Saint Pierre Chanel, de Wallis et Futuna à Paris

Saint Pierre Chanel, de Wallis et Futuna à Paris

©MCP / Outremers360

Il faisait un temps radieux, ce dimanche, quand la communauté wallisienne et futunienne de Paris a investi l’Eglise de l’Immaculée Conception pour les 175 ans du martyr de Saint Pierre Chanel, Saint Patron de l’Océanie. Une commémoration sous le signe du recueil et du partage, qui a résonné de Wallis et Futuna jusqu’à Paris.

Dans l’archipel de Wallis et Futuna, les festivités ont débuté dès le 28 avril, date du martyr de Saint Pierre Chanel qui a eu lieu 175 ans auparavant. De son côté, la communauté wallisienne et futunienne de Paris s’est réunie à l’Eglise de l’Immaculée Conception où une messe exceptionnelle a été donnée, dimanche matin, en l’honneur du Saint Patron de l’Océanie. Le temps d’une matinée, cette église du 12ème arrondissement s’est transformée en un ilot baigné de chaleur et de fleurs de jasmin. Les chants religieux en langue wallisienne et futunienne ont résonné dans la bâtisse, accompagnés de ukulele, pahu (percussions) et autres guitares. Un contraste saisissant pour les fidèles du quartier, habitués aux chants latins ou grégoriens. La petite communauté s’est ensuite réunie autour d’un banquet, invitant tous les fidèles présents à y participer. L’occasion pour elle d’afficher sa solidarité, sa culture, son identité et partager le tout avec des convives nombreux et ravis d’être transportés, le temps d’un après-midi, au beau milieu du Pacifique.

Un peu d’Histoire. Pierre-Louis-Marie Chanel est né le 12 juillet 1803 dans l’Ain, plus précisément dans la commune de Montrevel-en-Bresse. Il devient prêtre en 1827 et intègre en 1831, la Société de Marie. En 1836, le Pape Grégoire XVI charge celle-ci de l’évangélisation de l’Océanie et Pierre Chanel se porte alors volontaire. « Il est parti du Havre avec une équipe de missionnaires », nous explique Soane Malivao, prêtre wallisien à Paris. Le périple durera un an pendant lequel il passera également par les îles Gambier en Polynésie -pas encore française à l’époque-. « Ils arrivent à Futuna le 9 novembre 1837 » poursuit Soane Malivao, « avec le contexte suivant: par rapport au roi, ils vont apprendre la langue et par derrière faire leur mission d’évangélisation ». Mais les choses ne se passèrent pas comme prévu.

« Il a passé 4 ans à Futuna. Les deux premières années, il a été très bien accueilli par le roi Nuiliki, avec simplicité (…) ». Mais au fil du temps, « leurs relations diplomatiques dégringolent. La thèse retenue c’est que Pierre Chanel, qui comprend bien la langue, les us et coutumes, intensifie l’évangélisation: plusieurs jeunes vont alors le suivre, dont le fils du roi et le pouvoir temporel de Nuiliki est menacé. Il laisse donc faire les projets malveillants contre le père Chanel ». Le gendre du roi, Musumusu, est alors chargé de piller le domicile du religieux qui sera assassiné le 28 avril 1841. Ironie du sort, l’île se convertira tout de même, les détracteurs de Pierre Chanel en premier. Elevé au rang de martyr, Saint Pierre Chanel est aujourd’hui reconnu comme le Saint Patron de l’Océanie. Ses reliques se trouvent aujourd’hui dans la Basilique de Poi. Chaque année, des centaines de pèlerins du Pacifique font le voyage jusqu’à Futuna pour rendre hommage au premier martyr de l’Océanie et l’archipel ne cache pas son ambition de devenir un lieu de pèlerinage important dans le Pacifique.