Un Jumbo Score à La Réunion, filiale de Vindemia ©Groupe Vindémia
L’Autorité de la concurrence a dépêché une mission à La Réunion, arrivée ce lundi, afin de décortiquer le rachat du groupe Vindemia, leader de la grande distribution sur l’île, par le groupe Bernard Hayot (GBH). Une mission inédite en Outre-mer.
Si le rachat est validé, Carrefour démultiplierait ses points de vente sur l’île. C’est ce que craignent les acteurs économiques locaux et de nombreux élus, précise RTL Réunion. Unis, les parlementaires et présidents du Département et de la Région avaient notamment adressé une lettre à Emmanuel Macron au sujet de ce rachat. Compétente dans « tous les projets de rachat ou de fusion qui dépassent une certaine taille », l’Autorité de la concurrence a ainsi envoyé une mission à La Réunion pour étudier ce rachat d’ampleur.
« Notre rôle est de veiller à ce que ces opérations ne portent pas atteinte à la concurrence, notamment par le renforcement d’une position dominante ou d’une puissance d’achat qui placerait les fournisseurs en situation de dépendance économique », a expliqué Etienne Chantrel, chef du service des concentrations du gendarme de la concurrence, dans les colonnes du JIR.
Selon Etienne Chantrel, le rachat de Vindemia par Hayot est « la plus grosse opération de fusion-acquisition, en termes de chiffre d’affaires, jamais examinée par l’Autorité en Outre-mer ». « Nous avons commencé à l’examiner avec attention afin de pouvoir mener l’examen le plus approfondi possible, en tirant parti de cette période qui précède le délai légal d’instruction proprement dit », poursuit-il. « Dans la cadre de notre mission, nous auditionnerons les parties prenantes. Nous comptons également procéder à des visites de certains magasins ».
Parmi les parties prenantes qui seront auditionnées : la DIECCTE, l’INSEE, la préfecture, les concurrents, les représentants des fournisseurs, des associations de consommateurs, les syndicats, les personnalités politiques, les représentants des entreprises réunionnaises. « Enfin, nous rencontrerons des représentants de l’Observatoire des Prix des Marges et des Revenus (OPMR) et du Ceser ».
5 à 8 semaines d’attentes, voire plusieurs mois
Pour l’Autorité de la concurrence, un tel rachat a des risques, parmi lesquels une « position dominante de GBH, après ce rachat ». « Il s’agira de vérifier si GBH ne pourrait pas avoir une position de force lui permettant d’augmenter les prix de certains produits », indique encore Etienne Chantrel. « Ensuite, sur le marché de gros, certains fournisseurs risquent-ils de se retrouver en dépendance économique vis-à-vis de GBH ? Enfin, plus généralement, nous examinerons si l’opération peut poser des problèmes pour le consommateur réunionnais en raison de la forte position de GBH dans d’autres secteurs d’activité ».
« Si nous avions des doutes sur ses effets sur la concurrence, qui ne pouvaient être résolus par des engagements, alors nous pourrions envisager un passage dans une phase dite d’« examen approfondi » qui peut déboucher, soit sur une autorisation, soit sur une interdiction totale de l’opération, soit sur des conditions posées à celles-ci », assure encore Etienne Chantral au quotidien réunionnais.
Cette procédure est suspendue à la demande d’autorisation qui n’a pas encore été formellement déposée par le groupe GBH. Le groupe a toutefois initié une procédure de pré-notification. « Ensuite, l’instruction du dossier se fera dans un délai de 5 semaines, étendu à 8 semaines s’il faut discuter de solutions de type engagements. Si jamais le dossier nécessite un examen approfondi, en revanche, il faut compter plusieurs mois de plus ».