©Twitter / Annick Girardin
La ministre des Outre-mer Annick Girardin a souhaité mercredi à Papeete (jeudi à Paris) que la France « assume les essais nucléaires en Polynésie » et que les engagements pris par François Hollande, venu deux ans plus tôt à Tahiti, soient tenus.
Annick Girardin a installé l’Institut d’archives et de documentation sur le fait nucléaire en Polynésie française. Un comité constitué de représentants de l’Etat et de la Polynésie, d’experts, d’universitaires et d’associations, est chargé de bâtir ce projet. La Ministre des Outre-mer a également gelé la vente de l’ancien Commandement de la Marine, un terrain situé sur le front de mer de Papeete, qui pourrait accueillir ce lieu de mémoire.
« On verra ça quand on sera morts », a réagi Roland Oldham, président et co-fondateur de Moruroa e tatou, l’association de vétérans du Centre d’Expérimentations Nucléaires. Lui ne croit plus aux « promesses de l’Etat » et souhaite surtout que les vétérans touchés par des maladies radio-induites soient indemnisés. Seuls quelques-uns d’entre eux l’ont été, alors que plus de mille dossiers sont en attente. « Le Civen (Comité d’Indemnisation des Victimes du Nucléaire) a vu sa dotation doubler pour indemniser les victimes », a dit Annick Girardin. Elle a aussi rappelé que l’Etat finance le service oncologie du centre hospitalier de Tahiti.
Un an après la reconnaisance du fait nucléaire en Polynésie Francaise, une nouvelle étape est franchie aujourd’hui avec l’installation d’un comité de projet « Institut d’archives et de documentation sur le fait nucléaire » et l’identification d’un lieu pour l’accueillir à Papeete. pic.twitter.com/cC8m8yfdGz
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) 25 janvier 2018
De 1966 à 1996, les atolls de Mururoa et Fangataufa ont été le théâtre de 193 essais nucléaires. En Polynésie en février 2016, François Hollande avait reconnu l’impact sur l’environnement et la santé de trente ans d’essais et pris une série d’engagements, dont une amélioration du processus d’indemnisation. Les associations s’inquiètent également du risque de transmission de ces maladies aux générations futures. « S’il faut faire une étude sur la transmission génétique, nous la ferons (…) Je ne sais pas quelle forme cela prendra, mais il y aura une réponse », a-t-elle assuré. Ces derniers jours, la révélation d’un rapport du pédopsychiatre Christian Sueur, laissant supposer des répercussions mentales des essais sur les jeunes générations, ont vivement fait réagir l’opinion publique.
Assises des Outre-mer et câble sous-marin
La ministre affirme être le premier membre d’un gouvernement français à venir rencontrer les associations anti-nucléaire en Polynésie. « J’ai conscience que les Polynésiens ont attendu longtemps une réponse qui n’est pas venue ; les engagements seront tenus », a-t-elle déclaré. Une commission paritaire, créée par décret le 21 novembre, devra aussi réfléchir à un nouveau cadre d’indemnisation.
Point d’étape sur l’engagement de la Polynésie Française dans les Assises des #OutreMer : 80 heures de débat, 850 citoyens mobilisés sur 5 archipels ! Je salue un travail collectif de grande qualité entre État, élus et société civile. pic.twitter.com/Q69FY9aALp
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) 24 janvier 2018
En Polynésie, Annick Girardin a également dressé un bilan d’étape des Assises des Outre-mer, qui doivent s’achever en mai. Chaque collectivité peut proposer ses projets, dans une logique de « différenciation » chère au président Macron. Les quelques participants en Polynésie ont orienté les leurs vers les transports, le développement économique, la lutte contre les addictions, l’éducation ou encore la transition numérique. Sur ce dernier point, Annick Girardin a annoncé que l’Agence du numérique participerait au financement d’un projet de câble sous-marin, du gouvernement polynésien, pour rompre l’isolement des îles éloignées de Tahiti, notamment des îles Marquises, où la Ministre s’est dite favorable à une évolution statutaire.
Avec AFP.