SPECTACLE. « Dans la peau de Mano » : Quand Florence Naprix remet au goût du jour l’oeuvre de Manuéla Pioche

SPECTACLE. « Dans la peau de Mano » : Quand Florence Naprix remet au goût du jour l’oeuvre de Manuéla Pioche

Après la Guadeloupe où est né le projet, la chanteuse guadeloupéenne, Florence Naprix présente à Paris, sur la scène du Bal Blomet son spectacle musical inspiré de l’oeuvre de Manuéla Pioche « Dans la peau de Mano » le 22 novembre prochain. Un spectacle rempli de surprises mis en scène par Alain Verspan et sous la direction musicale de Stéphane Castry.

Un projet fou

Mais qu’est-ce qui a pu pousser Florence Naprix à s’emparer de ce projet fou qui consiste à revisiter et surtout à réactualiser l’œuvre de Manuéla Pioche, une artiste guadeloupéenne des années 60 qui a, certes, marqué son époque, mais qui reste malgré tout méconnue du grand public ?  Est-ce la volonté de réhabiliter cette artiste morte très jeune à l’âge de 37 ans, dans le dénuement le plus complet ? Est-ce son parcours de femme musicienne qui a su s’imposer dans un monde d’hommes particulièrement machiste à cette époque ? Sont-ce les similitudes qu’elle a cru déceler entre la vie de Manuéla Pioche et la sienne ? Sont-ce enfin les thèmes qu’elles ont développés dans leurs chansons respectives qui les a rapprochés ? Des thèmes qui parlent d’amour, de la place des femmes dans la société guadeloupéenne ou encore de la nécessité des Guadeloupéens de se battre pour une vie meilleure ?

Sûrement toutes ces raisons à la fois. Toujours est-il que Florence Naprix porte ce projet depuis deux ans. Il eut été facile pour elle de faire un album de réinterprétation des plus grandes chansons de Manuéla Pioche qui a joué avec de grands musiciens guadeloupéens tels Al Lirvat, Robert Mavounzy ou Alain Jean-Marie. Mais l’interprète de « Fann Kann » estimait que cette grande dame de la chanson antillaise méritait mieux qu’une simple reprise de ses standards et qu’il lui fallait un hommage un peu plus appuyé eu égard à son talent.

Un mélange de deux univers

Sensible à sa trajectoire musicale et à son histoire personnelle faite de hauts, mais surtout beaucoup de bas, et après mûres réflexions et un certain cheminement, Florence Naprix a cru bon d’entrer « dans la peau de Mano » pour en faire un spectacle musical inspiré de l’œuvre de cette dernière. Un mélange de deux univers :  l’une qui a marqué le patrimoine musical guadeloupéen en dépit de ses fêlures, et l’autre en construction, mais qui commence à se définir et à s’affirmer de plus en plus.

Florence Naprix

Car autrice-compositrice et interprète, Florence Naprix baigne dans la musique depuis sa tendre enfance. A l’âge de de 8 ans, elle s’initie au piano, puis au solfège et au chant à la prestigieuse école Armand Siobud à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, sa terre natale. Elle commence le chant choral au sein de la troupe « Caribbean Children’ Choir ». Très vite, ses muses deviennent Sarah Vaughan et Ella Fitzgerald et son identité artistique se forge autour du jazz et du blues, mais avec le côté easy soul décontracté et sensuel de Erykah Badu.

A 18 ans, elle part pour l’Hexagone avec une première escale à Lyon où elle poursuit des études de langues étrangères. Tout en s’adonnant à sa passion pour la musique, elle décroche un DESS de traduction. Arrivée à Paris, elle collabore sur scène et en studio avec des artistes antillais de renom comme Tony Chasseur, Mario Canonge, Frantz Laurac ou Patrice Hulmen.

 Un premier album empreint d’influences plurielles

En 2012, elle sort son premier album au titre générique de « Fann Kann » réalisé avec des musiciens tels Thierry Vaton, Olivier Jean-Alphonse, Jérôme Castry ou Amen Viana. Une réalisation empreinte de diverses sonorités où le jazz et la biguine occupent une bonne place, mais également mâtinée de zouk et de Gwo ka, sans oublier une teinte de rock et d’électro. Bref, un album fait d’influences plurielles et métissé, à l’image de Florence Naprix, qui se veut enraciné dans sa Guadeloupe natale, mais également ouverte au monde.

Florence Naprix 2

C’est cette musique que Florence Naprix s’efforce de promouvoir et vers laquelle elle essaie de nous entraîner à travers sa dernière pièce musicale où sa voix s’entremêle avec celle de son inspiratrice dans un dialogue où il est difficile de distinguer le passé ou le présent. Un univers à la fois fantasmagorique et ancré dans l’histoire et le réel.

Après un rodage sur la scène de l’Artchipel, en Guadeloupe, « Dans la peau de Mano » sera présenté à Paris, au Bal Blomet, lieu chargé d’histoires s’il en est, le 22 novembre prochain dans une mise en scène d’Alain Verspan et sous la direction musicale de Stéphane Castry. L’occasion de découvrir pour certains ou de redécouvrir pour d’autres deux artistes talentueuses pour le prix d’une.

E.B.