©Présidence de la Polynésie française
Le Comité du Patrimoine Ethnologique et Immatériel Français a décidé, lors de sa séance du 26 octobre, d’inclure le ‘Ori Tahiti (Danse tahitienne) à l’inventaire national du Patrimoine culturel immatériel. Il s’agit d’une première étape avant de prétendre figurer au Patrimoine immatériel de l’UNESCO.
« Avant de prétendre figurer au patrimoine mondial de l’UNESCO, il convenait d’inscrire le ‘Ori Tahiti au patrimoine national de la France, seule habilitée à présenter une candidature devant l’organisme mondial », explique la Présidence de la Polynésie française dans un communiqué. « Le service instructeur du Ministère national de la Culture a manifesté sa satisfaction devant un dossier remarquable par sa qualité, sa complétude et la rapidité avec laquelle il avait été instruit », se félicite l’exécutif polynésien. « Ainsi, le travail mené depuis plusieurs années par le conservatoire artistique de la Polynésie française en collaboration avec les professionnels de la danse en général et la Fédération Tahitienne de ’Ori Tahiti en particulier, au travers du répertoire des pas de danse tahitienne, constitue un élément majeur dans le dossier de candidature ».
A travers son inscription à l’inventaire national du Patrimoine culturel immatériel, le ‘Ori Tahiti peut désormais prétendre une inscription au Patrimoine immatériel de l’UNESCO. « En sa qualité d’État membre, la France a la possibilité, une fois tous les deux ans de présenter un bien immatériel en vue de son inscription. Le prochain examen d’un bien français est fixé pour 2019 », précise la Présidence polynésienne. Animant un atelier sur la danse tahitienne au Congrès de l’ACCDOM en Guadeloupe, Mareva Trafton, 4ème adjointe au maire de Papeete, a salué le travail effectué par le Ministère de la Culture en Polynésie. « C’est le premier pas avant d’arriver à l’UNESCO », ce que « nous espérons tous », a-t-elle confié.
Le ‘Ori Tahiti, « vecteur central » de la culture polynésienne
Pratiqué depuis des temps immémoriaux, le ’Ori Tahiti a été interdit lors de la période d’évangélisation qui a suivi les premiers contacts du peuple polynésien avec l’Occident. Cette pratique identitaire a survécu en connaissant, ces dernières années, un développement impressionnant. « Profondément ancrée dans l’âme polynésienne », la pratique du ‘Ori Tahiti est, avec la langue, un « vecteur central » de la culture polynésienne. « Composante essentielle des arts du spectacle, cette danse et son univers si riche participent pleinement à la vie sociale, et rappellent en permanence le lien intime entre le Polynésien et son environnement. Traduisant les émotions et les sentiments en correspondance avec la grande tradition orale de la civilisation polynésienne, le ‘Ori Tahiti est à la fois un lieu et un lien de reconnaissance pour le peuple polynésien », rappelle la Présidence de la Polynésie.
« Cette pratique connait depuis quelques années un développement fulgurant dans le monde », constatent les autorités polynésiennes. « Si ce développement est compréhensible dans les espaces polynésiens et océaniens, la danse traditionnelle tahitienne a gagné presque tous les continents comme l’Asie et le Japon notamment – plus de 500 000 pratiquants estimés dans dix ans -, mais aussi dans les Amériques, la Californie, l’Europe ». Témoignant « de la vivacité et de l’originalité » de la culture polynésienne, ce succès « ne doit pourtant pas sacrifier une pratique ancestrale sur l’autel de la mondialisation », prévient l’exécutif polynésien. « D’où le souhait et la démarche initiés par le gouvernement de la Polynésie française et le ministère de la culture : classifier le ‘Ori Tahiti en tant que patrimoine culturel immatériel afin de pérenniser son ancrage ».