Voilà une autre victime potentielle du réchauffement climatique. La célèbre Perle de Tahiti, dont le lustre et la qualité font sa renommée, est aussi un des piliers de l’économie de la Polynésie française. Mais pour combien de temps encore ?
Principalement cultivée dans les lagons turquoises des archipels des Tuamotu et des Gambier, la Perle de Tahiti, produite à partir des huîtres « pinctada margaritifera », s’avèrerait vulnérable au changement climatique, selon une information du site Tahiti-infos. Un nouvelle charge pour le gouvernement de la Polynésie française. « On serait bien plus heureux à ne pas gérer le réchauffement climatique : la nature s’adapte toujours mais nous allons devoir prendre des mesures« , confie Teva Rohfritsch, ministre de « l’Economie bleue ». En 2014, la Perle de Tahiti a rapporté 73,7 millions d’euros à la Collectivité soit 69% de ses recettes à l’exportation, ses principaux marchés étant Hong Kong et le Japon. Face à une menace qui pèse sur l’économie de la Polynésie, le gouvernement a lancé un programme de recherche et développement co-financé avec les acteurs privés de la filière.
Pour tester sa résistance au changement climatique, les scientifiques du Centre du Pacifique de l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (Ifremer) ont d’abord plongé les huîtres perlières dans un bain au PH similaire à celui prévu par le GIEC d’ici 40 à 50 ans, le réchauffement des eaux ayant un impact sur l’acidité des mers. « On n’a pas constaté d’impact sur la croissance de la perle« , assure le physiologiste Gilles Le Moullac. En revanche, la hausse des températures de l’Océan pourrait entrainer la mort des huîtres perlières « pinctada » au delà des 34°C. L’huître perlière connait son meilleur fonctionnement physiologique à 28°, « son optimum« , nous explique le scientifique. Le GIEC prévoit une hausse des températures de 2°C, déjà dangereux pour l’huître.
Afin d’anticiper une éventuelle crise économique et écologique, plusieurs solutions sont envisagées. Une de ses solutions serait de déplacer les fermes perlières et la production dans le sud de la Polynésie, aux îles Australes. « Les eaux ont quelques degrés de moins et les lagons sont disponibles » affirme Bran Quinquis, conseiller inter-ministériel au changement climatique. L’autre solution viendrait du nord de la Polynésie, dans l’archipel des îles Marquises. Le Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement (CRIOBE) y aurait découvert une sous-espèce de l’huître « pinctada » plus adaptée aux eaux chaudes. La Perle sera donc une autre spécificité que les îles du Pacifique, Polynésie française en première ligne, devront défendre face aux changements climatiques lors de Conférence climat de Paris.