Cabane à Rhum La Mauny ©Tux Man / Wikimedia Common
A l’instar de l’Ecosse qui a su très tôt associer la production de Scotch whisky à son territoire, les industriels du rhum et de la canne à sucre de Martinique veulent développer le « spiritourisme », faisant de l’alcool local un produit d’appel pour les touristes.
Ce nouveau type de tourisme thématique autour des spiritueux permet la découverte des outils de production, de savoir-faire ancestraux, de procédés de fabrication ou encore de métiers. Une nouvelle façon d’aborder la découverte d’un pays, d’une région ou d’un territoire. Les industriels martiniquais voient dans cette nouvelle pratique la possibilité d’attirer davantage de touristes grâce au rhum, explique Charles Larcher, le président du Comité martiniquais d’organisation et de défense du marché du rhum (Coderum).
« Nous sommes l’un des promoteurs essentiels de la Martinique agricole, industrielle, du savoir-faire. Nous sommes très attachés à la préservation du patrimoine et surtout à sa valorisation culturelle, économique et sociale », affirme-t-il. Pour s’engager dans cette voie du « spiritourisme », les entreprises ont réalisé des investissements importants pour la restauration des sites, la construction de nouveaux bâtiments, l’amélioration des parcours de visite. Des personnels ont notamment été formés pour l’accueil de ce nouveau type de touristes. « Le tourisme est devenu un véritable métier de la filière », indique Charles Larcher. En 2018, la dizaine de distilleries présentes en Martinique devraient recevoir près de 700 000 visiteurs. A l’horizon 2021-2022, la filière espère que le « spiritourisme » aura permis la visite d’un million de touristes en Martinique.
Appellation d’origine contrôlée
Pour atteindre leur but, les producteurs de rhum ont déjà un premier atout en main. Le rhum agricole issu des distilleries martiniquaises est le seul à bénéficier de l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). Une reconnaissance de qualité et d’authenticité appréciée par les consommateurs internationaux. Depuis le 13 avril, la Martinique a une nouvelle carte à jouer. La distillerie Neisson, située dans la commune du Carbet (nord), a obtenu le label des Entreprises du Patrimoine Vivant (EPV). Une première pour une distillerie d’outre-Mer qui vient s’inviter dans la cour des marques de renom telles qu’Hermès ou Baccarat. Ce label d’Etat met à l’honneur les maisons qui revendiquent un patrimoine économique spécifique issu de l’expérience manufacturière, la mise en œuvre d’un savoir-faire rare reposant sur la maîtrise de techniques traditionnelles ou de haute technicité, et enfin l’attachement à un territoire.
Un chiffre d’affaire de 400 millions d’euros
Cette labellisation est un véritable coup de pouce pour la gérante Claudine Vernant-Neisson: « C’est un honneur pour notre maison, mais c’est aussi un honneur pour toute la filière canne, sucre, rhum. J’espère que ce label bénéficiera en termes de rayonnement et de résultats à toute la filière et à la Martinique ». Elle estime également que cette récompense aura un impact au niveau de l’export. Elle espère cependant que ce prix permettra prioritairement de protéger l’entreprise et plus particulièrement les terres sur lesquelles poussent les cannes à l’origine de ce spiritueux blanc ou ambré.
Le marché du rhum martiniquais représente un chiffre d’affaires d’environ 400 millions d’euros. En 2017, 16 millions de litres de rhum ont été produits en Martinique. Plus de 80% de cette production est expédiée principalement en métropole (1er marché) et dans une centaine de pays dans le monde.