« La voix de Madeleine », le premier évènement public de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage

« La voix de Madeleine », le premier évènement public de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage

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En partenariat avec le Musée du Louvre et le groupe La Poste, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, présidée par Jean-Marc Ayrault, organise son premier évènement public « La voix de Madeleine » à l’auditorium du Musée du Louvre le mardi 4 février 2020, date anniversaire de la première abolition de l’esclavage. Un temps fort pour illustrer la démarche de la Fondation pour faire connaître l’histoire de l’esclavage et en comprendre les héritages. Détails

7 000 saisines au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) à la suite des propos de l’écrivaine Christine Angot dans l’émission « On n’est pas couché » sur France 2 en juin 2019 qui faisait une comparaison hasardeuse entre l’esclavage et la Shoah. Une concurrence mémorielle pour le moins incongrue. Un record en 2019 s’agissant des plaintes reçues par le gendarme du paysage audiovisuel français.

C’est dire que la question liée à l’esclavage et la traite négrière reste éruptive et continue de susciter controverses et passions. Mais cette effervescence est surtout révélatrice de la méconnaissance pour ne pas dire l’ignorance de certains leaders d’opinion de l’histoire de l’esclavage dans l’Hexagone, d’où la nécessité d’un travail éducatif et pédagogique sur ce pan de l’histoire française pas toujours assumée par les autorités politiques.

Un budget de 2 millions d’euros

« Aider à la compréhension de l’histoire mondiale française issue de quatre siècles de relations avec l’Afrique, les Amériques, les Caraïbes et l’Océan Indien et ainsi participer à la cohésion nationale en montrant que la résistance à l’oppression et le combat pour l’abolition ont façonné les valeurs de la France», c’est dans cette démarche que s’inscrit la Fondation pour la mémoire de l’esclavage bâtie sur les cendres du feu Comité pour la mémoire et histoire de l’esclavage (CPMHE), lui même créé dans la foulée de la loi Taubira qui reconnaît l’esclavage et la traite comme des crimes contre l’humanité.

Présidée par Jean-Marc Ayrault, l’ancien Premier ministre du premier gouvernement formé sous l’ère Hollande, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, institution autonome fonctionnant avec des fonds publics (Etat, collectivités territoriales) et privés (institutions publiques et privées, personnes privées) dispose d’un budget annuel de plus de 2 millions d’euros et aura bientôt pour siège social le prestigieux Musée de la Marine. Par comparaison, le CPMHE était doté d’un budget de 30 000 euros avec la prise en charge d’une secrétaire.

Autant dire que cette Fondation dirigée par Dominique Taffin, conservatrice générale du patrimoine et ancienne directrice des archives de la Martinique, commence à avoir les moyens de ses ambitions. Un changement d’échelle qui lui permet d’envisager de nouvelles actions en faveur notamment de la jeunesse vers laquelle elle veut porter une attention particulière.

Faire connaître l’histoire de l’esclavage par le prisme de la culture

Pour ce faire, s’appuyant sur un conseil scientifique pluridisciplinaire à vocation internationale, dont la mise en place officielle est prévue le 14 février prochain, la Fondation proposera des contenus pédagogiques associant histoire, culture et citoyenneté diffusés auprès du grand public et en direction de la jeunesse.

Elle est prête à soutenir les initiatives de la société civile et notamment les associations et les territoires en labellisant certains évènements culturels. Elle se propose également d’accompagner les établissements scolaires, les institutions culturelles et patrimoniales, les médias et les créations qui souhaitent évoquer cette histoire et en valoriser les héritages. Bref, elle compte y associer tous les acteurs afin de transmettre et de faire connaître cette histoire par le prisme surtout de la culture, vecteur naturel en direction notamment de la jeunesse.

Dans ce cadre, la Fondation organise le mardi 4 février prochain, date anniversaire de la première abolition de l’esclavage, son premier évènement public avec la « Voix de Madeleine », en partenariat avec le Musée du Louvre et le Groupe La Poste. A cette occasion, un timbre représentant « Marie Guillemine 1768-1826 » et son portrait présumé sera lancé. Ce tableau iconique de la peinture française et de la représentation des personnes noires en Europe en présence d’un public jeune et de professionnels de la culture symbolisera cette démarche de la Fondation consistant à faire connaître l’histoire de l’esclavage et en comprendre les héritages par la culture.

Au cours de cette journée, l’historienne de l’art, Anne Lafont, auteure « d’une africaine au Louvre en 1800, la place du modèle » évoquera l’histoire de cette femme noire après l’abolition. C’est ensuite l’écrivaine Léonora Miano qui proposera un texte inédit « vie secrète de Madeleine », spécialement écrit pour cet évènement. Texte que la comédienne Dany Bomou se plaira à magnifier et à mettre en perspective, tandis que les tambours Ka de la Compagnie Difè Kako résonneront pour saluer la mémoire de Madeleine venue de Guadeloupe.

L’après-midi sera consacré au lancement officiel du réseau « Patrimoines déchaînés » initié en mai 2019 au Musée d’Orsay et qui rassemble déjà plusieurs dizaines d’institutions culturelles et patrimoniales de toute la France. Dix-neuf ans après la loi Taubira, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage entend marquer une nouvelle étape dans la reconnaissance de cette histoire. Il était temps.

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E.B