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Après avoir été reçu par Christophe Di Donato, Président de la Cité des Dirigeants, Eric Rajaonary, Président du groupement patronal malgache FIV.MPA.NA, a, à son tour, invité de ce dernier sur la Grande Île afin de signer une convention de partenariat entre les deux institutions. Cette convention porte, entre autres, sur les « contributions en termes de savoir-faire et d’ingénierie réunionnais sur la Grande île » et l’accueil d’une antenne du FIV.MPA.NA à La Réunion. Christophe Di Donato, Président de la Cité des Dirigeants, explique:
Cette semaine vous répondez à l’invitation d’Eric Rajaonary sur la Grande île pour signer une convention de partenariat, peut-on dire que le patron des patrons malgaches est un homme pressé ?
Le groupement du patronat malgache FIV.MPA.NA qui fédère 4 000 membres a entamé, dans un mouvement rapide, plusieurs chantiers en faveur de ceux qui prennent des risques entrepreneuriaux. Notre Président du Conseil de Surveillance Gérald Maillot n’était pas en mesure de faire le déplacement ce jeudi, retenu par des obligations à la CINOR. Nous tenions cependant à répondre favorablement à cette invitation. Cela n’a pas été simple d’autant que nous sortions d’une séquence dense avec la CCI Réunion dans le même temps que nous lancions le CPA à la Réunion. Mais l’agilité c’est dans l’ADN de la Cité Des Dirigeants.
Justement dans la convention de partenariat qui vous venez de signer avec le FIV.MPA.NA est-il question du CPA ?
La convention porte sur plusieurs niveaux de synergies. Le premier, important pour le groupement patronal malgache, consiste à accueillir son antenne réunionnaise après avoir ouvert les Etats Unis, le Canada et l’Allemagne. Elle regroupe déjà quarante dirigeants qui dirigent des entreprises à La Réunion. Le patronat malgache a donc choisi La Réunion pour ouvrir son antenne française. Et c’est toute la France océanique qui s’en réjouie.
Le second porte sur des contributions à la fois en termes de savoir-faire et d’ingénierie réunionnais sur la Grande île. Nous allons leur ouvrir l’accès à nos différents contributeurs et leur faire bénéficier de nos conventions d’innovation. Les secteurs qu’ils priorisent sont l’agroalimentaire en vue de développer des circuits courts dans leur pays et avec la zone océan indien. Ce sont des enjeux proches de ceux que nous avons aussi à La Réunion.
Enfin le troisième niveau est de faciliter en effet l’intégration des dirigeants malgaches au sein du programme d’entraînement de haut niveau du Centre de Perfectionnement des Affaires (CPA) que la Cité Des Dirigeants vient de lancer à La Réunion. Eric Rajaonary a beaucoup insisté sur la nécessaire « professionnalisation » des patrons. De notre coté nous sommes heureux de cette union élargie. Chacun devant pouvoir s’enrichir de l’autre.
Samedi dernier vous nous aviez confié une conviction : mettre en place à La Réunion un représentant du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères, pour établir, justement des relations diplomatiques et commerciales avec les pays de la zone. C’est une vision partagée sur l’île ?
Cette représentation pourrait par exemple prendre la forme d’un secrétariat d’État. Rattaché dans le même temps aussi au Ministère de l’Economie et des Finances, pour établir des traités de non double imposition avec les pays de la zone, adapter l’impôt sur les sociétés… toujours en lien avec la Région Réunion. C’est une conviction née d’une confrontation d’idée avec l’un de nos contributeurs, Dominique Vienne, patron de la CPME Réunion. Il en a la paternité. C’est rempli de bon sens vu les freins que les entrepreneurs réunionnais vivent au quotidien. Si j’ai moi même eu l’occasion d’en parler avec le candidat Emmanuel Macron, j’ai aussi confronté cette démarche avec plusieurs députés de La Réunion ainsi qu’avec Gérald Maillot, notre Président du Conseil de Surveillance mais aussi Président de la Communauté de communes du Nord. Il en a instinctivement mesuré la portée géopolitique. Tout reste à faire cependant car La Réunion est un challenger dans la zone. Ne peut-elle pas devenir une vraie puissance pour la France océanique pour peu qu’on lui libère les ailes ? Doit-on encore lui parler de subventions alors qu’elle a plutôt besoin d’investissements ?
Les talents et les atouts -au-delà des mots- sont réels et nombreux. La Réunion « vitrine de la France pour attirer des industriels sur deux niveaux de la chaîne de valeur », c’est parfaitement réaliste. Celle d’abord de la matière grise avec l’innovation puis celle de la production/exportation. Car si la France métropolitaine compte trop peu de « Mittelstand », les ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire) de croissance pourrait sans nul doute trouver une terre fertile à La Réunion à l’image de l’Allemagne. L’écosystème suivra si nos champions nationaux investissent ici sur ces deux niveaux de création de valeur. Pour cela nos champions nationaux et locaux ont besoin que le sujet soir pris par les cornes une bonne fois pour toute. L’union économique sacrée est en marche sans vouloir faire de jeu de mots.