La Réunion : La campagne sucrière 2018, une « catastrophe » selon la FDSEA

La Réunion : La campagne sucrière 2018, une « catastrophe » selon la FDSEA

©Emmanuel Virin / IRT

Alors que la campagne sucrière 2018 s’est achevée ce mardi 18 décembre, la FDSEA déplore, dans un communiqué, « moins de 1,5 million de tonnes de cannes livrées ». « Tous les agriculteurs sont unanimes, elle aura été catastrophique, la pire de ces cinquante dernières années », poursuit la fédération, qui met en avant la « diversification » de la filière. 

Au-delà du constat accablant, cette nouvelle campagne aura également révélé toute la fragilité du modèle économique de la filière.

D’une part, il est regrettable d’avoir dû se décider sur une date de fin de campagne par dépit. Si Téréos avait été plus coopératif et plus sensible à la situation des Canniers, en prenant l’initiative de les payer avant Noël que la campagne soit achevée ou non, les prises de position des syndicats en commission mixte paritaire auraient sans doute été bien différentes. Les membres auraient, en tout cas, défendu l’idée d’un report de fin de campagne pour permettre une livraison de toutes les cannes dans des conditions acceptables.

A l’heure où le ballet des engins agricoles s’est officiellement arrêté, force est de constater que certaines exploitations détiennent encore des cannes à couper. Les délais impartis étaient trop courts pour faire le nécessaire. La conséquence est fâcheuse pour les agriculteurs : c’est une énième perte de revenus !

L’organisation de la filière ne peut pas reposer sur un seul interlocuteur, côté industrie. La relation n’est pas équilibrée. La FDSEA et les JA ont des pistes de réflexion sur des alternatives possibles, il est temps de les approfondir à la Chambre d’Agriculture, avec ses partenaires et les pouvoirs publics, et de transformer les plus pertinentes en projets concrets.

D’autre part, il est bon de prendre conscience que les aléas climatiques à répétition de ce début d’année risquent de se reproduire fréquemment. Nous devons en tenir compte.

Quant au mouvement des Gilets Jaunes, il reste exceptionnel sous bien des aspects, tout particulièrement par son ampleur et sa durée. Pour le monde agricole, qui est resté et reste solidaire sur le fond, la grogne sociale aura été une nouvelle et douloureuse illustration d’un réel problème de fond, pour lequel il convient d’apporter des solutions concrètes et pérennes.

L’heure n’est définitivement plus à poser un pansement. L’organisation de la filière ne peut plus reposer sur la seule production de canne-sucre. Les exploitations sont trop fragiles et exposées à trop d’incertitudes pour prendre le risque de la monoculture. Aussi, la diversification dans la filière canne ne doit plus seulement être envisagée. Elle doit faire l’objet d’un réel investissement de la Chambre d’agriculture. Ce n’est plus sur le papier qu’il convient d’aborder le développement de nouvelles filières comme la production de canne-énergie, de canne pour aliment de bétail, pour de nouvelles unités de fabrication de rhums, mais bel et bien aux côtés des Agriculteurs, en les apportant un soutien technique et financier et en les accompagnant à repenser le développement de leurs activités.