©Stéphane de Sakutin / AFP
Ce lundi 27 mars à 12h30, depuis l’Hôtel de Matignon, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a annoncé l’arrivée d’ « une délégation ministérielle avant la fin de la semaine, pour conclure les discussions » à condition que « les conditions du respect et de l’ordre républicain soient réunies ». Il n’a pas indiqué la composition de cette Délégation.
.@BCazeneuve annonce une réunion ministérielle en #Guyane avant la fin de la semaine #CriseSociale pic.twitter.com/szKnpg8FbV
— Outremers360 (@outremers360) 27 mars 2017
Sur le Pacte d’Avenir, le Premier ministre dit souhaiter « signer ce pacte avec les élus guyanais dans les meilleurs délais ». Ce Pacte d’Avenir avait été annoncé par le Président de la République en 2013 mais trouve des difficultés à être signé et mis en oeuvre. Dans son discours, Bernard Cazeneuve est également revenu sur le bilan du quinquennat sur les Outre-mer, avec la loi de régulation et la loi égalité réelle ainsi que le renforcement de la sécurité en Outre-mer. Le Premier ministre a également appelé au « dialogue », au « respect », à la « responsabilité » et à « l’apaisement », tout en fustigeant les « assauts de démagogie que la période électorale semble favoriser ».
Discours complet du Premier ministre Bernard Cazeneuve:
« Mesdames, Messieurs, la Guyane connaît actuellement une crise sociale d’ampleur. Depuis les premiers jours, je suis personnellement la situation, en lien avec le ministre de l’Intérieur, la ministre des Outre-mer et l’ensemble des membres du gouvernement concernés par la situation qui prévaut en Guyane.
J’ai un attachement profond à la Guyane, que je connais bien, où je me suis rendu à plusieurs reprises. Je m’y suis rendu notamment comme ministre de l’Intérieur. Je mesure parfaitement les attentes, car chaque difficultés que connait le territoire de notre République, fait l’objet de la plus grande attention du gouvernement que je dirige. Mes liens sont suffisamment étroits avec la Guyane, avec les Guyanais et les Guyanaises, pour ne pas céder la démagogie et à l’électoralisme. Le respect que l’on doit à la Guyane, il est sincère, commence d’abord par une exigence de vérité et de responsabilité. Les solutions aux problèmes que connaît la Guyane ne se construiront pas, je veux le dire avec la plus grande clarté et la plus grande fermeté, dans le désordre, ni hors du cadre républicain.
Depuis 2012, les Outre-mer n’ont jamais cessé d’être une priorité gouvernementale. Le budget de la mission Outre-mer a été augmenté dès 2012 et porté à plus de 2 milliards d’euros par an durant tout le quinquennat. Des lois importantes ont été votées. La loi de régulation économique Outre-mer votée en 2012, a permis par exemple une baisse d’environ 12% sur un panier d’une centaine d’articles de grande consommation. La loi égalité réelle Outre-mer, portée par la ministre Ericka Bareigts et publiée le 1er mars dernier, rattrapera les retards pour tendre vers une convergence avec la France hexagonale.
En matière de sécurité, là aussi, des efforts significatifs ont été accomplis. Je me suis rendu en Guyane comme ministre de l’Intérieur pour annoncer des renforts importants sur le territoire. Notamment avec la création d’une nouvelle zone de sécurité prioritaire à Saint-Laurent du Maroni. Alors que la précédente majorité avait supprimé plusieurs milliers d’emplois parmi les forces de sécurité, 563 policier et 310 gendarmes ont été affectés pour projeter dans les Outre-mer entre 2016 et 2017. S’agissant plus spécifiquement de la Guyane, 75 gendarmes et policiers supplémentaires y ont été affectés depuis l’année dernière dans la foulée de mon déplacement en Guyane. Depuis 2012, les effectifs de la gendarmerie ont augmenté de 12% pour la Guyane et ceux de la police de 10%.
Il reste encore beaucoup à faire pour développer la Guyane. C’était la volonté du Président de la République lorsqu’il a annoncé vouloir conclure un Pacte d’Avenir avec la Guyane. Depuis, l’échange avec les élus guyanais a été constant, et je souhaite pour ma part sincèrement, pouvoir signer ce pacte avec les élus guyanais dans les meilleurs délais. Face à la crise que nous traversons, mon gouvernement a fait un choix clair, c’est le choix du dialogue, et c’est aussi le choix du respect. La ministre des Outre-mer a, dans un premier temps, invité l’ensemble des partis à dialoguer avec elle à Paris. Elle a par ailleurs multiplié dans les dernière heures les contacts avec l’ensemble des acteurs guyanais. Afin d’échanger de manière constructive et apaisée, j’ai décidé d’envoyer en Guyane une mission interministérielle de haut-niveau pour enrichir et conclure au plus vite, un pacte pour la Guyane ambitieux.
Cette mission, conduite par le Préfet Jean-François Cordet, travaille depuis son arrivée à Cayenne sans relâche. Elle a commencé à rencontrer des personnalités politiques, mais aussi des personnalités du monde économique. Une série de réponses concrètes ont déjà pu être préparées. Des projets de protocole ont été examinés par la délégation, notamment dans le secteur agricole. Un centre pénitentiaire et un tribunal de Grande instance seront construits à Saint-Laurent du Maroni, un scanner sera déployé à l’aéroport de Cayenne, le projet de cession du Centre médical de Kourou est suspendu.
Les bases d’une négociation structurée, apaisée, doivent être établies avec tous les acteurs concernés du territoire, qu’il s’agisse des acteurs politiques, économiques ou sociaux. C’est pourquoi une délégation ministérielle sera sur place avant la fin de la semaine, pour conclure ces discussions, si toutefois, et j’insiste sur ce point, les conditions du respect et de l’ordre républicain sont réunis. C’est la raison pour laquelle j’appelle encore une fois, solennellement, au dialogue, à la responsabilité et à l’apaisement. Il est crucial en effet que dans les prochaines heures la mission interministérielle puisse continuer à travailler pour que le déplacement des ministres soit fructueux. Je le dis aujourd’hui avec force, la Guyane est un territoire de la République française et dans la République, chaque citoyen doit pouvoir bénéficier du soutien et de la solidarité de l’Etat.
Comme j’ai pu le faire dans le Pas-de-Calais ou la Somme récemment, je veux apporter en Guyane des réponses concrètes et des réponses rapides. Aucun des assauts de démagogie que la période électorale semble favoriser, dans un abaissement qui me consterne, ne détournera le gouvernement de sa volonté d’aboutir à des solutions concrètes pour les Guyanaises et les Guyanais. Ces solutions sont aujourd’hui à portée de main. Elles supposent de la responsabilité, de la méthode, et un dialogue qui s’intensifie dans les prochains jours. Dialogue et responsabilité auquel j’appelle l’ensemble des acteurs de la Guyane ».