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6ème Rencontres économiques du Pacifique sud, visite officielle du Premier ministre en Nouvelle-Calédonie, agenda partagé ou encore, climat des entreprises à un an du référendum d’autodétermination, la Présidente de la CPME NC et de la Représentation patronale du Pacifique sud, Chérifa Linossier, se confie en exclusivité à Outremers360, à l’occasion de sa mission à Paris. « Il faut vraiment qu’on mette l’accent sur l’après référendum », déclare-t-elle en soulignant le besoin des investisseurs et entrepreneurs calédoniens d’être rassurés à un an du scrutin sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.
Lors de sa mission à Paris, la Présidente de la CPME NC et représentante des patrons du Pacifique sud, Chérifa Linossier, a participé aux 6ème Rencontres économiques du Pacifique sud au Ministère des Outre-mer, vendredi 8 décembre. « On est très content que ces rencontres soient toujours d’actualité dans le calendrier de la Ministre, malgré les changements de gouvernement », se félicite-t-elle. « C’est important de faire des points d’étape régulièrement avec Paris sur les différents dossiers qu’on porte ». Au programme de ces 6èmes rencontres : le « financement des entreprises, l’accompagnement des TPE-PME, la défiscalisation », ou encore, la « formation professionnelle continue ». « Sur ce volet, il est compliqué de continuer à former le personnel lorsqu’on est éloigné, donc on a besoin de la continuité territoriale pour continuer à former », indique Chérifa Linossier.
Rencontre entre @AnnickGirardin, ministre de @loutremer, et les Présidents de la #RPPS dont @Linossier7 lors des Rencontres économiques du Pacifique Sud pic.twitter.com/GWl8Uu1Crc
— Baptiste Faure (@SG_CPME_NC) 8 décembre 2017
« On a aussi beaucoup parlé de coopération régionale pour mieux s’intégrer dans la région. On est plus près des pays du Fer de Lance ainsi que de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, donc il est important que l’on créé aujourd’hui un vrai réseau d’affaire et de vraies relations économiques dans la région ». « On remarque qu’il y a un décalage », souligne-t-elle toutefois. « On finance énormément le public, et on oublie de financer le secteur privé. Il faut trouver des outils de financement qui soient opérationnels et qui permettent aux entrepreneurs de pouvoir être financés à des taux acceptables », plaide Chérifa Linossier. « Dans nos territoires, les banques sont assez dures avec nous donc c’est aussi un moyen de rappeler aux banques que ce sont aussi des partenaires. Par conséquent, il faut qu’on réfléchisse à des outils qui soient beaucoup plus pragmatiques et opérationnels pour les TPE et PME qu’on défend ».
« La mine a fait son temps »
Si Chérifa Linossier se dit rassurée par la visite du Premier ministre, sur le plan politique, elle admet une déception quant à la surreprésentation de la mine dans le volet économique du déplacement d’Edouard Philippe. « On a oublié les autres leviers de croissance économique. Ça montre, à mon sens, une méconnaissance du tissu réel de la Nouvelle-Calédonie. On a toujours défendu les autres leviers de croissance autre que la mine. Ça ne veut pas dire qu’on est contre la mine mais qu’il faut anticiper pour créer des entreprises pour quand ça ne va pas, et j’ai trouvé le discours assez pauvre d’un point de vu économique », regrette-t-elle. « Il faut qu’on motive les entrepreneurs à aller sur des entreprises d’énergies renouvelables. Nous sommes très impliqués et nous avons lancé une démarche de développement durable au sein de la CPME pour motiver ces autres leviers de croissance économique ».
« On a aussi une biodiversité qui est extraordinaire dans la zone Pacifique, qu’on ne protège pas et on gagnerait quatre fois plus d’argent à protéger la planète qu’à la détruire », assure-t-elle. « Les idées de développement économique ne manquent pas. Soit on ne nous fait pas assez confiance et c’est dommage, soit on n’a pas compris les intérêts et les enjeux pour le Pacifique. La mine a fait son temps. Ce ne sont pas des ressources durables. Il faut penser à la jeunesse, à la relève et anticiper tous ces autres leviers de croissance ». Un discours qui tranche au Pays du nickel dont l’avenir institutionnel est très lié, politiquement et économiquement, à la santé du minerai qui lui, est soumis aux cours mondiaux. Néanmoins, la diversification de l’économie calédonienne est devenue, au lendemain de la crise du nickel, une nécessité pour les responsables politiques calédoniens.
Pas de programmé retour à l’Agenda partagé de Nouvelle-Calédonie
Début décembre, la CPME NC annonçait son retrait de l’Agenda économique, social et culturel partagé de la Nouvelle-Calédonie. Signé en 2014, cet agenda était au point mort en raison notamment du blocage pour l’élection du Président du gouvernement calédonien. Maintenant que Philippe Germain a été réélu à la tête de l’exécutif calédonien avec les voix indépendantistes, la CPME NC compte-t-elle revenir dans les négociations de cet agenda partagé ? « Pas du tout », tranche Chérifa Linossier. « Cela fait plus de trois ans que nous travaillons sur cet agenda partagé. Nous nous étions engagés par signature au même titre que d’autres élus qui ont quitté progressivement cet agenda partagé. Ils ont montré par ce retrait qu’ils n’étaient pas concernés par le monde économique. Les seuls actifs ont été le gouvernement et les partenaires sociaux mais on a besoin des politiques pour faire valider les réformes fiscales et sociales. Si le monde politique ne montre pas son intérêt à faire ces réformes, il est hors de question que la CPME travaille à perte ».
Rencontre avec @manuelvalls pour échanger sur l’avenir institutionnel et économique de la Nouvelle-Calédonie cc @Linossier7 @cpmenc pic.twitter.com/4csOo1UZIZ
— Baptiste Faure (@SG_CPME_NC) 13 décembre 2017
« En trois ans et demi, il y a eu un tiers des objectifs qu’on s’était fixé dans cet agenda partagé. Malheureusement, cela n’a été que des réformes fiscales. On a oublié la compétitivité sociale, la compétitivité des filières. On va se retrouver avec une Taxe générale à la Consommation (TGC) qui va être inflationniste alors que l’objectif initial était de faire baisser les prix et d’avoir de meilleures relations économiques dans le Pays, ce qui ne sera pas le cas », regrette-t-elle. Sur le climat des entrepreneurs calédoniens à un an du référendum d’autodétermination, Chérifa Linossier perçoit de l’inquiétude. « On est en train de perdre des entrepreneurs et des investisseurs. Aujourd’hui, il faut vraiment qu’on mette l’accent sur l’après référendum » pour « rassurer les investisseurs et les entrepreneurs ».