Elle débute officiellement aujourd’hui, et durera jusqu’au 24 juillet 2016. L’exposition « Mata Hoata, arts et société aux îles Marquises », au Musée du Quai Branly, rassemble 400 pièces dont beaucoup sont inédites et devient ainsi, la plus importante exposition sur l’archipel situé au Nord de la Polynésie française.
Ce lundi soir, le son des pahu (tambours marquisiens) a fait trembler les murs du Musée du Quai Branly. Des Mave Mai (chants de bienvenu), accompagnés de danses de l’oiseau et du cochon ont transformé le Quai Branly en une oasis tropicale, au coeur de la capitale qui a du mal à se défaire du froid hivernal. C’est donc un bout de printemps, une torpeur pacifique apportée par une délégation des îles Marquises venus partager leur culture, leurs traditions, leur identité, qui va envahir le Musée du Quai Branly jusqu’au 24 juillet. Présent pour l’inauguration officielle de l’exposition aux côtés de Georges Pau Langevin, ministre des Outre-mer, Heremoana Maamaatuaiahutapu, ministre polynésien de la Culture, confie, « c’est la deuxième exposition relative à un archipel de la Polynésie française au Musée du Quai Branly. Celle-ci revêt tout de même un caractère particulier ; c’est une grosse exposition et un cheminement particulier car elle sort des sentiers battus ». En effet, tout a été pensé pour que les visiteurs voyagent à travers l’Histoire des îles Marquises, « elle commence par la période d’avant les contacts puis se termine avec la période actuelle. C’est un concept intéressant et une belle exposition. Il y a de quoi se réjouir du contenu et de l’écrin ».
Des objets exposés « pour la toute première fois »
Pour Tamarii Edgar, sculpteur sur l’île de Nuku Hiva, être exposé au Musée du Quai Branly est une joie. « C’est la première fois que je viens au Quai Branly et que je peux voir les pièces exposées au Musée. C’est une fierté ! Dernièrement, je suis venu avec ma soeur mais on est resté à l’extérieur, mais cette fois-ci, j’y suis et je vais tout visiter ». Tamarii Edgar est un de ces artistes et artisans qui ont la chance de voir leurs créations exposées au centre névralgique des cultures du monde. Présent également pour l’inauguration officielle, Pascal Erhel Hatu’uku, directeur de la fédération Culturelle et Environnementale des îles Marquises « Motu Haka » et chef de projet Marquises UNESCO, partage ce même sentiment de joie, « c’est une fierté de partager notre patrimoine culturel avec Paris, mais aussi avec la France et tous les visiteurs qui viendraient à cette exposition ». Il poursuit, « c’est une exposition importante à plusieurs niveaux. Que ce soit au niveau quantitatif car c’est la première fois que nous avons autant de pièces exposées ; 400 dont des écrits aussi, répartis sur 2000 m2. Sachant que la dernière exposition privée que nous avons fait au Metropolitan Museum of New York rassemblait 60 objets. (…) Et qualitativement car nous avons aussi des objets qui sont montrés pour la toute première fois. On redécouvre une partie de ce patrimoine, c’est un grand bonheur ! ».
En plus d’une exposition, un symposium gratuit et ouvert au public se tient aujourd’hui et demain, toujours au Musée. Pascal Erhel explique la démarche, « nous sommes venus avec un groupe de 36 marquisiens : des musiciens, danseurs, sculpteurs, tatoueurs, académiciens,… Il s’agit pour eux de rencontrer d’autres personnes qui travaillent sur des structures muséales ou sur du patrimoine culturel, et qu’on puisse répondre à certaines questions ; comment, nous marquisiens, on peut avoir accès aux bases de données de certaines structures muséales ? Comment pourrait-on mettre en place des structures style musée dans l’archipel ? Comment peut-on améliorer la transmission de nos savoir-faire ? Et tous ces échanges et partages pendant le symposium, demain et après demain, nous permettra de présenter ce que nous avons aux Marquises et eux ce qui se fait ailleurs ». Privilégié, le public aura la chance d’approcher de près des objets parfois jamais exposés et qui ont appartenu au passé, ce qui suscite l’émotion chez Pascal, « il y a des objet qui sont des reliques, ils ont appartenu à des être vivants et c’est incroyable ! Je me sens connecté à mes ancêtres : barbe de vieillards, des cheveux, des os… on parle de vivant, de quelque chose qui a été vivant ! Cette exposition est empreinte d’émotion ».
Un pas vers l’UNESCO
Les îles Marquises, Henua Enana en marquisien (Terre des Hommes), préparent également leur candidature au Patrimoine mondial de l’Humanité de l’UNESCO. « Des démarches ont été entreprises à la fois auprès du Ministère de la Culture et celui de l’Ecologie », explique le ministre de la Culture. Pour l’heure, « nous sommes dans la rédaction du rapport préliminaire, attendu depuis 2 ans et nous allons faire ce travail avec les services du Pays pour définir la candidature et la lancer ». Un première mission d’experts a permis de faire « un certain nombre de recommandations qu’il faudra prendre en compte dans la rédaction du rapport préliminaire ». Une seconde aura lieu en fin d’année, « afin de nous aider à mieux définir le périmètre du dossier de candidature ». Confiant, le ministre compte bien s’appuyer sur l’autre candidature polynésienne à l’UNESCO ; celle du Marae de Taputapuatea. « Je pense que l’expérience que l’on a du dossier de Taputapuatea va nous servir dans le dossier, plus complexe, des îles Marquises ». Le dossier de candidature du Marae de Taputapuatea « a été déclaré recevable la semaine dernière par l’UNESCO », une excellente nouvelle pour la Polynésie française qui pourra ainsi inscrire ses deux premiers sites culturels et naturels au Patrimoine mondial de l’Humanité.
En attendant, le Musée du Quai Branly vous invite à un voyage à travers le temps et les océans, à une rencontre inédite avec ces îles abruptes du bout du monde et avec ce peuple polynésien à la fierté bien particulière. Jusqu’au 24 juillet 2016, Paris et le Musée du Quai Branly vivront à l’heure des îles Marquises.