EXCLU. L’IEOM alloue 50 milliards FCFP aux établissements de crédit de la zone Pacifique

EXCLU. L’IEOM alloue 50 milliards FCFP aux établissements de crédit de la zone Pacifique

Le siège de l’IEOM à Papeete ©DR

Le Conseil de surveillance de l’Institut d’Émission d’Outre-Mer (IEOM) qui s’est réuni le 17 avril, vient de décider d’allouer 50 milliards F CFP aux établissements de crédit de la zone Pacifique au titre d’un refinancement long qui complète significativement la gamme des instruments de politique monétaire de la zone d’émission.

« Un tel refinancement est une première pour la zone F CFP : c’est une première par le collatéral pris en garantie, par son volume et la maturité (24 mois) mais aussi par son taux, négatif dès l’émission », nous explique Marie-Anne Poussin-Delmas, Directrice Générale de l’IEOM a qui nous avons posé quelques questions complémentaires.

Pourquoi un nouvel instrument aujourd’hui ?

Le Conseil a pris acte de la dégradation rapide de la conjoncture économique des collectivités du Pacifique dans le contexte international de crise sanitaire. C’est pour cela qu’il a pris un ensemble de mesures pour permettre aux banques de préserver la fluidité de leur offre de crédit et d’accompagner ainsi les dispositifs de soutien sans précédent mis en œuvre par l’Etat et par les collectivités d’outre-mer du Pacifique au bénéfice des ménages et aux entreprises.

A ce titre, le Conseil a décidé de proposer aux banques un refinancement basé sur un nouveau collatéral, qui est un collatéral dont les banques disposent en abondance : il s’agit des créances immobilières privées (dites ACC en anglais) qui jusqu’à présent n’étaient pas admises en garantie des opérations de l’IEOM.  La prise en compte de ces garanties permet d’envisager un refinancement beaucoup plus massif de la part de l’Institut d’émission.

En quoi ce refinancement est-il massif ?

Le Conseil a validé le lancement, à très brève échéance, d’une première opération de refinancement à moyen terme, 24 mois (dite LR24) pour un montant de 50 milliards XPF. C’est une opération d’un volume très supérieur aux deux précédentes lignes de refinancement qui étaient respectivement de 11,6 et 18,1 Mrd F CFP. La maturité de 24 mois est aussi nettement plus longue que celle des deux dernières lignes de refinancement qui était de 6 mois. Ce double accroissement du volume et de la maturité renforce substantiellement les ressources stables des établissements de crédit, ce qui constitue un critère fondamental pour leur offre de crédit.

En quoi ces décisions assurent-elles réellement de l’engagement des banques à développer leur offre de  crédit ?

J’ai parlé du volume de ce refinancement et de la maturité ; je dois aussi ajouter les décisions du Conseil de surveillance de l’IEOM s’agissant des taux des lignes de refinancement : le taux des deux lignes de refinancement à 6 mois (LR6) déjà émises pour un montant global de près de 30 Mrd XPF est abaissé à -0,10%, contre 0% actuellement. Des conditions de taux encore plus favorables seront appliquées à la future ligne de refinancement LR 24 avec un taux initial de -0,10%, mais qui sera porté à -0,30% si les établissements de crédit ont augmenté leurs encours de crédit en faveur des entreprises non financières entre la date de souscription et la date de remboursement de cette ligne. Cette dernière mesure constitue une incitation très forte à accroître l’offre de crédit et à minima à la maintenir.

Au total, avec ces décisions du Conseil de surveillance, l’IEOM aura porté, dans un délai très court, de 30 à 80 milliards XPF ses lignes de refinancement en faveur du secteur bancaire.

MAPD

Marie-Anne Poussin-Delmas, Directrice générale de l’IEOM