Autour du Premier ministre, les ministre de l’Education nationale, de la Santé, des Outre-mer, les parlementaires mahorais, plusieurs maires de l’île, le Président du conseil départemental et plusieurs de ses Vice-présidents ©Outremers360
Ce jeudi 19 avril à Paris, les élus de Mayotte ont été reçus à Matignon par le Premier ministre Edouard Philippe pour une réunion d’étape faisant suite à la nomination de Dominique Sorain au poste de Préfet de Mayotte et délégué du gouvernement. Celui-ci doit présenter, au mois de mai, un plan « pour répondre aux attentes de la population » de Mayotte, dont les « grands axes » ont été présentés ce jour par le Premier ministre.
Autour d’Edouard Philippe ont notamment participé à cette réunion, les ministres de l’Education nationale, de la Santé, des Transports et des Outre-mer. « La rencontre fut longue, utile et nous a permis de préciser le diagnostic de la situation et les prochaines étapes qui aboutiront au mois de mai à un document qui nous engagera collectivement et que présentera aux mahorais Mme Annick Girardin, ministre des Outre-mer », a déclaré le Premier ministre à l’issue de ce point d’étape. D’ici là, Dominique Sorain et l’équipe interministérielle retourneront à Mayotte « pour finaliser le plan d’action ». Mais d’ores et déjà, Edouard Philippe a présenté les « grands axes du plan de rattrapage et de développement de Mayotte ». « Ce plan couvrira les besoins prioritaires des Mahorais : la sécurité, l’éducation, la santé, le logement et les infrastructures ».
Accélération de la construction de classes et création d’un rectorat
« Pour soutenir l’émergence d’une offre de santé diversifiée, nous allons exonérer de ticket modérateur les affiliés sociaux. Ce mécanisme préfigurera l’instauration de la CMU (couverture maladie universelle, ndlr) » a assuré Edouard Philippe. « Nous allons aussi conforter les moyens de fonctionnement et d’investissement du Centre hospitalier de Mamoudzou, confronté à une très forte croissance de son activité, pour qu’il puisse fonctionner de manière correct ». Sur l’éducation, « le besoin de rattrapage des équipements scolaires est absolument incontestable, et particulièrement net dans le secteur primaire. Nous allons bâtir dans les semaines qui viennent un plan pour accélérer le rythme de construction de classes ». Edouard Philippe a aussi annoncé la création d’un rectorat « de plein exercice pour le département », et son intention de « poser les bases » d’une Agence régionale de Santé à Mayotte.
« Souplesse et compréhension » pour les entreprises de Mayotte
« S’agissant des infrastructures, le gouvernement va soutenir le développement d’un transport en commun en site propre sur la grande terre et la réalisation du contournement de Mamoudzou. Pour le transport aérien, nous allons lancer une concertation sur les capacités de développement de l’aéroport de Mayotte sur les travaux de sécurisation de la piste et la facilitation de l’accès par le nord de la piste ». Edouard Philippe souhaite également « favoriser la concurrence et abaisser les prix des billets » qu’il estime « prohibitifs », notamment pour le développement économique de l’île.
Toujours sur le plan économique, Edouard Philippe a annoncé un « renforcement de l’autonomie » de Pôle Emploi à Mayotte et un « accompagnement des entreprises et notamment des plus petites d’entre-elles ». Face aux difficultés rencontrées en raison du blocage de l’île, le gouvernement a « donné des instructions de souplesse et de compréhension concernant les impôts et les cotisations sociales afin de préserver la trésorerie des entreprises. Le préfet a réuni les acteurs de l’entreprise afin de leur exposer les outils mobiliser ».
Insérer Mayotte « dans son environnement régional »
« Je propose que gouvernement et élus nous nous engagions à un travail de prospective territoriale qui s’appuiera sur le plan d’aménagement régional en cours d’élaboration et aussi sur une opération d’intérêt national pour marquer l’engagement de l’Etat », a-t-il indiqué. Edouard Philippe plaide également pour une « insertion de Mayotte dans son environnement régional » et assure un « dialogue approfondie avec l’Union des Comores ». Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, doit notamment rencontrer son homologue comorien ce jour. Edouard Philippe entend « mettre en place des relations qui nous permettent d’envisager le développement de Mayotte, et qui nous permettent aussi d’envisager son développement économique dans une région qui a besoin de ces coopération pour construire son avenir ».
Pour Edouard Philippe, ce plan de rattrapage et de développement de Mayotte est un « pan structurant du contrat de convergence pour Mayotte au sens de la loi EROM de 2017. Le statut de Mayotte définit clairement les responsabilités de l’Etat et des Collectivités du Territoire. Cela n’exclut pas des adaptations, lorsque la situation l’exige comme le prévoit l’article 73 de la constitution et comme y réfléchissent les élus de Mayotte ». Le Premier ministre entend apporter des « réponses adaptées à la situation du territoire », avec une « réelle déconcentration des décisions. C’est pourquoi nous allons faire évoluer l’organisation de l’Etat et de ses opérateurs sur place », a-t-il aussi indiqué.
Rassemblés devant l’hôtel de Matignon, les représentants de l’intersyndicale et du collectif ont regretté de ne pas pouvoir assister à la réunion, tout en exprimant leur confiance envers les élus mahorais:
— Outremers360 (@outremers360) 19 avril 2018