Le nouveau Canal de Panama entre en service aujourd’hui

Le nouveau Canal de Panama entre en service aujourd’hui

Près de 2 ans après le centenaire de la construction du plus grand projet d’ingénierie du 20ème siècle, la troisième écluse de cet édifice sera inaugurée ce dimanche.

Ce 26 juin 2016, un troisième jeu d’écluses entrera en service. Cette nouvelle voie, plus large et plus longue que les deux premières permettra le passage de navires capables de transporter jusqu’à 14 000 conteneurs. Ces bateaux, les « Post-Panamax », peuvent mesurer jusqu’à 366 mètres de long et 49 mètres de large. Leur capacité de chargement sera presque 3 fois plus importante que les « Panamax » actuels, conçus pour transporter 5000 conteneurs maximum. Après plusieurs années de travaux, des grèves et la somme colossale de 5 milliards de dollars pour la rénovation, c’est un navire chinois, le Cocoshipping, qui a été tiré au sort pour être le premier à traverser l’édifice. D’ailleurs, les Martiniquais ont pu observer  ce géant des mers, jeudi dernier lors de sa traversée inaugurale. Coté festivités, plusieurs personnalités et dirigeants politiques ont été invités pour l’occasion, parmi lesquels le président de Taïwan Tsai Ing-wen et la présidente chilienne Michelle Bachelet, Seront présentes aussi les 30 000 personnes qui ont travaillé sur le chantier au cours de ces 9 années de travaux.

Le nouveau canal de Panama © Courrier International

Le nouveau canal de Panama © Courrier International

Stimuler les échanges Asie-USA

« Le nouveau canal de Panama va faire entrer le fret maritime dans une nouvelle ère » a assuré samedi son administrateur, Jorge Luis Quijiano.  Environ 5% du commerce maritime mondial transite actuellement par le canal du Panama. Le pays souhaite attirer d’ici quatre ans 20 % de ce trafic. Ce projet ambitieux a nécessité neuf ans de travaux et 5 milliards de dollars de dépenses. Les deux nouvelles écluses devraient tripler le volume de marchandises qui transitent chaque année par le canal et, selon les calculs, doubler les revenus du Panama. « L’inauguration du canal de Panama élargi signifie de nouvelles opportunités pour le commerce international et, pour le Panama, le renforcement de ses avantages compétitifs comme centre logistique », explique à l’AFP le président panaméen Juan Carlos Varela. Son agrandissement devrait stimuler les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l’Asie, qui verront se réduire les coûts de transport des marchandises.

Quelles conséquences pour nos ports ultramarins ?

Les ports ultramarins jouissent d’un positionnement géostratégique exceptionnel au plus près des grandes routes du transport maritime mondial, vecteur de développement pour leurs territoires et pour l’Hexagone. En amont de l’inauguration du nouveau jeu du canal de Panama, un conseil interportuaire entre les Grands Ports de Guadeloupe, de Martinique et de la Guyane  s’est récemment tenu pour adopter un stratégie commune dans ce contexte nouveau. Les ports de la Caraïbe ont compris qu’un nouvel enjeu se présente à eux : être ou ne pas être un hub régional. En sortant du canal après avoir chargé en Asie, les navires effectueront dans la région des Caraïbes une ou deux escales. Déjà, dans cette course à devenir un hub international, Kingston en Jamaïque, Cuba sur la partie Nord de l’arc caribéen, Cartagène en Colombie, Cristobal et Manzanillo au Panama ont lâché le peloton. Selon Fritz Pinnock, directeur du Carribbean Maritime Institute interrogé  par le journal de la marine marchande, l’ouverture du nouveau canal va redistribuer les cartes pour dessiner, dans la région, un polygone portuaire. Il existera un ou deux grands hubs qui seront ensuite desservis par des plates-formes régionales. C’est dans cette seconde catégorie que les deux ports des Antilles françaises ont un rôle à jouer : devenir une solution pour les armateurs qui relient d’une part les côtes Est de l’Amérique du Nord et du Sud et, d’autre part, les lignes qui opéreront sur la transversale Est-Ouest.

Mais hormis cette dimension économique, la Guadeloupe et la Martinique partagent également un lien historique. Près de 30 000 Antillais, Martiniquais, et Guadeloupéens sont venus travailler pour creuser le Canal du Panama. Un grand nombre d’Antillais sont morts durant la construction d’un des plus grands canaux du monde.