Escales au bout du Monde: Un ouvrage en hommage à la biodiversité des TAAF

Escales au bout du Monde: Un ouvrage en hommage à la biodiversité des TAAF

©Bruno Marie / Escales au bout du Monde

Début janvier 2016, Stéphanie Legeron et Bruno Marie ont publié Escale au Bout du Monde, un ouvrage mêlant photographie et texte en hommage à l’environnement, la nature et la biodiversité des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Egalement décliné dans une exposition itinérante à l’occasion des 60 ans des TAAF, Outemers360 vous présente l’essence de cet ouvrage à travers les explications de Stéphanie Legeron.

Les Terres Australes et Antarctiques françaises s’étendent sur une superficie totale de 2,2 millions d’hectares, et sont divisés en 5 districts: : les îles Éparses autour de Madagascar, l’archipel de Crozet, les îles Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam aux confins austraux de l’océan Indien, et enfin la Terre Adélie sur le continent Antarctique, « autant de territoires fascinants, où l’homme n’est qu’en escale ». Durant 6 mois, Stéphanie Legeron et Bruno Marie ont sillonné ces terres peuplées de phoques, d’éléphants de mer, d’albatros et autres oiseaux marins, d’orques et de scientifiques aussi, et ont publié Escales au bout du Monde, un recueil photographique en hommage à la biodiversité des TAAF. Contactée par Outremers360, Stéphanie Legeron a répondu à nos questions et nous parle de son futur projet qui rassemblera cette fois-ci la totalité des Outre-mer.

©Bruno Marie

©Bruno Marie

Pouvez-vous vous présenter, nous présenter votre ouvrage et ce qui vous a mené à entreprendre une telle aventure ?

Bruno Marie est photographe-graphiste et moi, photographe et rédactrice des textes de l’ouvrage. Je me suis également occupée de toute la préparation et de la recherche des partenaires. Escales au bout du monde est un ouvrage avec des photographies et du texte. Il y a un équilibre entre le texte et l’image. Les textes présentent l’ensemble des cinq districts des TAAF. La mission que nous avons proposée à la préfecture des TAAF, c’était de réaliser le premier beau livre sur l’ensemble de ces 5 districts: son environnement, sa biodiversité et la recherche également puisque les TAAF sont des terres de science et on a pu rencontrer lors des reportages de nombreux chercheurs. On a voulu mettre dans le livre les témoignages de ces scientifiques. Au total, il y a dans le livre 65 portraits-témoignages.

Combien de temps a pris la réalisation de cet ouvrage ?

Il y a eu déjà, à peu près un an de recherche de partenaires. Il y a eu ensuite 6 mois de reportage sur le terrain avec des missions qui allaient de quelques heures à deux mois d’affilés aux Kerguelen. Ensuite il y a eu un an d’écriture et de maquette, en 2015. On peut dire que c’est un projet qui a pris environ trois ans pour la réalisation.

©Bruno Marie / Escales au bout du Monde

©Bruno Marie / Escales au bout du Monde

Comment avez-vous vécu ces 6 mois sur ces terres éloignées et seulement peuplées d’animaux où on se sent vraiment à l’autre bout du monde ?

C’est tout à fait ça, on a cette sensation d’être vraiment dans des lieux quasiment vierges, à l’état de nature et avec beaucoup de communautés d’animaux, c’est ce qui surprend et ce qui fascine le plus. Nous vivons à l’île de La Réunion et on se rend compte qu’à côté, l’île de La Réunion est très peuplée, très polluée. Aux TAAF, il y a vraiment rien, aucune trace de l’homme. Dès qu’on sort des bases militaires, il n’y a aucun sentier, aucun bâtiment, et on se retrouve dans des cabanes qui se trouvent à au moins 10 km de tout être humain, au milieu de colonies d’albatros ou d’éléphants de mer. C’est une véritable immersion dans la nature.

Le ministère de l’environnement a annoncé la candidature de la réserve naturelle des TAAF au Patrimoine mondial, qu’en pensez-vous ?

Je pense que c’est une bonne chose. L’administration d’Etat a annoncé ça comme un pas en avant pour protéger les espèces et les ZEE. C’est une bonne chose pour ces espèces et les écosystèmes des TAAF et il faut les préserver.

©Bruno Marie / Facebook / Escales au bout du Monde

©Bruno Marie / Facebook / Escales au bout du Monde

Justement, d’après votre expérience sur le terrain, est-ce que les moyens sont suffisants pour la protection de la biodiversité ?

Ce qu’on a pu voir, c’est que dans les TAAF la protection de la nature n’est pas qu’un discours, c’est une réalité de terrain. Par exemple, quand vous êtes sur le Marion Dufresne, qui est la navire de desserte des TAAF, vous avez une série de documentaires à bord qui sont présentés, des exposés scientifiques qui sensibilisent les touristes dès le voyage en bateau. Au delà de ça et avant de descendre du Marion Dufresne, les touristes doivent décontaminer tous leurs effets personnels, les semelles des chaussures par exemple pour éviter qu’il y ait des graines ou des espèces qui puissent s’introduire à terre. Quand on fait des randonnées dans les zones protégées, il peut arriver qu’on soit équipé de raquettes pour éviter de piétiner les sols. Et puis il y a des choses qui sont faites pour limiter le bâti, les infrastructures qui y ont été construites. Par exemple à Crozet, dans la baie du Marin où se trouve la base d’Alfred Fort, il y a des locaux scientifiques entourés de murets et un des projets de la réserve naturelle est de détruire une partie de ces bâtiments pour laisser plus de place aux manchots. Il y a vraiment du concret qui est fait sur le terrain et de ce que j’ai pu voir, c’est un succès.

Stéphanie Legeron et Bruno Marie sur l’île de la Possession à Crozet, avec en arrière-plan le Marion Dufresne et l’île de l’Est ©DR

Stéphanie Legeron et Bruno Marie sur l’île de la Possession à Crozet, avec en arrière-plan le Marion Dufresne et l’île de l’Est ©DR

Vous avez d’autres projets dans d’autres Outre-mer ?

Oui, j’ai un autre beau projet de réalisation cette fois-ci sur tout l’Outre-mer, les 13 territoires réunis. C’est une première car il n’y a jamais de livre qui rassemble tous les territoires. C’est un projet ambitieux, une aventure un peu risquée mais qui avance assez bien avec des partenaires comme le Ministère des Outre-mer, l’Unesco. L’idée est de montrer dans un même ouvrage et une même exposition toute la diversité des Outre-mer avec toujours comme fil conducteur l’environnement, la nature et la biodiversité.

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