Sur l’île de Raiatea, appelée aussi « île Sacrée », il y a le Marae de Taputapuatea, un des innombrables temples polynésiens, témoins indéfectibles de la Grande conquête Polynésienne et de sa civilisation. Le Marae de Taputapuatea joue un rôle particulier, il est le centre de cette civilisation et fait l’objet d’une inscription au Patrimoine mondial de l’Humanité.
C’est un lieu mystique, empli d’une atmosphère particulière, comme figée depuis des siècles. La journée, le Marae de Taputapuatea offre à ses visiteurs l’architecture typique des temples polynésiens, ces lieux où se déroulaient les grands évènements religieux et politiques de la grande Polynésie ancestrale, dans un cadre paradisiaque, au bord d’un lagon turquoise et ouvert par une passe. Le soir, on dit que les esprits du grand Marae se réveillent, qu’ils errent silencieusement sur les pierres sacrées et vengent celles qui furent victimes de l’homme moderne. Les Marae avaient une place prépondérante dans la Polynésie ancestrale, des lieux de culte que seuls les rois et les prêtres avaient le droit de fouler. Reconnu comme étant le plus important et vaste de la Polynésie, le Marae de Taputapuatea est situé sur l’île de Raiatea, elle-même située à 210 km au Nord-ouest de Tahiti, dans l’archipel de la Société et le sous-ensemble des Raromata’i ou « Îles Sous le Vent ». Appelée aussi « île Sacrée », Raiatea serait le berceau de la civilisation polynésienne, le point de départ de la conquête et l’ancien centre culturel, politique, religieux et spirituel de la grande Polynésie, comprenant les îles Samoa, les îles Cook, les îles Tonga, Niue, Tuvalu, la partie orientale des Kiribati, Wallis-et-Futuna, la Polynésie française, l’île de Pâques, la Nouvelle-Zélande et Hawaï. Le Marae Taputapuatea était plus particulièrement dédié au dieu polynésien de la guerre ; Oro.
Depuis 2005, la Polynésie française a entrepris la démarche d’inscrire le site de Taputapuatea au Patrimoine mondial de l’Humanité géré par l’Unesco. Lundi, le dossier a été remis par la Polynésie française au Ministère de la Culture à Paris. Ce dernier doit ensuite le déposer à l’Ambassadeur de France à l’Unesco, avant le 30 janvier. Une longue période d’instruction débutera alors. Le territoire d’Outre-mer espère une inscription définitive au mois de juin ou juillet 2017. A cette date, le Marae de Taputapuatea sera officiellement reconnu comme « berceau de la civilisation océanienne » sur la scène internationale. Un tremplin culturel, historique mais aussi économique. Déjà, l’île de Raiatea et ses communes pensent au développement touristique et aux infrastructures nécessaires pour accueillir les potentiels visiteurs, attirés par une telle reconnaissance. À Raiatea, le seul hôtel, Hawaiki Nui, a fermé ses portes il y a quelques années. Les touristes ont cependant le choix avec les pensions de familles, une spécificité bien locale dont les mérites furent vantés par Georges Pau-Langevin, Ministre des Outre-mer. Mais à proximité du Marae, peu d’offre. La commune de Taputapuatea manque d’hébergement, tout comme celle de Opoa, située à la frontière du Marae.
Tout est mis en oeuvre pour accueillir l’inscription dans de bonnes conditions. Le conseil municipal de Taputapuatea a déjà sollicité les services du Pays et de l’Etat pour des projets d’aménagements. Un calendrier précis est établi. Thomas Moutame, maire de la commune de Taputapuatea se veut rassurant, « le site du Marae va se voir doté d’un centre d’hébergement ». Les travaux commenceront en 2017 pour une livraison en 2019. D’autres projets sont en cours ; une mairie annexe à Opoa, une salle polyvalente avec médiathèque, une salle de conférence et une salle de sport. Le cahier des charges architecturales veut respecter l’environnement et la spécificité du Marae et est en cours de réalisation. Il donnera lieu à un concours. Le Marae de Taputapuatea n’est pas le seul site polynésien briguant une inscription au Patrimoine mondial de l’Humanité. Plus au nord, les îles Marquises veulent également figurer sur la prestigieuse liste. Là aussi, le dossier avance, lentement mais sûrement. Lorsque les deux dossiers aboutiront, ils seront les premiers sites polynésiens à être inscrits au Patrimoine mondial de l’Humanité. Dans tous l’Outre-mer, seuls les lagons de Nouvelle-Calédonie et les Pitons, cirques et remparts de l’île de La Réunion sont inscrits au Patrimoine mondial de l’Humanité. La Martinique prépare aussi l’inscription de ses aires volcaniques et forestières.