Portrait de la Madeleine – Jean-Marc Ayrault, Président de la Fondation pour la Mémoire pour l’esclavage: « Montrer à l’international que la France regarde son Histoire en face»

Portrait de la Madeleine – Jean-Marc Ayrault, Président de la Fondation pour la Mémoire pour l’esclavage: « Montrer à l’international que la France regarde son Histoire en face»

© Outremers 360

Quatre mois après sa création, la Fondation pour la mémoire de l’Esclavage a choisi la date du 4 février (date de la première abolition de l’esclavage en France en 1794) pour lancer son premier événement grand public au Musée du Louvre en début de cette semaine. Retour sur cet évènement.

Sous la musicalité des ka de la Compagnie Difé Kako, la Fondation pour la Mémoire de l’esclavage présidée par Jean-Marc Ayrault a commémoré l’anniversaire première abolition de l’esclavage ce 4 février 2020. Pour marquer ce temps fort, la Fondation pour la Mémoire de l’esclavage a édité en timbre le Portrait de la Madeleine, une esclave guadeloupéenne peinte par l’artiste Marie Guillemine Benoist (1768-1826). « Ce timbre est un acte fort car il va être utilisé pour les correspondances internationales. Il adresse un message à l’Humanité, à l’international que la France regarde son histoire en face, elle assume et qu’elle veut en faire une force ».

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Outre l’importance de la date du 4 février pour lancer ce timbre, le choix du portrait de la Madeleine possède une symbolique tout aussi forte. « Le portrait veut dire beaucoup, c’est une création artistique réalisée en 1800, soit 6 ans après la première abolition par la Révolution française. Ce qui est intéressant dans le portrait de Madeleine, lorsqu’il est peint, nous sommes dans le contexte de l’esclavage qui est très puissant et ce portrait n’a pas de nom. Ce portrait d’une négresse deviendra plus tard le portrait d’une femme noire. Il faut attendre le 21ème siècle pour qu’on lui donne son vrai nom. Ce que nous avons voulu passer comme message , c’est redonner la dignité aux personnes qui ont été mises en esclavage et qui l’ont jamais accepté et se sont révoltés depuis le premier. Ce n’est pas un portrait juste comme çà, il a une histoire» a souligné Jean-Marc Ayrault.

L’histoire de cette esclave noire dans ce tableau sera retracée par l’historienne Anne Lafont dans son ouvrage Une Africaine au Louvre en 1800, la Place du modèle.« On sait peu de choses sur Madeleine. On sait qu’elle est née à la Guadeloupe, c’est une esclave affranchie, employée comme domestique pour le compte du couple de colons guadeloupéens Benoist-Cavay, dont la peintre Marie-Guillemine Benoist est la belle-soeur. C’est au cours d’un rapide séjour du couple en hexagone à la fin du XVIIIe siècle que la peintre entreprend la réalisation du portrait de Madeleine».

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Ce timbre du Portrait de la Madeleine correspond à la philosophie de la Fondation, celle de faire dialoguer l’Histoire, la culture et la citoyenneté tout en sensibilisant la jeunesse. «Le but de la Fondation est que cette histoire ne soit plus méconnue. La diversité française, la diversité des origines, la diversité des couleurs de peau que l’on sait ultramarin, que l’on soit de l’Hexagone, que l’on soit de l’ Afrique fait partie de la France qu’elle est aujourd’hui, faut-il encore comprendre les clés de cette diversité non pas pour diviser ou exacerber les communautarismes mais pour construire une France qui respecte ses diversités» a ajouté Jean-Marc Ayrault.