©Facebook / Association 193
Alors qu’ils manifestaient en marge du 17ème Forum PTOM-UE, qui a eu lieu la semaine dernière en Polynésie française en présence de la ministre des Outre-mer Annick Girardin, les membres de l’association anti-nucléaire 193 a obtenu un entretien samedi matin durant lequel ils lui ont fait part de leurs revendications.
En premier lieu, l’association 193, menée par le prêtre Auguste Uebe-Carlson, a demandé le retrait du terme « contribution » dans la future mouture du statut d’autonomie de la Polynésie française, dans lequel sera mentionné, dès l’article 1, que « la République reconnait la contribution de la Polynésie à la construction de la capacité de dissuasion nucléaire et à la défense de la Nation ». Or, l’association considère que cette mention rend les Polynésiens « autant responsables que l’État de l’ensemble des conséquences sanitaires, sociales, économiques et environnementales », alors même que les différents dirigeants que se succédèrent, de Charles de Gaulle à Jacques Chirac, avaient nié la dangerosité de ces essais, arguant que ceux-ci étaient propres. L’association craint également que « la Polynésie ne pourrait plus demander réparation à la France » et met en avant une « réécriture » de l’histoire puisque ces essais furent imposés à la Collectivité.
Pour l’association 193, le terme « contribution » pourrait transformer le futur Centre de mémoire des essais nucléaires en Polynésie, promis par Paris, en un « instrument de propagande ». Outre la suppression du terme « contribution », l’association demande l’inscription du principe d’une « réparation juste et totale pour tous les Polynésiens » dans la réforme du statut, qui doit passer au vote de l’Assemblée nationale en avril.
Réalisation d’une étude trans-générationnelle
Expliquant qu’à l’époque des essais nucléaires, « personne n’avait d’instrument de mesure », l’association formule dans sa deuxième revendication le retrait de l’amendement de la sénatrice Lana Tetuanui, instituant un seuil minimum d’exposition de 1 milli-sievert par an pour obtenir une indemnisation de la Loi Morin, rapporte Radio 1 Tahiti. Ce nouveau seuil, utilisé dès 2018 par le Comité d’indemnisation des victimes des essais (CIVEN) lors de la suppression du « risque négligeable » en 2017, avait été officialisé en décembre dernier, et selon les recommandations de la Commission de cadrage de la loi Morin présidée par la sénatrice Lana Tetuanui. L’association a par ailleurs porté plainte, vendredi 1er, contre le président du CIVEN Alain Christnacht pour « faux en écriture ».
Dernière revendication portée à la ministre des Outre-mer, l’association 193 demande une étude trans-générationelle, estimant que les conséquences des essais sur la santé des Polynésiens ne s’arrêtent pas à l’année 1998, limite instituée par la loi d’indemnisation. Les conséquences trans-générationnelles avaient été mises en avant par le Docteur Christian Sueur dans une étude menée « sur des enfants polynésiens dont les grands-parents ont travaillé sur les sites des explosions atomiques atmosphériques ». Cette étude révélait notamment « des anomalies morphologiques parfois couplées à des retards mentaux chez de nombreux enfants » polynésiens.