Economie en Nouvelle-Calédonie:  Vers des entreprises adaptées pour les travailleurs handicapés

Economie en Nouvelle-Calédonie: Vers des entreprises adaptées pour les travailleurs handicapés

Pour permettre aux personnes en situation de handicap de trouver un emploi, le gouvernement, lance un appel à projets pour la création d’entreprises adaptées. Employant au minimum 80 % de salariés handicapés, ces entreprises bénéficieront d’accompagnements financiers spécifiques. Une première sur le Caillou. Un article de notre partenaire La Dépêche de Nouvelle-Calédonie

Du côté de l’accès à l’emploi des handicapés, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir en Nouvelle-Calédonie. En 2017, 6 830 adultes sont reconnus en situation de handicap et 3 500 ont la qualité de travailleurs handicapés. Mais les trois quarts d’entre eux sont encore orientés en milieu ordinaire de travail. Et le pire aujourd’hui, c’est que les employeurs volontaires et les travailleurs handicapés en recherche ont du mal à se trouver et surtout à finaliser des contrats de travail. A tel point que beaucoup d’entreprises, qui rappelons-le ont l’obligation d’embaucher des travailleurs handicapés dès lors qu’elles dépassent les 20 salariés, préfèrent payer les « amendes » qui alimentent le fonds dédié au handicap. « Une aberration », pour Valérie Zaoui du Medef, d’autant que le fonds servait auparavant uniquement à équilibrer le régime handicap et dépendance « alors qu’il aurait dû servir à accompagner des entreprises qui souhaitent intégrer des travailleurs handicapés ». Désormais, il financera des aides à l’embauche et permettra notamment l’adaptation des postes de travail, c’est ce qu’ont annoncé début juin le membre du gouvernement en charge du secteur, Christopher Gyges, et les partenaires. 300 millions ont été débloqués pour y contribuer. C’était la première étape d’un vaste plan d’insertion vers et par l’emploi.

La nouveauté annoncée aujourd’hui, c’est le lancement d’un appel à projet pour la création d’entreprises adaptées. Une première du genre en Nouvelle-Calédonie. « La particularité de ce type d’entreprises, c’est qu’elles emploient au minimum 80 % de salariés en situation de handicap, explique Christopher Gyges. Ce sont des entreprises qui ont un véritable objet commercial, contrairement aux associations œuvrant dans ce domaine, mais compte tenu de leurs spécificités, elles bénéficient d’aides dites d’adaptation au poste, mais aussi de subventions spécifiques ». En Métropole, où le dispositif a fait ses preuves, beaucoup d’entre elles fonctionnent par contrat de sous-traitance pour de grosses entreprises. Et elles ne sont même plus cantonnées aux activités de manutention et d’entretien des espaces verts, mais élargissent leurs champs de compétences à des prestations intellectuelles, comme la communication, l’informatique…

Création de 100 postes d’ici 5 ans

Si nous en sommes encore loin, l’avantage est que les entreprises, les établissements publics et les collectivités qui feront travailler ce type d’entreprises pourront s’acquitter de la moitié de leur obligation d’emploi de personnes handicapées. « Les personnes employées par une entreprise adaptée ont déjà une première approche du monde du travail et sont plus facilement transférables vers des entreprises dites classiques ce qui permet une meilleure mobilité des personnes en situation de handicap », se réjouit Valérie Zaoui.

Ce nouvel outil est considéré par les associations comme un maillon supplémentaire vers l’inclusion par le travail, un véritable pont entre le centre d’aide par le travail (CAT) – il n’existe qu’un seul établissement de 85 places en Nouvelle-Calédonie -, et l’entreprise en milieu ordinaire. Pour le Conseil du handicap et de la dépendance (CDH), qui porte l’appel à projets, l’objectif est de créer 100 postes en entreprises adaptées d’ici 5 ans. « C’est un véritable changement car ce projet va permettre aux entreprises de se positionner, d’ouvrir le champ des possibles des handicapés vers la vie ordinaire, tient à préciser Catherine Poedi du collectif handicap. Cela va aussi permettre au monde associatif que nous représentons de se concentrer sur l’accompagnement et l’aspect médico-social comme c’est le cas au CAT ».