Agriculture à Marie-Galante: Guy-Henry Vingataramin, «Il faut un véritable plan de développement sur l’île»

Agriculture à Marie-Galante: Guy-Henry Vingataramin, «Il faut un véritable plan de développement sur l’île»

A l’approche des élections à la chambre d’agriculture de la Guadeloupe, Outremers 360 s’est penché sur la première activité de l’île de Marie-Galante et est allé à la rencontre d’agriculteurs pour obtenir leur regard sur leur profession. Rencontre avec Guy-Henry Vingataramin, propriétaire d’une exploitation agritouristique sur l’île.

Fils et petit fils d’agriculteur, Guy-Henry Vingataramin voue une dévotion sans faille à Marie-Galante, l’île qui l’a vu naïtre. C’est tout naturellement que ce grand-bourgeois va s’installer comme jeune agriculteur en 1988. Passionné par la terre, Guy-Henry Vingataramin sera de tous les combats pour défendre ses pairs et faire avancer la cause agricole: secrétaire général au Cija de Marie-Galante, fondateur de la 1re foire agricole des Jeunes agriculteurs à la Maison familiale de Pirogue en 1987 et 1988, ancien membre de la première Sicama (Société d’interêt collectif agricole de Marie-Galante). Il est aussi à l’origine d’une intervention auprès du député Ernest Moutoussamy, concernant la diminution et l’exonération des cotisations sociales des agriculteurs en difficulté de Marie-Galante, dont les autres départements et territoires d’Outre-mer ont aussi bénéficié.

Après des décennies dans la culture de canne, Guy-Henry Vingataramin dresse aujourd’hui un constat amer concernant l’avenir de cette filière. «Cela va en se dégradant. Notre jeunesse ne peut s’y impliquer car les revenus de la canne n’augmentent pas par rapport au coût de la vie. Depuis longtemps, nous dénonçons cette situation mais rien ne change».
L’exploitant agricole demeure sceptique quant aux perspectives pour dynamiser l’activité notamment avec la mise en place de la nouvelle centrale biomasse. « On va accoupler une centrale de bagasse sur un outil industriel vieillissant» indique Guy-Henry Vingataramin tout en dénonçant un projet qui n’est pas 100% marie-galantais.

De plus, les prévisions pour la prochaine saison cannière 2019-2020 ne le rassure pas davantage.« La vision climatique n’est pas trop proprice à la canne cette année. Le moment où il devait pleuvoir, la pluie ne s’est pas manifestée. Je pense qu’on aura un tonnage identique à la saison précédente».

Aujourd’hui, Guy-Henri Vingataramin appelle à la mise en place d’un véritable plan de développement pour Marie-Galante. « Il faut un plan de développement pour Marie-Galante, construit avec les agriculteurs et les élus politiques». Il cite par exemple, le cas d’une écosseuse de pois d’angole mis à disposition par la Chambre d’agriculture en 2007 et qui est très peu utilisée.

La nécessité de se diversifier

Depuis 2006, il est le fondateur d’une exploitation agritouristique de plus de 6 hectares à la section Buckingam, appelée le Jardin de Buckingham. Depuis 13 ans, Guy-Henry Vingataramin s’attache à valoriser les savoirs et les cultures traditionnels de l’île. Il est l’auteur de plusieurs journées thématiques consacrées aux produits du terroir marie-galantais comme le manioc, le pois de bois, le malanga et sans oublier la Fête de la charrette.

Chaque année, Guy-Henry Vingataramin accueille sur son site du Jardin de Buckingham des visiteurs, des groupes de touristes, des écoles ainsi que des comités d’entreprise, et leur fait découvrir des sites touristiques du secteur, fournit des explications sur les vertus et l’usage traditionnel des plantes médicinales.

Selon lui, l’agri-tourisme constitue un outil incontournable pour compléter les revenus des agriculteurs. «Encore faut-il que l’office du tourisme de marie-galante ou le comité de tourisme des îles de Guadeloupe prennent conscience de l’importance de mettre en avant le tourisme rural sur cette dépendance de l’archipel guadeloupéen» ajoute-il.

Toutefois, l’exploitant agricole ne manque pas d’idée pour développer des activités à la fois agricoles et touristiques. Guy-Henry Vingataramin nourrit par exemple l’idée de mettre en place un « tiercé boeufs-tirants» à l’image du pari mutuel urbain, très apprécié par les marie-galantais. « Cela pourrait faire tourner l’économie, faire entrer des devises, autofinancer les courses.»