Nickel : La crise fait ses premières victimes

Nickel : La crise fait ses premières victimes

La chute du cours du nickel à la bourse de Londres vient de faire ses premières victimes. Le Brésilien Votorantim Metais a mis deux sites à l’arrêt et l’Australien Queensland Nickel a été placé en liquidation judiciaire. Du côté de la Nouvelle-Calédonie, Eramet, le Glencore et Vale tiennent bon, mais tous ne s’en sortiront pas.

C’est au Brésil que la chute du cours du nickel et la crise qui en découle a fait sa première victime. Votorantim Metais a préféré se concentrer sur le ciment, plus rentable, et fermera ce mois-ci ses deux sites de Niquelandia et Sao Miguel Paulista. Temporaire, la fermeture prendra fin lorsque le marché deviendra plus favorable. Un millier d’emplois seront détruits par conséquent et 25 000 tonnes de cathodes seront retirées du marché. Parallèlement, un autre Brésilien, Mirabela Nickel, a annoncé une baisse de production de 12 500 à 16 000 tonnes de nickel en 2016. La Chine s’est engagée à couper environ 80 000 tonnes, mais les analystes restent sceptiques face à cette annonce.

Le site Niquelandia de Votorantim Metais est en grande difficulté depuis la crise du nickel. Il fermera ce mois-ci, jusqu'à nouvel ordre ©Paulo Vitale

Le site Niquelandia de Votorantim Metais est en grande difficulté depuis la crise du nickel. Il fermera ce mois-ci, jusqu’à nouvel ordre ©Paulo Vitale

Ces annonces suffiront-elles à rééquilibrer le marché ? Non, selon le magazine spécialisé Usine Nouvelle. Le marché est en grave surcapacité avec des stock au plus haut en 2015. Ces stocks beaucoup trop élevés ont entrainé la chute du cours du nickel, – 41% en 2015, qui est au plus bas depuis 2003. L’année 2016 ne devrait pas être meilleure, avec des prévisions de cour échelonné entre 7500 et 7800 dollar la tonne. Cependant, les experts prévoient un léger déficit sur le marché mondial cette année, déficit compris entre 10 000 et 30 000 tonnes, ce qui devrait réduire les stocks. L’un des premiers producteurs mondiaux estime que la production doit être réduite de 30% pour que le secteur renoue avec les marges.

Qui sera la prochaine victime ? Toujours selon Usine Nouvelle, c’est du côté de l’Australie que la crise du nickel devrait faire sa nouvelle victime. Opéré par Panoramic Resources, le site de Savannah entrera en maintenance dès avril afin de « préserver la valeur du minerais restant ». Cependant, c’est la liquidation judiciaire de Queensland Nickel qui inquiète les sociétés minières calédoniennes. La raffinerie de Yabulu à Townsville consomme la quasi-totalité de latérite calédonienne. Si l’activité continue à Yabulu, personne ne sait pour combien de temps. Selon les analystes de Morgan Stanley, la fermeture des usines en difficultés permettrait de rééquilibrer le marché. Un avis partagé que semble partager le Crédit Suisse.

La raffinerie de Yabulu opérée par l'Australien Queensland Nickel a une grande importance pour les producteurs calédoniens ©the-australian.com

La raffinerie de Yabulu opérée par l’Australien Queensland Nickel a une grande importance pour les producteurs calédoniens ©the-australian.com

Selon les deux banques, cinq sites seraient amenés à être fermés, dont trois en Nouvelle-Calédonie ; l’usine du Sud et de Goro du Brésilien Vale ou encore, celle de Glencore à Koniambo. Pour cette dernière, un sursis semble avoir été acté même si le président de Glencore envisageait fortement sa fermeture. En décembre 2015, le groupe a accepté d’investir près de 60 millions pour modifier le four, mal conçu, de l’usine de Koniambo. Il s’agit cependant d’une dernière chance pour l’usine car Glencore ne veut pas « brûler du cash ». Une chose est certaine, au prix actuel du nickel, l’usine de Koniambo n’est pas rentable, « la perte sur chaque tonne de nickel qui sort y est plus importante qu’à Goro (Vale), et qu’à la Société Le Nickel « . Cette dernière, filiale d’Eramet, tente de résister à grands renforts d’économies, le temps que ses concurrents renoncent avant elle.