Commémoration du 10 mai: Edouard Philippe, « Ce calendrier commémoratif ne vise pas à figer un souvenir traumatique mais à activer des processus de mémoire »

Commémoration du 10 mai: Edouard Philippe, « Ce calendrier commémoratif ne vise pas à figer un souvenir traumatique mais à activer des processus de mémoire »

© Charles Baudry/ Outremers 360

Deux semaines après Emmanuel Macron au Panthéon, le Premier Ministre Edouard Philippe a officié la journée nationale des mémoires de la traite de l’esclavage et de leurs abolitions ce jeudi 10 mai,  au Jardin du Luxembourg. 

Ce jeudi 10 mai, le premier Ministre Edouard Philippe a officié cette cérémonie officielle. Après avoir rendu hommage à Gaston Monnerville, le chef du gouvernement est revenu sur la problématique des multiples dates qui commémorent l’abolition de l’esclavage. « 25 mars, 27 avril, 10 mai, 22 mai, 23 mai, 27 mai, 10 juin, 23 août, 20 décembre. Ces dates sont toutes attachées au souvenir de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions mais aussi à la mémoire des victimes. Trop de dates ? Non, mais un archipel de dates et de mémoires parce que l’esclavage fut un phénomène à la fois local et mondial. », a t-il indiqué. « Ce calendrier commémoratif ne vise pas à figer un souvenir traumatique mais à activer des processus de mémoire, à la fois associatifs et politiques, populaires et universitaires », a souligné Edouard Philippe.

De son côté, Christine Taubira l’ancienne Ministre de la Justice et garde des Sceaux s’est dit favorable, avec quelques réserves, à l’organisation d’un mois de la mémoire en France hexagonale. « Le mois de mai s’y prête car il rassemble de nombreuses dates d’abolition d’esclavage dans les départements d’outre-mer. Mais un mois n’est pas suffisant pour moi pour mettre en lumière tout ce que cette histoire nous apporte aujourd’hui, toutes les traces dont elle a laissé, je pense aux langues créoles, à toutes les religions syncrétiques de la Caraïbe et en Amérique, à toute l’oraliture, etc ».

Célébrer la culture héritée de l’esclavage est également le souhait émis par Edouard Philippe dans son discours. « Il faut aussi entretenir la mémoire des résistances car le seul choix des esclaves a toujours été la liberté, que ce soit par la religion, par la musique et la poésie ou par la lutte, laquelle n’était pas purement physique mais d’abord morale (… ).Avant de conquérir un droit à la reconnaissance politique, les esclaves ont inventé des modes d’expression, notamment musicaux, devenus universels. La résilience, elle est d’abord passée par la créativité ».

Le Premier Ministre a notamment réitéré les engagements pris par Emmanuel Macron lors de la commémoration de l’abolition de l’esclavage le 27 avril dernier, à savoir entre autres, le futur Mémorial (qui recensera les quelque 200 000 noms donnés aux esclaves des colonies françaises en 1848) aux Jardins des Tuileries.  Une belle reconnaissance pour Serge Romana et le CM98.

En parallèle de cette cérémonie, une seconde cérémonie à l’initiative de l’association des Amis du Général Dumas, organisée par Claude Ribbe,  s’est tenue à Villers-Cotterêts dans l’Aisne. Durant  cette cérémonie, le député de la Guadeloupe Olivier Serva a appelé qu’il faut oser regarder l’histoire en face. « L’histoire de la France doit être pleinement assumée avec ses parts de lumière et avec le courage de regarder en face ses parts d’ombre. Il est l’histoire de la France et aussi celle du monde »