Du 22 au 24 octobre 2020, le Prix Carbet de la Caraïbe porté par l’Institut Tout-Monde célébrera son 30ème anniversaire dans le cadre de la 38ème édition du Marché de la Poésie qui se déroulera à Paris du 21 au 25 octobre prochains et dont les invités d’honneur sont cette année les outre-mer. Une célébration qui marque avec une certaine solennité 30 ans de reconnaissance des littératures illustrant la résistance, l’ouverture et la diversité de la Caraïbe, des Amériques et du Tout-Monde.

« Le Prix Carbet de la Caraïbe contribue chaque année à illustrer et raviver la force de création, les imprévus de l’imaginaire, surgis de cet archipel et de ses prolongements, la parole née de tant d’énergies qui là se sont rencontrées et désormais se reconnaissent entre les visions à grand espace des Amériques et la poussée flamboyante des Afriques… », s’extasiait avec son emphase et son érudition habituels l’illustre écrivain martiniquais, Édouard Glissant à propos de ce Prix, dont il a présidé le jury pendant 22 ans.

Fondé à l’initiative de la revue Carbet, le Prix Carbet devenu à la mort d’Édouard Glissant en 2011, et selon le souhait de ce dernier, le Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde, est institué pour récompenser et promouvoir une œuvre de réflexion et de fiction illustrant l’unité-diversité de la Caraïbe, des Amériques et du Tout-Monde. Par un travail de reconnaissance, de mise en relation et d’enseignement, les membres du jury, dont le président est actuellement l’écrivain guadeloupéen Ernest Pépin, ont contribué à l’ouverture des réalités des territoires de la Caraïbe, des Amériques et du Tout-Monde – concept imaginé par Édouard Glissant pour signifier l’interpénétration des cultures et des imaginaires – les unes sur les autres et à la reconnaissance de leurs littératures.

Patrick Chamoiseau, premier lauréat du Prix Carbet 

Le Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout -Monde est organisé tour à tour en Guadeloupe, Guyane, Martinique et en Ile-de-France, sauf en 2014 où il s’est déroulé à Cuba. Décerné en général en décembre de chaque année, ce Prix consiste en la remise d’un trophée représentant un tirage de la sculpture de l’artiste et céramiste martiniquais Victor Anicet intitulé « Bonbon Chouval ».

Depuis 1990, de nombreux auteurs et écrivains de la Caraïbe, des Amériques et du Tout-Monde connus ou en devenir, ont été récompensés, dont l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau, qui en a été le premier lauréat. Ont également fait partie de ce palmarès, les auteurs haïtiens, Dany Laferrière, René Depestre, Lyonel Trouillot, les Guadeloupéennes Maryse Condé, Gisèle Pineau, Gerty Dambury, les Martiniquais Raphaël Confiant, Daniel Boukman et Monchoachi ou encore la Martiniquaise Fabienne Kanor pour ne citer que ceux-là. La dernière lauréate étant Estelle-Sarah Bulle (2018) originaire de la Guadeloupe, primée pour son premier roman « Là où les chiens aboient par la queue ». Un ouvrage mêlant autobiographie et fiction.

Ce travail en faveur de la reconnaissance et de la valorisation des littératures de la Caraïbe, des Amériques et du Tout-Monde date maintenant de 30 années. Cette célébration du 30ème anniversaire que l’Institut Tout -Monde qui porte désormais ce Prix, a décidé de célébrer dignement, en dépit de la crise sanitaire, s’est tout naturellement inscrite dans le cadre de la programmation de la 38ème édition du marché de la poésie, l’une des plus grandes manifestations consacrées à ce genre littéraire.

Une édition 2020 du Marché de la poésie qui avait par ailleurs choisi de braquer ses projecteurs sur la poésie française ultramarine. Une manière de découvrir des poètes d’îles conjuguant le sel du lointain et le parfum du proche. Prévu en juin, cet évènement aura finalement lieu cette année du 21 au 25 octobre et placé sous la présidence d’honneur de Sylvie Glissant, épouse d’Édouard Glissant et directrice de l’Institut Tout-Monde, symbole de résistance, de liberté, d’ouverture et de diversité.

Quatre grands rendez-vous littéraires

Pendant trois jours (22, 23 et 24 octobre 2020), une large place sera faite au Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde. Ainsi, quatre grands rendez-vous, dont deux tables-rondes qui se tiendront à la Maison de la Poésie et deux soirées comprenant des rencontres avec et autour des textes des auteurs de la Caraïbe et du Tout-Monde.

La première table-ronde intitulée « l’anthologie poétique du Tout-Monde » se déroulera en présence des auteurs Raphaël Confiant, Daniel Maximin ou encore Véronique Kanor. La seconde « Les Poétiques d’un champ d’Iles au Tout-Monde » est organisée autour des œuvres littéraires et artistiques de Marie-Josée Alie, Fabienne Kanor, Patrick Chamoiseau, Jacques Martial, Evelyne Trouillot et de quelques autres.

Deux soirées viendront compléter ces rendez-vous : « Poésie en étendue », une soirée présentée par l’acteur et metteur en scène Greg Germain autour des textes de nombreux auteurs caribéens, dont Édouard Glissant lui-même, l’écrivain haïtien Philippe Dalembert et d’anciens lauréats du Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde parmi lesquels Patrick Chamoiseau, Evelyne Trouillot, Maryse Condé, Simone Schwarz-Bart et avec des créations artistiques de Greg Germain, Sophie Bourel et Karim Touré, Jacques Martial, Mariann Mathéus…. Une soirée au cours de laquelle un hommage sera rendu à l’universitaire, musicien, poète martiniquais Jacques Coursil récemment décédé.

Enfin, en apothéose, « la nuit du marché – 30 ans du Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde » en présence notamment d’Ernest Pépin, actuel président du jury et autour des créations poétiques et musicales de Sophie Bourel et Karim Touré, viendront conclure ces trois jours de célébration. Au cours de cette soirée de clôture, il sera procédé à la remise de la dernière édition du Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde, 30ème du nom.

Bref, une célébration à la hauteur de ce dernier grand Prix littéraire de la Caraïbe, des Amériques et du Tout-Monde qui perdure, dans une espèce de « poétique de la relation », selon l’expression de Sylvie Glissant, grâce à l’accompagnement et au soutien des collectivités locales des Antilles-Guyane, de la Réunion et de certains pays comme le Brésil. Autant dire que ce 30ème anniversaire fera date car il marque un « tournant », comme l’assure Sylvie Glissant, dans la suite à donner quant à l’avenir de ce Prix, dont l’ambition de contribuer, comme le suggère Édouard Glissant, à « dessiner pour les humanités contemporaines une géographie nouvelle », reste intacte.

30 ans du Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde : Paris Marché de la poésie
Place Saint-Sulpice
75006 Paris
Les jeudi 22, vendredi 23 et samedi 24 octobre 2020