CiVkVI8oXq
— Ericka Bareigts (@ebareigts) 30 novembre 2016
Du coté du gouvernement et de la collectivité locale, on assure que des mesures seront prises tout en reconnaissant que des efforts restent à faire. Les organisations représentant les peuples autochtones ont reconnu pour leur part qu’elles doivent davantage s’intégrer dans la vie politique pour faire entendre leur voix. L’ensemble des participants ont tous soutenu « qu’une mobilisation active de tous les acteurs est nécessaire » pour sortir de cette situation. « Il est hors de question pour nous que ce rapport reste dans les placards. Nous nous sentons responsables des propositions inscrites dans ce rapport », a conclu la sénatrice Aline Archimbaud qui a renouvelé son engagement sur un suivi régulier de ce rapport.