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Les premières réunions publiques concernant le projet minier de la Montagne D’or débutent dès ce 3 avril dans la ville de Saint-Laurent du Maroni. Très controversé, le début de l’exploitation minière est prévu pour 2022.
Mené par le canadien Columbus Gold et le russe Nordgold, le projet Montagne d’Or est considéré par ces promoteurs comme la plus grande mine industrielle de Guyane et même du monde. Afin d’obtenir le permis de creuser, ils avancent comme arguments, 780 millions d’euros d’investissement, trois milliards de retombées pour l’économie locale et une extraction respectueuse de l’environnement mais aussi la création de 3700 emplois directs et indirects. De quoi convaincre de nombreux élus locaux et de socioprofessionnels dans une collectivité où le chômage atteint 22% de la population.
En effet, il est soutenu par le Medef, la Chambre de commerce et d’industrie, la quasi totalité des élus du littoral, le président de la Collectivité territoriale de Guyane, Rodolphe Alexandre et même le président de la République Emmanuel Macron. Ce dernier avait lors de son déplacement en Guyane à l’occasion de la 22 ème Conférence des RUP, avait réaffirmé son aval à ce chantier. « C’est un projet qui, sur ses fondamentaux, peut être bon pour la Guyane », déclarait Emmanuel Macron.
Les opposants à ce projet sont aussi nombreux. Au premier rang, les associations écologiques, environnementalistes et les organisations de populations amérindiennes. On peut ainsi citer l’ONG de protection de l’environnement WWF, par la voix de son directeur général Pascal Canfin. Etudes à l’appui, ce dernier estime que la Montagne d’Or « est une aberration économique et une aberration en terme de rendement de l’argent public investi ».
Un avis partagé au sein du collectif « Or de question », un collectif qui regroupe 22 associations guyanaises et 120 ONG nationales et internationales. Selon ce collectif, il faut s’appuyer sur d’autres filières d’avenir comme la pêche, les énergies renouvelables ou l’éco-tourisme entre autres.
Un débat public à doubles enjeux
Face à ces oppositions, le débat public s’annonce houleux. « Un projet tel que celui de la Compagnie minière Montagne d’Or doit, dès sa conception, tenir compte de multiples facteurs, y compris l’avis des populations. Ce débat est un lieu d’échange. Je ne m’attends pas forcément à ce que tous se comprennent, mais tout du moins, je souhaite que l’on s’écoute pour pouvoir avancer. », souligne Yunaluman Thérèse, membre de la CPDP (Commission particulière de débat public).
Pour cette première réunion publique, les Guyanais devront débattre autour du thème du « fonctionnement de la mine, les risques et la gestion par le maître d’ouvrage. Un deuxième volet sera ensuite consacré aux questions environnementales de ce projet.
Les enjeux de ce débat public sont doubles. D’abord une interrogation à court terme sur les impacts environnementaux, sociaux, économiques, d’un tel projet comme celui de la Montagne d’Or. Ensuite, il soulève une interrogation à plus long terme sur les perspectives de développement pour ce territoire, un an après un vaste mouvement social qui a fortement paralysé le pays pendant un mois.
#Guyane Montagne d’Or : Les chiffres danseront toutes les danses pour séduire, ils n’effaceront pas ceci: 1) la mine est un cratère dans la forêt d’Amazonie 2) avec les mêmes sommes l’Etat peut financer la formation des jeunes sans emploi
ChT— Christiane Taubira (@ChTaubira) 3 avril 2018