Après les annonces déconcertantes du gouvernement de Santiago, le week-end dernier, l’OPT a fait savoir que les discussions « se poursuivaient » sur la possibilité de faire passer le câble transpacifique chilien par la Polynésie. Un sujet de notre partenaire Radio1.
La Polynésie n’est pas hors jeu. C’est ce qu’a assuré le P-g de l’OPT Jean-François Martin, hier, à propos du câble sous-marin international étudié par Santiago. La précision arrive après une prise de contact, ces derniers jours avec Subtel. Le sous-secrétariat aux télécommunications, autorité officielle du Chili en la matière, a assuré l’OPT que « les discussions allaient se poursuivre » sur ce projet qui est aussi activement porté par le Pays depuis la fin 2018. « Le Chili s’est décidé sur une destination pour son câble, mais d’après nos informations, le choix du tracé ne sera pas arrêté avant le mois de décembre », précise le P-dg.
Des informations parues le week-end dernier dans la presse chilienne avaient créé une certaine perplexité parmi les autorités polynésiennes. Santiago a en effet annoncé que le câble transpacifique, à l’étude depuis plusieurs années, relierait l’Amérique du Sud à l’Australie et pas à l’Asie comme cela avait été longtemps étudié. Dans une communication officielle publiée sur le site de Subtel, mardi, le gouvernement chilien a confirmé « que la route du câble transocéanique passerait par la Nouvelle-Zélande et irait jusqu’en Australie ». Ni la ministre des télécommunications, ni la presse internationale ne font mention de la Polynésie ou de tout autre étape sur ce parcours estimé à plus de 13 000 kilomètres. Il aurait été proposé par le Japon, croit savoir la revue économique Nikkei, qui estime le coût du projet à un minimum de 50 milliards de Francs.
Vers un câble sous-marin numérique entre le Chili et la Polynésie ?
Des arguments et des concurrents
Par le passé, la possibilité d’un raccordement à Tahiti était pourtant régulièrement citée à Santiago. C’était notamment une des options recommandées par une pré-étude menée par la firme Huawei en 2017… Shanghai était alors en bout de tracé. Mais des études de coût et de faisabilité, mêlées à des pressions américaines pour empêcher Santiago de travailler avec Pékin sur un tel projet, ont définitivement exclu la Chine du tracé.
La Polynésie peut-elle se placer sur un tracé Chili – Nouvelle-Zélande – Australie ? La possibilité reste visiblement sur la table, et une communication est prévue, ce vendredi, entre l’ambassade de France à Santiago et le fenua pour faire le point sur les discussions à venir. Géographiquement, un passage par Tahiti – et pourquoi pas par les Gambier – représenterait un détour important : entre 2 000 et 3 000 kilomètres de câble en plus par rapport à une liaison « directe ». Mais l’OPT et le Pays, qui militent depuis longtemps pour une telle liaison, peuvent mettre en avant plusieurs avantages : la possibilité d’interconnexion avec les câbles Honotua et Manatua, la création d’un point d’alimentation au milieu d’un tracé très long, le passage par l’île de Pâques, que Santiago veut, d’une façon ou d’une autre relier à un câble sous-marin… À ce projet s’oppose au moins un autre : un tracé par l’extrême Sud du Pacifique, plus direct, mais qui est considéré comme « plus difficile techniquement » à Papeete. Un trajet porté notamment par l’homme d’affaires Rémi Galasso, déjà à l’origine du câble transpacifique Hawaiki et qui serait lui aussi en discussions directes avec Santiago.
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