Sur le plan économique, l’année 2016 représente une étape cruciale pour le monde économique ultramarin. Jean-Pierre Philibert a confié à Outremers 360 les grands chantiers sur lesquels il compte travailler durant les prochains mois. Des chantiers qui ont en commun un maître-mot : le développement économique des départements ultramarins.
Entre l’égalité réelle économique, la fin prochaine des quotas sucriers en octobre 2017, la question des négociations sur RGEC à Bruxelles, l’année 2016 constitue une année charnière pour les milieux économiques ultramarins. Elle l’est encore plus pour la FEDOM et son président Jean-Pierre Philibert. Pour cette organisation, cette année sera consacrée à réfléchir au développement économique des territoires ultramarins et à faire peser les Outre-mer sur la scène nationale. Pour faire résonner la voix économique des Outre-mer, la FEDOM a commencé à entamer le tour des territoires ultramarins pour recueillir les attentes des différents milieux économiques. Elle a d’ailleurs récemment organisé sur ce point un séminaire inter-régional en Guadeloupe. Un travail qui sera reproduit dans les autres collectivités ultramarines. Toutes les contributions réunies seront inclues dans un ouvrage. La FEDOM se chargera en début 2017 de remettre ce document à tous les candidats à l’élection présidentielle. « Nous veillerons à ce que les Outre-mer ne soient pas les grands absents du débat national. Il ne s’agit pas d’avoir une récupération politique autour des Outre-mer mais nous voulons que, les forces économiques des Outre-mer soient acteurs de ce processus démocratique. » Pour Jean-Pierre Philibert, les Outre-mer malgré des difficultés structurelles, peuvent connaître une croissance exponentielle. « Pendant longtemps, les Outre-mer ont souffert d’être loin de l’Hexagone et de l’Europe mais le hasard de l’Histoire a voulu que nous soyons présents dans ce qui est aujourd’hui, le grand courant des échanges mondiaux. Nos handicaps d’hier peuvent devenir la chance de demain. » ajoute le Président de la Fedom. Un discours qui peut paraître paradoxal lorsque l’on sait que ces zones connaissent un taux de chômage chez les jeunes actifs dépassant parfois les 50 %. Mais Jean-Pierre Philibert est convaincu du potentiel économique que représentent les Outre-mer, une fois débarrassés des préjugés et des clichés dont elle fait l’objet. « Je prends le pari et je crois qu’on va le gagner ! Dans 20 ou 25 ans, les zones de prospérité économique en France seront les territoires ultramarins. Nous avons besoin d’atouts et nous avons besoin que l’on croie en nous ! Qu’on ne nous regarde plus comme des confettis de l’Empire ou un résidu de l’Histoire ! La réalité de nos Outre-mer est qu’il y a aujourd’hui un formidable potentiel de développement, une formidable énergie très forte chez notre jeunesse. Cette énergie-là, elle se traduit dans un dynamisme économique. Il y a beaucoup de jeunes entrepreneurs. Il faut juste leur donner leur chance ! », lance Jean-Pierre Philibert.
L’actualité de la Fédération qui regroupe de nombreuses entreprises ultramarines est marquée par des dossiers brûlants et tout aussi importants pour le développement économique des régions ultramarines. Premier dossier immédiat pour Jean-Pierre Philibert est l’obtention de la part de la Commission Européenne la modification des règles qui permettent à la France de compenser les handicaps permanents structurels dont les territoires sont victimes.« Il s’agit d’un dossier urgent car l’Europe a modifié unilatéralement les règles du jeu, il y a deux ans. La Commission Européenne vient justement d’ouvrir la procédure de négociation. Et si nous n’obtenions pas une révision de ces règles, ce sont de nombreuses filières d’entreprises qui seront menacées car l’Etat français ne pourrait leur accorder la compensation des handicaps dont ces entreprises sont victimes », précise-t-il à Outremers 360.
« L’égalité économique ne sera possible que si le développement économique des Outre-mer s’accélère. »
L’autre dossier que suit particulièrement la FEDOM est celui de la loi pour l’égalité réelle économique entre la France et les Outre-mer, au coeur des discussions depuis la présentation du rapport de Victorin Lurel sur cette thématique. Si Jean-Pierre Philibert reconnaît dans ce document, « un rapport dense à lire avec beaucoup d’attention », il émet toutefois certaines réserves sur certaines recommandations . « Nous souhaitons que ces propositions soient hiérarchisées et classées par ordre d’importance. Pour nous, les propositions importantes sont celles qui vont véritablement permettre d’accélérer le développement économique. Car il faut bien comprendre que l’égalité réelle économique ne se décrète pas, l’égalité économique ne sera possible que si le développement économique des Outre-mer s’accélère. » Parmi les premières mesures à prioriser selon le président de la FEDOM, il y a surtout le maintien de certaines aides de l’Etat en faveur des Outre-mer. Mais dans un contexte de contraintes budgétaires, le gouvernement cherche davantage à se désengager.Pourtant, ce désengagement de plus en plus progressif constitue une perte non négligeable en terme d’investissement en Outre-mer. Cette année, ce sont 150 millions d’euros qui sont en jeu.« Nous demandons que cet argent soit sanctuarisé, c’est-à-dire qu’il reste à l’Outre-mer et qu’il soit réaffecté dans un autre volet », réclame Jean-Pierre Philibert. L’année 2016 s’annonce encore une fois chargée et pleine de défis pour la FEDOM, habituellement sur tous les fronts.
Ecoutez les ambitions du président de la FEDOM, Jean-Pierre Philibert sur le développement économique des Outre-mer