Tourisme en Outre-mer: La gastronomie ultramarine comme nouvel enjeu identitaire et vecteur de développement touristique

Tourisme en Outre-mer: La gastronomie ultramarine comme nouvel enjeu identitaire et vecteur de développement touristique

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Mandatée par le Ministère des Outre-mer, la société Majorine dirigée par Madly Schenin-King a présenté lors des 3èmes rencontres nationales du tourisme Outre-mer une étude sur la valorisation des gastronomies des Outre-mer.

Si la richesse de la gastronomie des Outre-mer est souvent citée, elle reste cependant peu valorisée. Un sondage IPSOS de 2015 indiquait que les Français de l’hexagone affichaient « une connaissance rudimentaire et floue des richesses gastronomiques ultramarines, alors même que leur tropisme pour les nouveaux goûts, les recettes d’ailleurs est certain et trans-générationnel ». De plus, la gastronomie ne motive que 7 % des voyageurs dans les choix des déplacement des touristes européens contre l’environnement (32 %), suivi de l’héritage culturel (27 %) et les loisirs et distractions à 14 % selon une étude réalisée par la société Gallup pour la Com- mission européenne.

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Partir d’une richesse à la fois sous-exploitée et menacée

La gastronomie ultramarine, selon cette étude, souffre d’abord d’une formalisation tardive de son savoir-faire même si le web est un autre moyen par lequel les gastronomies ultramarines se démocratisent aujourd’hui. L’art culinaire des Outre-mer est sujet à l’évolution des pratiques alimentaires mais aussi partagé entre « les partisans d’une cuisine évolutive qui réinterprète certains plats, et ceux qui s’inquiètent de la disparition des traditions ».

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Le Rhum de Martinique, la crevette de Nouvelle-Calédonie, le melon de Guadeloupe ou encore l’ananas victoria de La Réunion et la Vanille de Tahiti sont autant de produits locaux plébiscités pour leur qualité tant au niveau national qu’international mais restent encore enfermés dans des circuits de distribution éloignés du consommateurs lambdas. « Hors rhum et dérivés, l’export de produits agro-transformés ultramarins trouve essentiellement des débouchés dans l’hexagone et dans des circuits spécialisés épiceries fines & exotiques mais assez peu en grande distribution hors opérations “spot”. […] Des entreprises hexagonales se sont même positionnées sur le marché exotique et sont plus compétitives en grandes surfaces. […] ». « Les produits sont peu connus en dehors de ceux qui ont voyagé en Outre-Mer. La notoriété est relativement faible à l’exception de la diaspora » précise dans cette étude Johann Remaud, coordinateur actions/réseau Outre-Mer, Business France.

Au développement d’un tourisme gourmand

Malgré tout, les Outre-Mer se montrent désireux de développer un tourisme gourmand. Depuis quelques années émergent concours culinaires, manifestations autour d’un produit agroalimentaire, festivals valorisant la cuisine de ces territoires.

Au-delà de l’aspect promotionnel, les acteurs locaux doivent également se poser la question de l’offre culinaire locale car une fois sur place, le touriste doit pouvoir déguster la destination ! Or, le recensement, la structuration et la commercialisation de l’offre sont faiblement avancés et ce, alors que le panel d’activités et de loisirs culinaires est large: restaurants, dégustations, circuits, événements, etc. Ces derniers doivent être dressés comme des priorités pour favoriser le développement d’un tourisme gourmand.

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Le rapport dresse ainsi plusieurs recommandations pour parvenir à cet objectif. D’abord, renforcer l’observation économique (mieux connaître les clientèles et leurs comportements en matière de gastronomie, mais aussi mieuxsuivre au mieux les évolutions locales du secteur), optimiser l’organisation interne ( fédérer les acteurs, mettre en place un référent « tourisme culinaire » au sein des comités régionaux ou créer un groupe de travail spécifique à cette thématique entre autres), recenser les professionnels de la gastronomie et alimenter régulièrement une base de données d’acteurs susceptibles d’apparaître dans des campagnes de promotion.

Autres pistes évoquées : les territoires doivent également s’efforcer de favoriser des passerelles entre le secteur du tourisme et celui de la gastronomie en travaillan sur la mise en réseau sur le terrain, l’amélioration de la lisibilité de l’offre, l’élaboration de produits touristique (circuits, itinéraires, routes, etc.), raconter le territoire en élaborant des positionnements différenciés pour les territoires ultramarins d’un point de vue gourmand. Enfin, Le développement du segment gastronomique manque d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs permettant de mesurer l’efficacité des actions par la mise en place d’un scoring des événements pour mesurer leur « touristicité ».

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Madly Schenin-King lors de sa présentation lors des 3èmes rencontres nationales du tourisme Outre-mer

Rapport complet sur la valorisation des gastronomies des Outre-mer 2018