Jeunesse ultramarine : Adiaratou, présidente de l’Adeas, “Notre slogan c’est Transmettre la mémoire pour construire l’avenir” – EXCLU

Jeunesse ultramarine : Adiaratou, présidente de l’Adeas, “Notre slogan c’est Transmettre la mémoire pour construire l’avenir” – EXCLU

L’association des étudiants africains de la Sorbonne, également appelée Adeas, organise des événements tout au long de l’année. Outremers 360 a rencontré Adiaratou, la présidente de l’association.

La remise du Prix Césaire de la langue française ou le festival du cinéma africain sont le genre d’événements organisés par l’association des étudiants africains de la Sorbonne. Une association ouverte sur le monde, qui s’est créée à l’origine dans un souci d’entraide mais aussi dans “une volonté de recréer l’esprit panafricain”. Adiaratou, présidente de lAdeas, explique que l’association organise de nombreux événements au cours de l’année où une grande place est laissée au débat et à la discussion. Le slogan en dit long : “Transmettre la mémoire pour construire l’avenir” ou comment “créer un pont entre le passé et le futur”, précise la jeune femme. En trois questions, Adiaratou dresse le portrait de cette belle association au message fort.  

Pouvez-vous nous parler de la création de l’Adeas ?  

L’association Adeas a été créée en 2002, donc il y a maintenant 13 ans. Elle a été créée par des étudiants africains qui sont venus poursuivre leurs études à Paris et qui ont fait face à des difficultés. D’abord, des difficultés d’ordre administratif puis à la difficulté de se retrouver dans un environnement qui n’est pas le leur, et de se retrouver un peu isolé. C’était d’abord l’idée de s’entraider et de se retrouver. Puis, c’était également une volonté de recréer un esprit panafricain donc tous les membres sont des Afro-descendants de diverses origines. Certains viennent du continent, d’autres des Antilles, d’autres viennent de la diaspora et sont nés ici comme c’est mon cas. Le vecteur de notre association est ensuite devenu culturel et historique. On essaie de faire en sorte que tous les événements que l’on traite touchent à l’Histoire et aux cultures des Afro-descendants au sens large, tout en essayant de faire coller cela à l’actualité. D’où notre slogan : “Transmettre la mémoire pour construire l’avenir”, créer un pont entre le passé et le futur.

Quel visage a votre association ?  

Nous sommes une association étudiante mais nous avons des sympathisants qui ne sont pas ou plus étudiants et qui nous aident comme ils le peuvent. Tous les étudiants viennent d’horizons assez variés, il y a des littéraires, des historiens, certains étudient la finance, d’autres la philosophie africaine, d’autres qui sont journalistes. Ce qui nous réunit, c’est l’intérêt pour le continent africain et l’histoire. Depuis deux ans, on fait en moyenne un événement par mois. Nous organisons des conférences, des projections toujours suivies de discussions car ce qui est important pour nous, c’est de laisser la place aussi au public, leur permettre d’échanger, ce qu’on ne voit pas assez en général dans les conférences. On entend les gens parler pendant deux ou trois heures, et puis finalement il n’y a pas de place pour ceux qui ne comprennent pas ou qui souhaitent partager leurs connaissances ou découvrir des choses. C’est super important pour nous. Les gens qui assistent à nos événements sont de tous âges, de toutes origines et dans la vie active ou pas.

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L’association ADEAS, conçue pour créer un lien d’entraide entre les étudiants, a su s’imposer comme un espace culturel et historique en 13 ans d’existence (© ADEAS)

Quels sont vos événements ?

On a trois événements phares. La remise du prix Césaire de la langue française d’abord. Cette année, c’est la sixième édition. L’idée était de faire connaître Aimé Césaire et d’autres auteurs de la Négritude. Aimé Césaire est un peu plus connu, on l’enseigne à l’école et on utilise son nom pour mettre en avant les gens qui sont plus dans l’ombre et qui ont contribué tout autant à ce mouvement de près ou de loin comme Paulette Nardal. C’est aussi l’occasion de rencontrer des potentiels candidats, si j’ose dire, à l’université. Des jeunes qui pensent que c’est quelque chose d’inaccessible et c’est aussi l’occasion de réunir différents univers. On mélange les intellectuels, les artistes et les universitaires. C’est important pour nous de montrer que tel sujet ne touche pas que des “cerveaux” mais qui touche un public varié.

Il y a également le Festival du film africain Adeas dont la première édition a eu lieu en février dernier. C’est sur une semaine, c’est un festival où on essaie de montrer des classiques du cinéma africain, des cinéastes qui ont assez connus avec des jeunes réalisateurs issus de la diaspora comme Alice Diop. Chaque soir de la semaine, on diffuse un court et un long métrage avec des discussions à chaque fois, soit avec le réalisateur, un expert ou un comédien qui a participé au film. Cette première édition a plutôt bien fonctionné : on a eu entre 70 et 80 personnes chaque soir. Les médias ont suivi ça aussi. On espère continuer l’année prochaine et les années à venir. Enfin, le troisième événement c’est la commémoration de l’abolition de l’esclavage. C’était la deuxième fois qu’on le faisait cette année. Le thème était de raconter l’esclavage d’hier et le combattre aujourd’hui. Dans un premier temps, on a parlé de la façon dont des auteurs comme Aimé Césaire ont écrit sur l’esclavage sans l’avoir vraiment connu de façon directe. On a également parlé du cas de la Mauritanie où l’esclavage existe toujours. L’événement s’est divisé en deux parties : l’intervention du professeur Romuald Fonkoua, spécialiste puis la diffusion du documentaire sur la Mauritanie. On a terminé sur l’intervention d’étudiants militants qui ont échangé avec le public.

Le programme des événements de l’Adeas est disponible sur le site internet de l’association.