©J.Amiet/ Compagnie Montagne d’Or
Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a fait part mercredi devant l’Assemblée de ses réticences face au grand projet minier Montagne d’or en Guyane, estimant qu’il y avait « intérêt » à « remettre à plat » les impacts environnementaux et les bénéfices économiques du projet.
Il était interpellé, lors des questions au gouvernement, par le député de Guyane Gabriel Serville (GDR), qui lui a demandé de prendre « un moratoire sur l’utilisation du cyanure » et de « recueillir l’avis des Guyanais par voie référendaire » sur « ce projet qui risque de marquer à tout jamais leur territoire ». Selon le député, le projet va apporter « moins de 1% des recettes potentielles aux collectivité locales », et l’environnement « risque de souffrir du déversement de plusieurs tonnes de cyanure par jour ».
Le projet, décrié par les associations environnementales, prévoit l’exploitation à ciel ouvert d’une mine d’une superficie de 8 km2, à partir de 2022, au sud de Saint-Laurent du Maroni, en forêt tropicale, via un procédé de récupération de l’or par cyanuration en circuit fermé. « Vous me voyez soulagé qu’un député de la Guyane ne cède pas spontanément aux miroirs aux alouettes », a déclaré Nicolas Hulot. Plusieurs parlementaires et élus guyanais sont favorables au projet, qui permettrait la création de 750 emplois directs et 3.000 emplois indirects, selon ses promoteurs.
.@GabrielServille (GDR) demande un moratoire sur le grand projet d’extraction aurifère en Guyane dont les fruits risquent d’être captés par des multinationales et qui pourrait aboutir au déversement de « plusieurs tonnes de cyanure par jour ». #QAG #DirectAN pic.twitter.com/QVByeVlVNP
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) 13 juin 2018
« Vous avez raison, on ne se posera pas suffisamment de questions avant de se prononcer sur ce projet, et les mises en garde que vous évoquez doivent être prolongées et instruites. Les impacts environnementaux, les bénéfices économiques, nous avons
intérêt à remettre tout cela à plat », a déclaré Nicolas Hulot.
Le ministre a rappelé qu’il revenait de Guadeloupe et de Martinique, « où soi-disant au bénéfice de l’économie, nous avons laissé faire notamment la prolongation de l’utilisation du chlordécone (pesticide cancérogène et perturbateur endocrinien, ndlr) pendant des années, avec les dégâts que vous connaissez (…). Essayons de ne pas reproduire les mêmes erreurs », a-t-il dit.
« Un moratoire peu efficace »
Il a souligné qu’un débat public était en cours en Guyane sur la Montagne d’or. « Ca c’est quelque chose de nouveau, car contrairement au passé, aucune décision n’est prise, on doit d’abord écouter les citoyens, leurs inquiétudes ». Pour le ministre, la Guyane souffre déjà de « terribles conséquences de l’orpaillage illégal, qui déverse mercure et cyanure en toute clandestinité dans les rivières ».
« Face à cela, un moratoire serait sans doute peu efficace car les orpailleurs savent s’affranchir de toutes les règles », mais l’Etat va relancer la lutte « en mobilisant de manière plus forte et plus cohérente les services et organismes de l’Etat concernés ». Lorsqu’il était ministre de l’Économie, Emmanuel Macron a soutenu le projet Montagne d’or.
Avec AFP