Pêche au thon : Les nations du Pacifique contre les velléités américaines de relever les quotas

Pêche au thon : Les nations du Pacifique contre les velléités américaines de relever les quotas

©Allen Shimada / NOAA

Les nations insulaires du Pacifique sont vent debout contre la volonté affichée par les États-Unis d’augmenter leurs quotas de pêche dans la région, les accusant d’entraver les efforts pour mettre en place une industrie durable.

La Commission des pêches du Pacifique occidental et central (WCPFC) se réunit jusqu’à vendredi à Honolulu et les États-Unis devraient, à cette occasion, demander le relèvement de leur quota de pêche au thon obèse, une espèce appréciée en particulier pour le sashimi. Les 26 États membres doivent s’accorder sur la politique de pêche dans le Pacifique, qui représente 60% des prises mondiales de thons, un marché annuel d’environ six milliards de dollars.

Les membres sont pour la plupart des États insulaires du Pacifique, mais la Commission comprend aussi des nations dites de « pêche lointaine », en particulier l’Union européenne, la Chine, les États-Unis, la Corée du Sud, le Japon et Taïwan.

Les États insulaires les accusent régulièrement de traîner les pieds quand il s’agit de mettre en œuvre des politiques de pêche durable. Le gouvernement du président américain Donald Trump va chercher à obtenir cette année le droit de capturer davantage de thons obèses comme récompense pour avoir respecté les règles de surveillance de la Commission, selon les documents remis à celle-ci par Washington.

Les industries de pêche sont supposées déployer sur au moins 5% de leurs bateaux des observateurs indépendants chargés de veiller au respect des quotas et de collecter des données fiables. Cependant, la plupart des pays ne respectent pas cette obligation, à l’exception des États-Unis.

Ludwig Kumoro, directeur général des Parties prenantes à l’accord de Nauru, un regroupement d’îles du Pacifique, a estimé que le quota américain ne devait pas être relevé au seul motif que Washington respecte les règles.  « La traçabilité ne doit pas servir à augmenter les seuils », a-t-il déclaré aux journalistes. « Nous devons en fait nous focaliser sur des mesures de préservation qui soutiennent la pêche durable ».

Manu Tupou-Roosen, patronne de l’Agence des pêches du Forum des îles Pacifique (FFA) a fait valoir que son but était de « maintenir les mesures de protection des thons tropicaux, pas d’affaiblir les mesures existantes ». L’ONG Pew Charitable Trust a jugé « intéressante » la proposition américaine mais s’est montré réticente face à toute mesure qui déboucherait sur une augmentation du nombre de thons pêchés.

« Si on augmente les prises de thon obèse via une proposition, il faut les réduire ailleurs », a expliqué Dave Gershman, spécialiste de la protection du thon de l’ONG. « S’ils arrivent à faire en sorte de ne pas augmenter les prises globales de thon obèse, cela serait une solution mais pour le moment, je n’en suis pas sûr ».

La Commission des pêches du Pacifique occidental et central (WCPFC) :

La WCPFC (Western and Central Pacific Fisheries Commission) a été créée par la Convention pour la conservation et la gestion des stocks de grands poissons migrateurs (notamment le thon) du Pacifique occidental et central, entrée en vigueur le 19 juin 2004.

Sa zone d’action couvre les zones économiques exclusives des pays océaniens à l’intérieur desquelles des mesures de gestion compatibles avec celles de l’organisation doivent être mises en place par les États côtiers.

La WCPFC comporte 25 membres : l’Australie, la Chine, le Canada, les Îles Cook, l’Union européenne, les États fédérés de Micronésie, Fidji, la France, le Japon, Kiribati, la République de Corée, la République des Îles Marshall, Nauru, la Nouvelle-Zélande, Niue, Palau, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Philippines, Samoa, les Îles Salomon, Taipei chinois, le Royaume de Tonga, Tuvalu, les États-Unis d’Amérique et le Vanuatu.

Hormis les membres de la WCPFC, de nombreux territoires sont présents à cette commission dont la participation est décidée, sur une base annuelle, par la WCPFC : les Samoa américaines, les Îles Mariannes du Nord, la Polynésie française, Guam, la Nouvelle-Calédonie, Tokelau ainsi que Wallis-et-Futuna.

La WCPFC compte trois instances :

  • Le comité scientifique : il fait des points de situation sur les stocks, les dynamiques de population… et des recommandations en relation avec l’état des stocks.

  • Le comité technique et de contrôle : il étudie le respect des mesures de gestion par les membres et propose également des mesures appropriées.

  • La réunion plénière : elle prend les décisions.

Avec AFP.