En Nouvelle-Calédonie, la Société Le Nickel tire la sonnette d’alarme

En Nouvelle-Calédonie, la Société Le Nickel tire la sonnette d’alarme

L’avenir s’assombrit pour la Société Le Nickel (SLN), qui a prévenu ce vendredi matin en conférence de presse de la grande précarité de leur situation financière. La trésorerie est au plus mal et les limitations à l’export réduisent la marge de manœuvre. La faillite de la société emblématique de Nouvelle-Calédonie est envisagée.

Le prêt Eramet-Etat consenti en 2016 à hauteur de 63 milliards de Fcfp (527,94 millions d’euros) avait à l’époque permis le sauvetage de la SLN. Cet afflux massif de trésorerie a pourtant ses limites, puisque ces réserves seront totalement épuisées d’ici la fin de l’année. Avec une perte de 10 milliards de francs l’année dernière (83,8 millions), la société est encore loin de la rentabilité. La direction de la société évoque un nouveau besoin d’afflux de capitaux, mais également une augmentation de l’autorisation à l’export, limité à 2 millions de tonnes par an depuis 2019.

Colin McGibbon, directeur général de la SLN nommé en février dernier, s’explique : « Si la situation ne s’éclaircit pas en termes de financements futurs pour livrer le plan, je serais dans l’obligation de mettre en œuvre les procédures de prévention des difficultés des entreprises prévues par la loi ».

Concernant les besoins à l’exportation, il argumente : « Les axes de travail, c’est d’augmenter notre export à six millions de tonnes. Nous avons les demandes d’export qui sont en cours d’autorisation. Et puis nous avons besoin d’avoir une visibilité du prix de l’énergie futur, qui nous permettre de pérenniser le site de Doniambo, surtout les fours de transformation. En interne, nous mettons tout en œuvre pour augmenter notre cadence ».

Au-delà des plans, une situation extrêmement compliquée

L’afflux de trésorerie aujourd’hui ne sera plus assuré par la société Eramet, qui ne souhaite pas financer à nouveau la SLN. Les seules options restantes sont un prêt ou une recapitalisation de la part des deux actionnaires, à savoir la Société Territoriale Calédonienne de Participation Industrielle (STCPI) et l’entreprise nippone Nisshin Steel.
Colin McGibbon précise : « On a besoin d’avoir l’engagement des actionnaires, c’est quelque chose qui se discute aujourd’hui ».

Passé cette problématique, vient ensuite celle de la très épineuse question de la limitation à l’exportation. Pour y remédier, le Code Minier doit être modifié par une loi du pays. Un sujet particulièrement sensible et débattu depuis de longues années, puisqu’il rencontre une très ferme opposition du camp indépendantiste, évoquant la dilapidation des richesses du pays.

L’entreprise a besoin de trésorerie pour passer la fin de l’année. C’est ce qu’annonçait le directeur général Colin…

Publiée par Caledonia la télé qui nous rapproche sur Jeudi 9 juillet 2020

Par Damien Chaillot